Peut-on poursuivre «Israël» en justice pour l’assassinat de sayyed Nasrallah?

Par Omar Nachaba*
Personne ne compte plus sur une responsabilité judiciaire des «Israéliens» pour leurs crimes de guerre, de génocide et crimes contre l'humanité, car toutes les institutions internationales et les mécanismes judiciaires ont échoué à arrêter leurs crimes continus qui ont tué, jusqu'à présent, plus de 600 000 personnes à Gaza, dont la plupart sont des enfants et des femmes.
De plus, personne n'a sérieusement demandé de tenir les «Israéliens» judiciairement responsables pour le meurtre de milliers de Libanais et l'assassinat du secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, ainsi que de plusieurs dirigeants de la Résistance. Cependant, il pourrait être utile dans ce texte de présenter une lecture préliminaire de certains aspects juridiques liés au crime du 27 septembre 2024, qui a changé le visage du Liban et de la région, offensant des centaines de milliers de Libanais et de partisans de la Résistance à travers le monde, et ouvrant une plaie profonde qui ne pourra guérir qu'avec la réalisation de la justice, même après un certain temps.
L'ennemi «israélien» prétend que l'assassinat du secrétaire général du Hezbollah par une frappe aérienne sur la banlieue sud de Beyrouth le 27 septembre 2024 était un acte militaire légitime, car il visait un leader combattant pendant un conflit armé, et ne contrevenait pas au droit international humanitaire. Avec le même argument, les défenseurs des crimes de l'ennemi tentent de justifier l'assassinat d'autres dirigeants de la Résistance et de légitimer les attaques terroristes des Bipeurs qui ont précédé l'assassinat de sayyed Nasrallah de quelques jours.
Selon les conventions de Genève, ou ce que l'on appelle les lois de la guerre, il est permis de cibler des combattants ou des commandants militaires de haut niveau sur le champ de bataille dans certaines conditions. Cependant, le droit international considère l'assassinat d'un leader politique comme un crime d'exécution extrajudiciaire. L'assassinat de sayyed Nasrallah a eu lieu loin des fronts de combat.
L'ennemi «israélien» et ses partisans américains et européens soutiennent que sayyed Nasrallah était un combattant et non un leader politique, et que par conséquent, le fait de le cibler, en tant que chef de l'aile militaire du Hezbollah, en raison de sa participation directe aux attaques contre «Israël», notamment depuis le début de la guerre de soutien transfrontalière après le 7 octobre 2023, était légitime. Cependant, le droit international interdit les assassinats sournois et la privation arbitraire de la vie. La frappe aérienne «israélienne» a eu lieu dans un quartier civil densément peuplé de la banlieue sud de Beyrouth, entraînant la destruction complète de plusieurs bâtiments et causant d'énormes dégâts.
Ainsi, l'attaque qui a conduit à l'assassinat de sayyed Nasrallah constitue un crime de guerre en raison des pertes civiles et des dommages qui en ont résulté, indépendamment de l'objectif de l'attaque. De plus, l'utilisation de plus de 80 bombes lourdes, perforantes, pesant chacune environ une tonne d'explosifs, dans une zone civile, constitue une preuve de l'utilisation d'une force disproportionnée. Le principe de proportionnalité dans le droit international est l'un des principes fondamentaux qui obligent les parties au conflit à éviter la destruction totale et l'utilisation d'une force excessive, en particulier dans les zones résidentielles.
La diffusion par les «Israéliens» d'une vidéo du «Premier ministre» d'un «État» déjà poursuivi devant la Cour internationale de justice pour avoir commis un génocide, donnant des instructions pour larguer plus de 80 bombes lourdes sur la capitale d'un autre État, ternit la réputation des Nations Unies, sa crédibilité et sa fonction essentielle, ainsi que sa charte.
Les défenseurs de l'ennemi «israélien» pourraient prétendre que les règles juridiques régissant les droits de l'homme ne s'appliquent qu'en temps de paix, alors que l'assassinat de syayed Nasrallah a eu lieu au cours d'un conflit armé entre les «Israéliens» et le Hezbollah. Cependant, cela ne donne pas au régime «israélien» le droit de détruire des bâtiments résidentiels civils en utilisant plus de 80 tonnes d'explosifs. De plus, l'attaque militaire «israélienne» contre la banlieue de la capitale Beyrouth constitue une violation de la souveraineté d'un État membre des Nations Unies, et le gouvernement libanais a condamné à l'époque cette agression contre sa capitale, son territoire et son espace aérien.
Le «Premier ministre israélien», Benjamin Netanyahu, aurait donné l'ordre de lancer l'attaque du 27 septembre depuis le siège des Nations Unies à New York. L'ennemi «israélien» a diffusé une vidéo montrant Netanyahu dans le bâtiment, passant l'ordre par téléphone. Certes, le fait qu'un «Premier ministre» d'un État membre des Nations Unies donne des ordres militaires depuis le siège de l'ONU n'est pas illégal, mais donner des ordres pour cibler une zone résidentielle civile est légalement inacceptable, que ce soit depuis le siège des Nations Unies ou de tout autre endroit.
Théoriquement, plusieurs voies juridiques internationales et nationales peuvent être envisagées pour poursuivre «Israël» en justice en raison de l'attaque du 27 septembre 2024, mais toutes ces voies sont soumises à des contraintes politiques. Par exemple, une plainte pourrait être déposée auprès de la Cour pénale internationale, bien que le Liban ne soit pas signataire du Statut de Rome. Cependant, le principal obstacle est que l'entité «israélienne» ne reconnaît pas la compétence de cette cour et ne coopérera pas avec elle, ni ne lui permettra d'effectuer des enquêtes sur des «Israéliens», surtout après l'émission de mandats d'arrêt contre Netanyahu et son ancien «ministre de la Guerre», Yoav Gallant, en raison des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité que Netanyahu continue de commettre.
L'incapacité internationale à tenir les «Israéliens» responsables de leurs crimes à Gaza et au Liban ne révèle pas seulement l'effondrement complet du système de justice internationale, mais elle encourage également «Israël» à étendre ses crimes, qui ne se limitent plus à la Palestine, au Liban, au Yémen, en Syrie et en Iran, mais ont récemment atteint un des États du Conseil de coopération du Golfe. Les assassinats pourraient ne pas s'arrêter, après avoir ciblé des dirigeants palestiniens, libanais, iraniens et yéménites ; ils pourraient se diriger vers l'élimination de toute personnalité internationale qui s'oppose à elle et à ses projets expansionnistes criminels.
*Article paru dans le quotidien libanais al-Akhbar, traduit par l'équipe du site
Comments
