Genève 2: Les complications prévalent sur l’optimisme

Par Mostafa el-Hajj Ali
Aucun indice jusqu'à présent sur une voie pavée vers Genève 2. Les ententes internationales à ce titre se limitent à la nécessité de la solution politique du conflit syrien, au moment où la possibilité du débordement de ce conflit sur le voisinage, augmente du jour au lendemain. Un fait qui menacerait les intérêts des puissances.
Pourtant, tous les détails relatifs au congrès de Genève, son agenda et les parties qui y prendront part, sont encore sujets de controverse.
En plus, aucune partie internationale essentielle n’a fait état de véritable optimisme.
Le président américain Obama a clairement annoncé qu’il n’est pas en mesure de confirmer la réussite du congrès. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a souligné la difficulté de traduire le communiqué américano-russe commun autour de Genève. Les responsables russes ne cessent d’énumérer les obstacles devant ce congrès international.
Par ailleurs, les pays régionaux concernés par la crise syrienne ne montrent aucune disposition à s’entendre sur les objectifs du congrès. La coalition saoudo-qatarie ayant investi et misé sur la crise, s’emploie à recueillir quelques bénéfices par le biais des cartes politiques et militaires. Cette coalition craint un consensus entre Washington, l’Iran et la Russie à ses dépens. Elle semble uniquement unifiée sur son hostilité au régime syrien et au président Assad, alors que le conflit oppose ses membres sur toutes les autres questions. Cette coalition œuvre pour prolonger la durée de la guerre en Syrie, par l’armement des rebelles dans le but de changer les équilibres sur le terrain en sa faveur.
Cette coalition a multiplié les conditions, en refusant toute participation d’Assad à la solution et en appelant à la mise en place d’un gouvernement transitoire doté de larges prérogatives.
Par ailleurs, Téhéran aborde la crise par une vision différente. L’Iran estime que le dialogue doit se dérouler sans conditions préalables et que toute solution politique doit prendre en compte le rôle de toutes les parties syriennes, y compris le régime et l’opposition…
De surcroit, la réalité de l’opposition syrienne complique les faits davantage. En effet, cette opposition est divisée voire fragmentée pour des raisons idéologiques, ethniques et confessionnelles et relatives à ses références régionales et internationales. Les calculs de ses courants sont contradictoires en ce qui concerne leurs rôles dans l’avenir de la Syrie. En plus, ces courants ont plusieurs approches quant à la solution politique. S’ajoutent à ces faits, les doutes sur la représentation populaire de cette opposition, dans un contexte d’hégémonie des groupes extrémistes sur le terrain. Ces derniers comptent d’ailleurs plus de mille groupes, dont principalement les groupes takfiris et le front al-Nosra.
Sur ce, l’opposition serait un mosaïque de différentes couleurs, orientations, objectifs et préférences antithétiques.
Dans ce contexte de complications, la diplomatie militaire se poursuit, à partir des manœuvres militaires israéliennes et des manœuvres jordaniennes, passant par la remise en question de la levée du blocus européen sur l’armement de l’opposition et les menaces d’imposer une zone d’exclusion de vol au-dessus de la Syrie. Des menaces contrées par des mises en garde lancées par la Russie, l’Iran et le Hezbollah, d’une disposition à intervenir directement en cas d’offensive extérieure contre la Syrie. Les missiles russes S-300 s’inscrivent dans ce cadre.
La diplomatie militaire active illustre des tentatives occidentales pour obliger le régime syrien à faire des concessions et relever le moral de l’opposition, à la suite notamment des récents développements sur le terrain en Syrie. Ces développements en faveur du régime et de ses alliés internationaux et régionaux et qui détermineront surement la carte de la solution politique. Pour cette raison, il serait difficile que le tandem saoudo-turco-qatari et la Coalition syrienne qui lui est inféodée, acceptent de participer au congrès de Genève 2 à l’ombre des équilibres de force actuels.
En somme, plusieurs possibilités sont posées:
-Considérer que tout ce qui précède est normal dans le contexte des négociations, durant lesquelles chaque partie réclame le maximum.
Et puis, nul n’estime que le congrès de Genève 2 soit la fin de la crise. Il n’est qu’une étape dans un long processus pour parvenir à un règlement de cette crise, vu ses complications majeures.
-Ce qui se précède reflèterait vraiment les complications de la crise et la dimension des objectifs et des paris sur ce qui se déroule dans ce pays. Des objectifs dans lesquels interfèrent des calculs internationaux et régionaux. La Syrie étant un pays-clé et stratégique dans la région et son avenir. Ceci signifie que tout consensus autour de la crise doit prendre en compte la distribution des bénéfices économiques et politiques, ce qui est encore irréalisable.
De ce fait, la voie à Genève 2 serait semée d’embuches. Et même si le congrès est tenu, il ne sera pas un tournant décisif, mais un pas en avant dans un processus long et compliqué, durant lequel se poursuivra le conflit armé.
En tout état de cause, l’histoire a montré que des crises internationales et régionales similaires à celle de la Syrie, ne peuvent être facilement résolues. Un tel conflit est marqué par des tiraillements de tout genre et des polémiques avant que les parties concernées ne parviennent à une conviction commune sur la solution, laquelle ne peut être imposée avant la maturité du consensus international et régional.
Traduit par: French.alahednews
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