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Crainte américaine de l’effondrement du régime de Charaa à Damas ?

Crainte américaine de l’effondrement du régime de Charaa à Damas ?
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Par Jamal Wakim-AlAhed

L'effondrement du régime de Bachar Assad en décembre 2024 représente un tournant historique dans l'histoire moderne de la Syrie. Pendant plus d'une décennie, Assad a réussi à rester au pouvoir malgré la guerre internationale menée contre lui avec le soutien des États-Unis.

Néanmoins, plusieurs facteurs, notamment l'effondrement économique dû aux sanctions occidentales et la désintégration des structures de l'État en raison de la prolongation du conflit, ont conduit à un écroulement rapide et inattendu à la fin de 2024.

À la mi-2025, la Syrie se trouve dans une période de transition fragile, marquée par un vide de pouvoir, une multiplicité de centres de décision, et une absence claire de toute feuille de route future.

La plupart des analystes occidentaux s'accordent à dire que la chute d'Assad a levé un obstacle majeur au changement politique que l'Occident souhaitait voir se réaliser en sa faveur.

Cependant, la stabilité du nouveau régime reste très incertaine.

C'est ce facteur clé qui pousse les États-Unis à accélérer l'établissement d'une paix entre la Syrie et «Israël» d'une part, tout en exerçant des pressions pour désarmer la Résistance au Liban d'autre part.

Cela vise à assurer leur hégémonie au Moyen-Orient afin de renforcer leur influence face à la Chine et à la Russie dans la région du Sud-Caucase et en Asie centrale.

Début janvier 2025: Une autorité de transition à Damas

Au début de janvier 2025, une autorité de transition composée de technocrates de l'ancien régime, de personnalités d'opposition et de chefs tribaux a pris en charge la gestion de Damas, avec un soutien occidental. Toutefois, cette administration est restée limitée à la capitale, incapable d'imposer son autorité sur d'autres régions de la Syrie.

Les analystes occidentaux estiment que la Syrie est actuellement divisée en trois zones principales, qu'ils qualifient des «trois Syries».

La première Syrie, qui comprend l'ouest et le centre du pays, est sous la domination du gouvernement de transition à Damas. Cette zone englobe Damas, Homs et des parties d'Alep et de Hama. Cependant, l'emprise du gouvernement de transition sur ces régions est limitée et dépend fortement du soutien logistique et financier international, face à la domination des milices armées, qui étaient sous le commandement d'Abou Mohammed al-Joulani ou d'Ahmad al-Charaa dans les zones rurales, où elles agissent par le biais de meurtres et de pillages.

La situation dans le nord-est et le nord-ouest de la Syrie

La région du nord-est de la Syrie est toujours sous le contrôle de l'administration autonome dirigée par les Kurdes, principalement soutenus par les États-Unis. Cette zone est marquée par une forte tension entre les Kurdes d'une part et les tribus arabes de l'autre, en particulier dans les régions de Raqqa et Deir ez-Zor, où les Arabes se plaignent de la domination kurde sur les ressources de la région, riches en pétrole, qui constituaient le réservoir alimentaire de toute la Syrie.

Quant à la région du nord-ouest de la Syrie, elle est contrôlée par des factions étrangères soutenues par la Turquie, où les zones alaouites subissent des massacres systématiques de la part de ces groupes. De plus, la situation à Idlib et dans le nord d'Alep représente des zones de tension susceptibles d'exploser à tout moment.

Les centres de recherche occidentaux, tels que la Fondation «Rand» et le «Groupe international de crises», avertissent que la plus grande menace pour la stabilité de la Syrie post-Assad réside dans l'émergence d'un système milicien décentralisé dirigé par des forces locales en conflit entre elles.

Ces centres mettent également en garde contre la possibilité d'un «retour de l'influence iranienne» à travers des groupes armés alaouites qui pourraient se former pour défendre les villages et les villes alaouites victimes de crimes commis par les milices du nouveau régime. Ils alertent aussi sur des «factions soutenues par l'Iran» qui continuent de contrôler des corridors logistiques dans le sud de la Syrie et à la frontière avec l'Irak.

Cependant, les institutions occidentales estiment que le plus grand danger réside à l'intérieur des groupes soutenant le régime actuel, y compris d'anciens chefs de guerre qui contrôlent une grande partie du marché noir, notamment dans le secteur des matériaux de construction. Malgré les efforts occidentaux pour unifier ces chefs de guerre et les milices pro-régime dans une structure institutionnelle inspirée du modèle de la Bosnie après l'accord de Dayton, les résultats dans ce domaine sont presque vains.

Ce qui aggrave les perspectives d'instabilité, c'est que l'économie syrienne est en état d'effondrement quasi total. Malgré les promesses d'aide lors de la «Conférence de Genève pour la paix» en février 2025, le financement reste conditionné à des réformes politiques. La valeur de la Livre syrienne a pratiquement disparu, l'inflation a atteint des niveaux dévastateurs, et les salaires du secteur public sont suspendus dans la plupart des régions. Des institutions telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international estiment que la Syrie a besoin de plus de 350 milliards de dollars pour sa reconstruction, face à l'hésitation de la grande majorité des donateurs potentiels.

Tous ces faits approfondissent le risque de transformation de la Syrie en un État défaillant, dépendant en permanence de l'aide extérieure sans disposer d'une économie nationale durable.

Cela menace les projets américains visant à garantir la stabilité de la région du Moyen-Orient sous leur hégémonie, contribuant ainsi à l'érosion des réalisations stratégiques obtenues par Washington avec «Tel-Aviv» et Ankara, notamment l'effondrement du régime syrien dirigé par Bachar Assad.

Cela soulève également la possibilité que les Américains ne soient pas en mesure de mettre en œuvre leur agenda, ce qui permettrait à des forces adverses, notamment l'Iran, le Hezbollah et l’axe de la Résistance, de réhabiliter leur front en préparation d'une nouvelle confrontation avec les États-Unis et «Israël».

 

 

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