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Le plan de Hariri: détruire l’Armée libanaise

Le plan de Hariri: détruire l’Armée libanaise
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Par Samer R. Zoughaib

L'embarras et l'ambigüité qui caractérisent la réaction du 14-Mars à l'agression contre une patrouille de l'Armée libanaise à Ersal, vendredi 1er février, ne surprennent que ceux qui ne veulent rien voir, entendre ou comprendre.
Le massacre sauvage du commandant Pierre Bachaalany et de l'adjudant Khaled Zahramane, et les tortures infligées aux autres membres de la patrouille, sont le résultat logique de longs mois de bourrage de crâne et d'incitation à la haine et à la sédition. Et Le plan de Hariri: détruire l’Armée libanaisecette campagne n'a rien d'innocent ou de spontanée. Bien au contraire, elle est réfléchie et planifiée. Son objectif est d'affaiblir l'institution militaire afin qu'elle baisse son niveau de garde, abandonne sa vigilance et cède le terrain. Le vide sécuritaire serait alors rempli par la multitude de milices qui gravitent autour du Courant du futur, ou des dangereux groupes extrémistes qui ont poussé comme des champignons, et dont les Libanais ont découvert d'horribles spécimens à Tripoli, dans le Akkar ou à Ersal.
En réalité, il n'y a jamais eu de "chimie" entre l'armée et les principales composantes du 14-Mars. On connait tous l'histoire de la relation entre la troupe et les Forces libanaises de Samir Geagea, faite de sang, d'assassinats et de destructions. Le Courant du futur non plus ne tient pas dans son cœur cette institution, qu'il n'a pas réussi à contrôler où à placer sous sa coupe, pendant les deux décennies où il était au pouvoir au Liban.

Lutfallah 2, un tournant

Mais l'agacement ou l'irritation inspirée par l'armée à ces forces politiques s'est transformée en haine viscérale avec le début des troubles en Syrie. Cette armée, dernière institution transcommunautaire du pays, symbole de l'unité et garante de la paix civile, gêne ceux qui ont besoin du chaos pour se développer. Ses unités entravent -mais n'empêchent pas- le trafic d'armes et de combattants entre le Liban et la Syrie; ses services de renseignements surveillent les extrémistes et limitent leur marge de manœuvres.

Le processus de désacralisation et de diabolisation de l'armée -le même que celui utilisé contre la Résistance au Liban- s'est carrément transformé en campagne hystérique après l'affaire du Lutfallah 2. Ce navire, qui transportait pour 60 millions de dollars d'armes en provenance de Libye, avait été arraisonné par la marine libanaise début 2012. A ce moment là, un nouveau pas a été franchi, lorsque certains députés du Courant du futuLe plan de Hariri: détruire l’Armée libanaiser ont non seulement mis en doute la version de l'armée, mais ont aussi accusé son commandement d'être à la solde de la Syrie et de l'Iran, exigeant la démission de son chef, Jean Kahwaji.
Au fil des mois, la campagne est allée crescendo. Lors des différents rounds d'affrontements à Tripoli, les soldats qui s'interposaient entre les belligérants étaient sciemment pris pour cible, tandis que les politiciens du Moustaqbal se chargeaient du lynchage politique de la troupe. La sale besogne est confiée, essentiellement, à deux députés connus pour leurs positions sectaires et extrémistes: Khaled Daher et Mouïn Merhebi. Le premier n'a pas hésité, après l'incident de Koueikhat en mai 2012, lorsque le cheikh Ahmad Abdel Wahed a été tué à un barrage militaire, à appeler les soldats originaires du Liban-Nord à faire défection. Il a qualifié la troupe d'"armée d'occupation" et les services de renseignements de "chabbihas" (la force paramilitaire du régime syrien). Il a menacé de fonder une "Armée libanaise libre", à l'instar de l'Armée syrienne libre -ou, pour ceux qui ont la mémoire courte, de l'Armée du Liban Libre du collaborateur d'"Israël" Saad Haddad. Merhebi, lui, a accusé le général Kahwaji de "comploter contre la patrie", ce qui a poussé l'armée à réclamer la levée de son immunité parlementaire -ce qui ne s'est jamais produit. En appoint, les deux députés recevaient le soutien de leur collègue de Tripoli, Mohammad Kabbara.

Le double jeu du Moustaqbal

Lorsque ces trois pourfendeurs de l'institution poussent trop loin le bouchon, au risque de choquer l'opinion publique qui reste attachée à l'armée, le Courant du futur s'en démarque, soulignant que leurs propos n'expriment que leurs positions personnelles. Mais jamais aucune mesure n'a été prise contre les trois députés, qui continuent à assister normalement aux réunions du bloc parlementaire de Saad Hariri. Les Libanais sont rodés au jeu de la répartition des rôles et savent que Daher, Merhebi et Kabbara disent ce que Hariri croit mais ne peut pas dire tout haut, sans perdre de sa crédibilité.
Saper le moral de l'armée, défier son autorité, mettre en doute son patriotisme, mettre en doute toutes ses mesures, tels sont les outils utilisés par le Courant du futur pour rayer l'institution militaire de l'équation politico-sécuritaire interne. Ce parti pense que si l'armée rentre dans ses casernes, il aura alors les mains libres pour mettre la main sur le pays. Mais il oublie qu'une grande majorité de Libanais continuent de soutenir leur armée, qui reste, même aux yeux de leurs mentors occidentaux, un besoin pour maintenir la stabilité en cette période trouble. L'ambassadeur des Etats-Unis, Maura Connelly, n'a-t-elle pas salué après les incidents d'Ersal les efforts de l'armée dans "sa lutte contre les extrémistes"?
Encore un faux calcul politique du Courant du futur. Ce n'est pas le premier et ne sera sans doute pas le dernier.

Source : moqawama.org

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