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Le fantôme du 14-Mars fête son huitième anniversaire

Le fantôme du 14-Mars fête son huitième anniversaire
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Samer R. Zoughaib

A quoi sert encore la coalition du 14-Mars? C'est la question que se posent les analystes politiques mais aussi, sans doute, de nombreux Libanais qui se sont enthousiasmés au début pour ce mouvement qui n'est plus aujourd'hui qu'une coquille vide. Cela fait d'ailleurs longtemps que la vie a quitté cette coalition. Certains partis et personnalités refusent toutefois de prononcer le faire-part de décès, soit parce qu'ils espèrent luiLe fantôme du 14-Mars fête son huitième anniversaire imaginer encore un rôle, soit parce qu'ils en tirent un profit politique et médiatique, mais surtout financier. En effet, le secrétariat du 14-Mars est une structure bureaucratique qui emploie des militants à plein temps et s'offre les services d'"analystes" et de "journalistes" qui sont rémunérés sur une base régulière. Cette structure dispose d'un budget, d'un site Internet et de "commissions" chargées d'"étudier" des dossiers; des personnes en dépendent financièrement et d'autres en profitent. Fut un temps où le budget mensuel du secrétariat général avoisinait les 500000 dollars.
La courbe descendante du 14-Mars a commencé lorsqu'il a échoué à accomplir la mission qui lui était attribuée par les Américains et les Occidentaux et pour laquelle il a été créé: isoler la Résistance sur la scène interne en prévision de son désarmement; et mener une campagne contre la Syrie dans le cadre d'un plan visant à la déstabiliser.

Michel Aoun se repositionne

La coalition a reçu son premier coup sérieux lorsque le général Michel Aoun s'en est éloigné pour se rapprocher du Hezbollah. Privé de sa principale composante chrétienne, le 14-Mars est devenu comme un canard boiteux, qui a essayé de substituer au Courant patriotique libre (CPL) les Forces libanaises (FL) et les Kataëb. En dépit des moyens financiers, médiatiques et politiques colossaux mis à leur à disposition, ces deux formations n'ont jamais vraiment réussi à menacer la popularité du CPL et celle de son charismatique leader. La victoire de la Résistance dans la guerre de 2006 a constitué un choc pour cette coalition, qui pariait sur une défaite du Hezbollah pour modifier en sa faveur les rapports de force. 
Le fantôme du 14-Mars fête son huitième anniversaireL'autre coup sévère asséné au 14-Mars est le retrait, en été 2009, du chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, privant ainsi le mouvement de sa composante druze, les autres figures de cette communauté étant déjà membres du 8-Mars.
Malgré ces coups de butoirs, les débris du 14-Mars ont continué à se comporter comme si de rien n'était, brandissant les mêmes slogans -liberté, souveraineté, indépendance- et exploitant à fond le sang des martyrs.
Affaiblis politiquement, le 14-Mars a été contraint de former un gouvernement d'union nationale, en 2008, après avoir refusé une telle option un an auparavant.
Son utilisation par les Etats-Unis et l'Occident comme outil de pression interne contre la Résistance (affaire du Tribunal spécial pour le Liban, armes de la Résistance) a accéléré l'érosion de son influence politique, à un tel point qu'en janvier 2010, le 14-Mars n'était plus en mesure de se maintenir au pouvoir.
Cette déliquescence a poussé les derniers chefs du mouvement à abandonner les meetings en plein air, qui ne rassemblaient plus grand monde, pour la salle fermée du Biel, où il est plus facile de cacher la désaffection du public avec des jeux de lumières et d'immenses posters.

Pas de projet, pas de chef

L'exile volontaire et injustifié de l'ancien Premier ministre Saad Hariri, depuis près de deux ans n'a pas arrangé les choses. Après avoir été sans projet, le 14-Mars s'est retrouvé sans chef. Il meuble son temps en enchainant "documents" et "feuilles de route", qui n'apportent rien de nouveau.
Le coup de grâce est donné à l'occasion du débat sur la loi électorale. Refusant de soutenir ses alliés chrétiens dans leur choix du projet orthodoxe -alors que le Hezbollah et le Mouvement Amal ont appuyé sans réserve le CPL-, le Courant du futur se retrouve seul. Au lieu de limiter les dégâts, il lance une campagne de dénigrement et d'intimidation contre les FL et les Kataëb, allant jusqu'à les accuser d'être déloyaux. LaLe fantôme du 14-Mars fête son huitième anniversaire querelle sur la loi électorale aura été plus forte que tous les slogans et les objectifs communs, qui tournent autour de l'adversité avec la Résistance et l'animosité envers la Syrie.
Pour toutes ces raisons, le 14-Mars ressemblait à un fantôme à l'occasion de son huitième anniversaire, dimanche dernier, célébré sans les chefs et en présence d'un public d'invités qui a eu bien du mal à remplir toutes les chaises dans la salle du Biel.
Les discours prononcés par les 14 orateurs inconnus, représentant "les jeunes et la société civile", n'ont apporté rien de nouveau, à part des propos nostalgiques sur l'époque le patriarcat de Nasrallah Sfeir, une maladresse qui confirme que le divorce avec l'Eglise maronite est consommé.
Placée sous le thème "Le 14 Mars n’est pas une date, mais une idée", la commémoration ne fera certainement pas date et n'aura apporté aucune idée.

Source : moqawama.org

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