La chute du phénomène al-Assir, un coup pour le courant du Futur

Par Souraya Helou
Le tapage politique actuel et les déclarations incendiaires, notamment de la part du courant du Futur ne parviennent pas à faire oublier le coup reçu par ce courant et son projet avec l’éradication du phénomène cheikh Ahmed al-Assir par l’armée libanaise.
D’ailleurs, toute l’attitude du Courant du futur depuis l’opération de l’armée à Abra montre l’étendue de l’implication de ce courant dans la couverture, voire l’émergence de cheikh al-Assir.
Depuis le début, les commandements de ce Courant, notamment Mme Bahia Hariri et son fils Ahmed, ont adopté une position ambigüe à l’égard de cheikh al-Assir et de son action de protestation, notamment le sit-in qu’il avait organisé pendant plus d’un mois à l’une des entrées de la ville de Saïda et ses provocations répétées contre le Hezbollah et Amal et les chiites en général. Mme Hariri et le Futur en général prônaient le compromis avec les actions du cheikh, même lorsqu’il violait la loi, notamment en circulant en armes, lorsqu’il tirait sur les gens et provoquait des agressions, mettant en danger la paix civile dans la région de Abra.
Pour ne pas aiguiser les tensions, l’Etat, ses représentants et ses institutions faisaient preuve d’une grande patience et d’autant de clémence à l’égard d’al-Assir, alors que le Hezbollah et Amal, directement mis en cause, préféraient ne pas répondre. La situation aurait pu se prolonger jusqu’au timing choisi par cheikh al-Assir qui était en train de monter une milice au vu et au de tout le monde.
C’est d’ailleurs ce qui s’est passé lorsque le cheikh et ses hommes ont choisi d’attaquer un barrage de l’armée de sang froid et suite à une duperie, puisqu’il avait promis aux autorités de reporter toute action. Cheikh al-Assir avait visiblement mal calculé son coup, misant sur l’effet de surprise et sur une absence de réaction de la part de l’armée. Mais échaudée par l’agression de Ersal, il y a quelques mois, l’armée a réagi, faisant ainsi son devoir et la fin de l’opération a montré que cheikh al-Assir se préparait réellement à une longue bataille et disposait d’un véritable arsenal, ainsi que de tunnels souterrains, sur le modèle de l’opposition syrienne.
Normalement, les Libanais, toutes confessions confondues, devraient être soulagés d’avoir échappé, grâce à l’armée, à un vaste projet de les entraîner dans un affrontement confessionnel. Mais on découvre brusquement qu’au lieu de cela, le Courant du Futur, ou certaines de ses figures, veulent à tout prix créer un nouveau problème, tantôt en soulevant la question des tirs contre la villa de Mme Hariri à Majdelyoun et tantôt en brandissant une prétendue participation du Hezbollah aux combats aux côtés de l’armée.
La simple raison impose toutefois de se poser quelques questions: S’il y a eu des tirs contre la villa de Mme Hariri, sont-ils de l’importance de la bataille contre cheikh al-Assir et de l’attaque contre l’armée qui a fait, rappelons-le, six morts tués de sang froid? Si les brigades de la résistance (les volontaires non chiites enrôlés dans la résistance) se sont mobilisées à Saïda, au moment où les combats se déroulaient entre l’armée et les hommes de cheikh al-Assir, n’est-ce pas normal, dans ce genre de situation, que les groupes soient en état d’alerte?
Le fameux 7 mai 2008, les Forces libanaises s’étaient bien mobilisées dans les régions dites chrétiennes, sans pour autant intervenir dans les affrontements et nul n’avait songé à le leur reprocher. De même, pendant les combats à Abra, les partisans du Courant du Futur et ceux de la Jamaa islamiya s’étaient aussi déployés à Saïda, mais cette question n’est jamais évoquée. Non, toutes les critiques sont concentrées sur le Hezbollah et l’armée.
Pourquoi? Parce que le Courant du futur ne parvient visiblement pas à digérer le coup reçu. Depuis deux ans, il misait sur cheikh Ahmed al-Assir et le protégeait dans le but de l’utiliser pour affaiblir le Hezbollah et finir par le sacrifier moyennant son retour en sauveur au pouvoir.
C’est malheureusement ainsi que ce Courant, fondé pourtant par un homme qui prisait le compromis et qui en a d’ailleurs payé le prix, cheikh Rafic Hariri, fait aujourd’hui de la politique, sans la moindre conscience nationale, prêt à tout, même à laisser à déclencher des batailles sanglantes contre l’armée, menées par des groupes créés spécialement dans ce but, afin de retrouver le pouvoir.
Cheikh al-Assir éliminé de la scène de Saïda, le Courant du Futur se trouve ainsi privé d’une carte qu’il croyait maîtresse. Surtout après la perte de la carte de Tripoli, où il devient de plus en plus clair que les groupes extrémistes ne sont pas capables d’envahir Jabal Mohsen ou d’utiliser cette zone pour faire pression sur le 8 mars, et la perte de la carte de Ersal, qui, avec la progression de l’armée syrienne de l’autre côté de la frontière, perd sa marge de manœuvre contre les régions de Baalbeck et Hermel.
Malgré cela, le Courant du Futur ne veut pas reconnaître cette nouvelle défaite et il multiplie les blocages internes et les propos incendiaires pour tenter de dissimuler les faits. Mais la réalité saute aux yeux et toute la poudre confessionnelle lancée n’y changera rien.
Source: french.alahednews
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