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L’Egypte, entre le mauvais, le pire et celui qui est encore pire

L’Egypte, entre le mauvais, le pire et celui qui est encore pire
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 Akil Cheikh Hussein

Le mot «shar'iyya» (légitimité) est le plus récurrent dans les allocations de Morsi, et plus particulièrement dans son dernier discours où il a tenté d'anticiper sur les manifestations du 30 juin. La légitimité est en fait le principal argument défendu par ses partisans face à «irhal» (dégage) posé comme unique et incontournable exigence par ses opposants.

Dans les conditions de l'absence quasi-totale d'une légitimité tirée d'un projet visant à faire faceL’Egypte, entre le mauvais, le pire et celui qui est encore pire
aux problèmes qui secouent la situation critique de l'Egypte sur les plans économique, social et politique, cet argument n'est étayé que par l'accès au pouvoir de Morsi via les urnes, événement qui est, dit-on, sans précédent dans l'histoire du pays.

Néanmoins, cet argument souffre de quelques faiblesses du point de vue démocratique. En effet, Morsi n'a tout au plus obtenu que 25 pour cent des suffrages, alors que son concurrent Ahmad Chafiq, le candidat de ceux qu'on appelle les «foulouls» (détritus de l'ancien régime) qui a également été soutenu par l'armée, a obtenu quant à lui un nombre de votes presque équivalent.

Ces mêmes 25 pour cent obtenus par Morsi comprennent beaucoup de ceux qui se sont rassemblés ces derniers jours sur les places et dans les rues pour exiger son départ après avoir voté pour lui il y a un an, non parce qu'ils soutenaient les politiques des Frères musulmans mais comme unique et obligatoire option pour empêcher Chafiq d'accéder au pouvoir suprême.

D'autre part, la non-participation de la moitié des Egyptiens aux élections présidentielles prouve le peu de popularité des deux parties en concurrence par rapport à la majorité silencieuse qui a remporté la plus grande victoire.

Pourtant, et en dépit de leur peu d'enthousiasme envers la démocratie, les Frères sont allés très loin dans la sacralisation de cette dernière. Ils ont considéré que l'élection de Morsi oblige les électeurs à respecter son droit d'exercer ses fonctions de président et interdit toute révision de cette obligation même par l'intermédiaire des élections anticipées bien qu'elles constituent unL’Egypte, entre le mauvais, le pire et celui qui est encore pire
moyen démocratique auquel on fait souvent recours dans les conditions de crises ou des évolutions inattendues impliquant des solutions d'urgence qui ne peuvent pas attendre jusqu'à la fin du mandat du président ou de toute autre instance élue.

La collecte de signatures par les opposants puis par les partisans de Morsi n'a été qu'une tentative de renforcer la légitimité tirée du plus grand nombre possible mais qui s'est montrée peu convaincante dans la mesure où des évolutions peu démocratiques l'ont suivie sur la scène égyptienne avec la polarisation des Egyptiens divisés en deux parties antagonistes défendant chacune sa propre légitimité, et nourrissant chacune envers l'autre cet enragement qui s'est traduit par ce grand nombre de personnes mortes ou blessées avec toutes les conséquences néfastes qui pourraient menacer l'avenir de l'Egypte et de la région toute entière.

Avec l'intervention de l'armée et la destitution de Morsi, l'éphorie triomphaliste des opposants ainsi que la déception et le sentiment d'injustice chez ses partisans ont favorisé le recours à la violence et ont placé l'Egypte au bord de la guerre civile.

Etait-il possible pour l'armée de se tenir les bras croisés et de se contenter d'observer des masses humaines d'Egyptiens s'attaquer à d'autres masses égyptiennes avec le but affiché de les détruire? Non, certes, car l'armée est l'unique instance qui est à même de séparer les antagonistes et d'imposer l'ordre et la sécurité. Elle est surtout la seule instance qui peut proposer et défendre des solutions pour une sortie rapide de la crise et préparer le terrain à un dialogue sérieux dans le but de mettre fin à cet état de division et de diriger le pays vers le salut.

Mais la solution qu'a adoptée l'armée en évinçant Morsi (probablement sans prendre en compte les répercussions négatives d'un tel acte) répondait à souhait aux désirs des opposants sans que cela ne veuille dire qu'elle servait leur projet inexistant en vérité que d'une manière trèsL’Egypte, entre le mauvais, le pire et celui qui est encore pire
vague. En d'autres termes, le projet qui s'est imposé sur la place égyptienne n'était que celui de l'armée.

Le problème est dans la nature de ce projet qu'aucun indice n'a été donné par l'armée pour en préciser le contenu en ce qui concerne les problèmes économiques, sociaux et politiques qui rongent le corps de l'Egypte.

Même en faisant abstraction de toutes les théories qui insistent sur les liens solides qui ont été noués depuis Sadat par les Etats-Unis qui parrainent des projets comme le Nouveau Moyen-Orient et le chaos constructif avec les Etats-majors de l'armée égyptienne, et même si nous supposons que l'intervention de l'armée constitue le début d'un renouveau égyptien, eh bien cette supposition reste intenable vu le procédé dénué de tout esprit conciliateur dans l'éviction de Morsi.

En prenant en considération des faits comme la colère qu'a suscitée cette mesure parmi les partisans de Morsi qui se sont dépêchés de «prendre les armes» pour défendre leur légitimité, dans les conditions de la propagation d'un discours particulièrement jusqu'au-boutiste, à un moment où l'on ne peut pas négliger l'existence certaines de cellules prêtes à attiser l'incendie égyptienne, il est à craindre le fait de voir la «balle» de l'Egypte continuer à rouler entre les pieds du mauvais, du pire et de celui qui est encore pire.

Source: french.alahednews

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