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Liban: La Résistance, un levier national face à la reconfiguration de la région

Liban: La Résistance, un levier national face à la reconfiguration de la région
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Par Ali Haidar *

Dans le contexte libanais et régional actuel, la Résistance ne peut pas être considérée comme un phénomène temporaire, mais comme un produit historique et cognitif de l'équilibre des forces dans le Levant arabe. Elle est l'un des outils les plus importants de l'existence politique et défensive face à un projet «israélo»-américain continu, qui vise à reconfigurer la région et à la soumettre.

La promotion de l'idée de la fin de la fonction de la Résistance nécessite de détourner l'attention de la menace sioniste et de la nier, tout en ignorant les équilibres de puissance dominants dans la région, qui permettent à «Israël» d'agir avec davantage d'audace dans son comportement expansionniste et agressif.
Dans cette perspective, des déclarations telles que «le fardeau de l'armement» ou «l'effondrement de la dissuasion» ne sont rien d'autre qu'un investissement propagandiste et politique dangereux à un tournant décisif que traversent le Liban et la région. Elles ne reposent ni sur la prise en compte des intérêts nationaux, ni sur une lecture réaliste des équilibres, ni sur

l'environnement sécuritaire existant.
La fonction de dissuasion que la Résistance a construite n'a jamais été une condition absolue ou une garantie pour l'éternité. Elle est en réalité un processus dynamique et évolutif, influencé par les rapports de force et les transformations technologiques, politiques et stratégiques. La dissuasion ne se mesure pas par une équation nulle, mais par des ratios et des interactions, répartis sur plusieurs niveaux : dissuasion contre le déclenchement de la guerre, et dissuasion pendant la guerre, c'est-à-dire une dissuasion opérationnelle qui influence les choix de l'ennemi.

À travers l'histoire, aucun mouvement de résistance n'a réussi à transformer la dissuasion en une garantie permanente, ni à établir une équation similaire à celle produite par la Résistance au Liban entre 2006 et 2023. Cependant, les mouvements de résistance ont pu influencer les calculs de l'ennemi, augmenter le coût de l'occupation et rendre toute attaque une aventure coûteuse. En ce sens, la persistance de la menace réelle justifie le maintien des outils de dissuasion et de défense, car la fonction de dissuasion n'est pas un événement ponctuel, mais un processus cumulatif nécessitant une structure de puissance stable et liée à un contexte politique plus large.

Affirmer que le rôle de la Résistance est terminé n'est pas un jugement basé sur une évaluation stratégique, mais plutôt un reflet d'une volonté politique américaine et «israélienne» ancienne et continue depuis la guerre de 2006 et au-delà, visant à désarmer et à transformer le Liban en un espace dépourvu d'éléments de puissance. Il est à noter que tous les paris et plans adoptés depuis lors ont échoué, y compris lors de la dernière guerre qui visait à écraser la Résistance et à soumettre complètement le Liban à l'hégémonie «israélienne». La conséquence a été la persistance de la Résistance et de sa capacité à s’adapter aux changements.

Ainsi, ce que nous observons aujourd'hui n'est qu'une nouvelle phase du même projet, même si les circonstances sont différentes. Il est naturel que cette phase soit enveloppée d'un titre interne ou d'un discours libanais qui la justifie et tente de lui conférer une légitimité trompeuse.

Accuser la Résistance de la destruction qui a frappé le Liban est une inversion des faits qui n'est justifiée ni par un raisonnement politique ni par une logique morale. Toutes les expériences d'occupation à travers l'histoire ont engendré des catégories politiques et médiatiques qui promeuvent un discours similaire, exonérant l'agresseur et condamnant la victime. La destruction dans les guerres ne découle pas de la présence d'une résistance, mais de l'existence d'une agression ; la résistance, dans son essence, augmente le coût de cette agression et limite ses conséquences à long terme.

Par ailleurs, l'appel à isoler la Résistance de son environnement, en particulier de ce qui se passe en Palestine, en dehors de toute dimension éthique, morale et humaine, est une invitation dangereuse. Il suffit d'imaginer ce qui se serait passé si «Israël» avait réussi à éliminer la résistance palestinienne ou à anéantir les mouvements qui constituent la première ligne de défense du Liban : le pays serait alors totalement exposé au projet «israélien».

Concernant l'absence de réponse de la Résistance à cette phase face aux agressions de l'ennemi, cela ne résulte pas d'un manque de capacités matérielles ou militaires, mais d'une décision politique stratégique équilibrée qui prend en compte un ensemble de considérations actuelles. Cela permet à l'État libanais d'agir par le biais de ses outils diplomatiques pendant une période déterminée, en cohérence avec ses slogans concernant le rétablissement du pouvoir de décision en matière de guerre et de paix, et sa responsabilité de défendre le Liban.

De plus, les transformations dans la dissuasion ne signifient pas son effondrement, mais plutôt sa reconfiguration pour s'adapter à un environnement en évolution, ce qui nécessite patience, accumulation et investissement à long terme. Cette approche reflète peut-être un niveau supérieur de la pensée de la Résistance, qui opère dans un cadre plus large, allant de la réaction immédiate à la construction d'une équation de résilience perpétuelle.

Selon cette analyse, il est clair que la Résistance n'est pas un fardeau pour le Liban, mais l'un des piliers de son existence politique et sécuritaire. Elle n'est pas un luxe idéologique ni un substitut à l'État, mais un levier de puissance libanaise qui a émergé d'un vide souverain international et régional, et qui a réussi à établir une équation de dissuasion exceptionnelle depuis 2006 jusqu'à aujourd'hui.

Toute réforme ou développement dans sa structure vise à renforcer la capacité du Liban à se protéger, et non à l'affaiblir face à un projet qui, jusqu'à présent, représente toujours une menace directe pour le pays.
*Article paru dans le quotidien libanais al-Akhbar, traduit par l’équipe du site

 

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