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Les ravisseurs de Aazaz cherchent à sauver leur face

Les ravisseurs de Aazaz cherchent à sauver leur face
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Soraya Hélou

Il a fallu que le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah ouvre le débat en toute franchise pour que l'affaire des pèlerins enlevés à Aazaz en Syrie depuis près d'un an connaisse enfin des développements sérieux. Jusqu'à présent, et en dépit de la bonne volonté de l'Etat, notamment du ministre de l'Intérieur et du directeur général de la Sûreté chargés du dossier, les négociations tournaient dans le vide, un vide rempli de promesses fumeuses et d'exigence de discrétion en principe pour garantir une avancée du processus. Il n'en était bien sûr rien,Les ravisseurs de Aazaz cherchent à sauver leur face mais nul ne comprenait réellement où était le nœud. Le sayed a donc décidé de sortir l'affaire du brouillard dans lequel elle se débattait. Il a clairement mis un terme à toute tentative de chantage politique en affirmant clairement que si les ravisseurs souhaitent obtenir en échange de la libération des otages un changement dans la position du Hezbollah à l'égard de la Syrie, ils se trompent totalement. Cette position est stable et s'inscrit dans la stratégie du parti visant à préserver l'axe de la résistance et à empêcher la mainmise américaine, israélienne ou takfiriste sur la Syrie. Par contre, si les ravisseurs ont des revendications précises et concrètes, il est personnellement prêt à contribuer à leurs réalisations. S'il s'agit par exemple d'obtenir la libération de détenus dans les prisons du régime, il est prêt à se rendre à Damas pour intercéder en faveur de cette libération auprès du président syrien. Il avait d'ailleurs fait un pas en ce sens lorsqu'il avait été question d'obtenir la libération des détenues dans les prisons du régime, mais il est apparu qu'il n'y en avait pas. C'est dire le sérieux des revendications des ravisseurs.

Mais maintenant que tout le monde a clairement compris que le maintien de la détention des otages ne changera rien dans la politique du Hezbollah et qu'il ne faut pas compter sur d'éventuelles pressions exercées par les familles des otages auprès du commandement de la résistance, les négociations prennent un tour plus sérieux. En effet, au bout de près d'un an de détention, il est clair que si les familles des otages voulaient s'en prendre au Hezbollah et soulever un mouvement de protestation au sein de ce parti, elles ont eu largement le temps de le faire. Mais il est aussi clair que ces familles et l'ensemble de la communauté ont une confiance absolue dans le Hezbollah et dans son commandement. Ils ont écouté le sayed et compris les véritables enjeux.

Ces enjeux ont d'ailleurs été dévoilés d'une façon plus nuancée par le ministre de l'Intérieur Marwan Charbel au cours d'une rencontre avec les journalistes. Avec son franc parler, le ministre Charbel a expliqué que lorsqu'il a été question de libérer les orages, au début de leur détention et que l'ancien Premier ministre Saad Hariri avait envoyé son avion pour les ramener de Turquie au Liban, les ravisseurs ont changé d'avis au dernier moment lorsqu'ils ont vu que l'Etat libanais dans tous ses symboles s'apprêtait à les accueillir en héros à l'aéroport. Ensuite,Les ravisseurs de Aazaz cherchent à sauver leur face au cours de ses entretiens avec ses interlocuteurs, il a perçu clairement un refus de les libérer avec ce gouvernement en place pour que le Premier ministre Mikati en particulier n'en tire pas les bénéfices politiques. On comprend ainsi un peu mieux qui se tient derrière les ravisseurs. Maintenant que le gouvernement est démissionnaire, il devient plus facile de relancer les négociations, mais il est clair que ceux qui appuient, ou peut-être protègent, les ravisseurs espéraient une contrepartie politique interne en compensation de la libération. C'est dire la confusion qui règne chez les ravisseurs et chez les parties qui les connaissent et défendent leur point de vue.

Le ministre Marwan Charbel a aussi affirmé que l'attentat contre le général Wissam Hassan a compliqué les négociations, les ravisseurs ayant aussitôt accusé le régime syrien, appuyé par le Hezbollah... Ce qui soulève des questions sur le rôle du général Hassan avec l'opposition syrienne. Mais cela c'est un autre dossier qui sera sans doute ouvert un jour.

Désormais, et depuis le dernier discours de sayed Nasrallah, il est clair qu'il n'est pas question d'obtenir une compensation politique. Les ravisseurs doivent donc revoir leurs espérances et rabaisser le niveau de leurs revendications. Car ce qu'ils croyaient être une carte maîtresse n'a qu'une valeur humaine -ce qui n'est pas négligeable certes, surtout pour le commandement du Hezbollah- qui peut d'ailleurs se retourner contre eux, puisque ce sont eux qui ont pris en otages des pèlerins innocents, après avoir tenté de dire qu'il y avait un gros poisson parmi eux, c'est-à-dire un cadre du Hezbollah. Tout cela s'est avéré faux. Leurs mensonges, leur méchanceté et leurs procédés condamnables, notamment l'utilisation des médias pour présenter les otages comme des hôtes et véhiculer leurs reproches à la résistance, n'ont pas réussi à faire plier le Hezbollah et sont devenus clairs pour tout le monde. La manœuvre était peut-être habile- même si elle est inhumaine et contre la morale sur tous les plans-, elle a certainement pitoyablement échoué. Il ne reste plus aux ravisseurs qu'à tenter de réclamer un ou deux acquis (comme la libération de quelques détenus que le régime aurait probablement libéré de lui-même) pour sauver leur face et chercher à justifier à leur opinion publique la détention pendant de longs mois de pèlerins innocents.

Source : moqawama.org

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