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La visite et les entretiens stratégiques de Mikhaël Bogdanov

La visite et les entretiens stratégiques de Mikhaël Bogdanov
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Soraya Hélou

«Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose». C'était le conseil du grand maître en désinformation de Hitler, le général Goebels. Le 14 mars, ce mouvement qui se veut un grand défenseur des libertés, semble avoir repris cette phrase pour son compte. La dernière trouvaille de ses médias est d'affirmer que l'émissaire du président russe a demandé au Hezbollah d'arrêter son aide au régime syrien et de retirer ses hommes de Syrie. Voilà, c'est clair et les médias du 14 mars le savent parce qu'ils avaient un indicateur sur place. Bien entendu, il ne leur vient pas à l'idée qu'une telle demande serait plutôt étonnante de la part du représentant d'un pays qui ne ménage pas ses aides au régime syrien et qui bloque le Conseil de sécurité, ayant déjà utilisé à trois reprises son droit de véto, pour empêcher l'adoption d'une résolution qui lui porterait atteinte. De toute façon, les médias du 14 mars ne sont pas les seuls à prendre leurs désirs pour des réalités et à faire du wishful thinking, plutôt que de l'information. Les diplomates occidentaux, et surtout européens, affirment régulièrement que la Russie est en train de changer sa position à l'égard du dossier syrien et ne souhaite plus appuyer le régime.

La réponse à ce genre d'allégations est venue de Mikhaël Bogdanov lui-même, qui a effectuéLa visite et les entretiens stratégiques de Mikhaël Bogdanov une visite de quatre jours au Liban dans le cadre d'une tournée régionale. L'émissaire du président Vladimir Poutine a eu des entretiens avec toutes les parties libanaises, écoutant, interrogeant et donnant au final son avis. Il a ainsi écouté les explications des responsables libanais, porté une oreille attentive aux critiques du 14 mars au sujet de l'aide apportée par son pays au régime syrien et échangé des points de vue avec le 8 mars et le CPL. Le large éventail des visites de l'émissaire russe est en lui-même un message clair sur le fait que la Russie ne conçoit pas son rôle au Liban comme une intervention dans les petites considérations internes, mais sur le plan stratégique grâce à une ouverture sur tout le monde.

Ceux qui ont suivi les multiples déplacements de Mikhaël Bogdanov au Liban affirment toutefois que l'ambiance était nettement plus détendue pendant les entretiens de Mikaël Bogdanov avec les représentants du 8 mars et ceux du CPL. L'émissaire russe aurait ainsi expliqué en toute franchise la fin de l'unilatéralisme américain dans le monde. En d'autres termes, sa visite au Liban est la concrétisation de la volonté de Poutine d'avoir aussi une certaine influence au Liban et dans la région. Il rejoint ainsi d'ailleurs la vision du secrétaire général du Hezbollah sayed Nasrallah qui avait déclaré dans un de ses discours que l'unilatéralisme américain était révolu et que le Liban ne sera pas sous influence américaine et israélienne...

Bogdanov aurait encore aussi estimé que le Liban est un maillon important dans la région, insistant sur l'interdépendance des situations libanaise et syrienne. Au sujet de la situation en Syrie, l'émissaire russe a affirmé à ses interlocuteurs que la crise risque de se prolonger et qu'il ne faut pas attacher trop d'espoirs sur le sommet russo-américain qui doit se tenir en juin. Il a affirmé que de son côté, la Russie fait tout pour favoriser un dialogue constructif entre l'opposition et le régime, sur la base de l'accord de Genève qui n'évoque nullement le départ du président Bachar Assad. Bogdanov aurait ainsi critiqué les Etats-Unis qui interprètent à leur manière l'accord de Genève et multiplient les obstacles pour entraver son application. L'émissaire russe aurait aussi estimé que les réunions dites des «Amis de la Syrie», en principe destinées à unifier les différents groupes de l'opposition, se résument souvent à l'envoi d'armes et de combattants en Syrie. Il aurait même insisté sur le fait que l'envoi de combattants extrémistes complique la situation, ajoutant que son pays refuse le changement qui viendrait de ces «terroristes».

En même temps, Bogdanov a répété que son pays est opposé à toute intervention étrangère en Syrie et il a comparé devant la presse la soudaine apparition de l'utilisation d'armes chimiques à la théorie des Armes de Destruction massive brandie par les Américains pour justifier l'invasion de l'Irak en 2003. L'émissaire de Poutine a clairement déclaré que son pays utilisera son droit de véto si les preuves avancées sur l'utilisation par le régime d'armes chimiques ne
La visite et les entretiens stratégiques de Mikhaël Bogdanov sont pas convaincantes. Enfin, l'émissaire russe a aussi précisé qu'il existe actuellement une grande coopération entre son pays et l'Iran non seulement sur le dossier syrien mais sur d'autres questions régionales. Il venait d'ailleurs de Téhéran. C'est dire qu'on est loin de la version des médias du 14 mars sur le fait qu'il aurait demandé au Hezbollah de cesser son aide au régime syrien. Comme le rapportent les sources qui ont suivi de près sa visite, Mikhaël a donc axé ses entretiens sur des questions stratégiques, surtout avec sayed Hassan Nasrallah avec lequel les débats se sont prolongés car les points de vue sont concordants sur la vision du monde. Ce n'est donc certainement pas Bogdanov lui qui va s'engager dans des discussions banales, ni donner des injonctions à un interlocuteur avec lequel il est resté jusqu'à l'aube pour échanger des analyses sur l'évolution du monde. Naturellement, ce genre de discussions n'est pas à la portée de tout le monde et visiblement pas à celle des médias du 14 mars.

Source : moqawama.org

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