Le gouverneur de la Banque Centrale: prérogatives illimitées et impunité

Traduit du site al Intiqad

Qui nomme le gouverneur de la Banque Centrale au Liban ? Quelles sont ses prérogatives ? Quelle est l’instance chargée de le contrôler ? Et quel est l’impact de la politique adoptée par cette banque sur l’économie libanaise ?
Des questions pressantes qui se posent avec la fin du mandat du gouverneur de la Banque Centrale Riyad Salamé prévue en juillet.

Selon l’expert dans les affaires économique Ghaleb Abou Mosleh, les prérogatives du gouverneur de la Banque du Liban sont  absolues, et son immunité le protège contre toute supervision ou tout contrôle.
Parallèlement, les sous-gouverneurs ont le droit de vote au conseil central, et leurs prérogatives dépendent du gouverneur lui-même !

Dans une interview à notre site Al Intiqad, M. Abou Mosleh a expliqué que le gouverneur est capable d’offrir de grosses sommes d’argent à ses sous-gouverneurs, sans aucun contrôle. « C’est ce qui se passe actuellement, aucune instance n’est au courant de ce qui a lieu à la Banque du Liban sur les plans politique, administratif et financier », indique-t-il.

« Vers la fin de la guerre civile, les employés de la Banque étaient au nombre de 600. On prévoyait de les diminuer à 350 personnes capables d’exercer toutes les fonctions de la Banque. Mais aujourd‘hui, ils sont au nombre de 1600 employés, seulement pour satisfaire les politiciens libanais. On a dû acheter des bâtiments supplémentaires qui puissent comprendre ce nombre élevé d’effectifs. Sachant que 350 personnes seulement travaillent à la Banque centrale Suisse, accomplissant des missions beaucoup plus importantes que la Banque du Liban », a expliqué l’expert économique.  

Et de poursuivre « sur le plan pratique, la Banque du Liban contrôle la politique monétaire et elle est responsable de la politique de la stabilisation des taux de change avec l’accord du ministère des Finances. Cette politique est une erreur stratégique, parce qu’elle a asséné de lourdes pertes aux secteurs productifs au Liban. Le taux de change de la livre libanaise devrait être fixé à la base d’un panier de monnaies et non selon le prix du dollar américain seulement. Toutefois, la Banque centrale a fait fi de ces remarques malgré l’impact négatif de cette politique sur l’économie libanaise ».

« Il existe des secrets à la Banque du Liban, ce qui ouvre la voie à la corruption surtout en ce qui concerne les opérations de marché ouvert ou la vente ou l’achat des bons du Trésor », affirme-t-il.

Il a révélé que « des bons de Trésor possédés par la Banque du Liban ont été vendus avec un taux d’intérêt de 40%, et qu’après une semaine ils ont été récupérés avec un taux d’intérêt de 30%. Ce qui signifie qu’elle a réalisé un gain de 10% pour rien ».

S’agissant de la relation entre la Banque et le ministère des Finances, Abou Mosleh a dit que la Banque du Liban a pris en charge de diriger la question de la dette publique, et que le ministère recevait les chiffres sur les dettes et les réformes de la part de la Banque.

Il est vrai que le ministre des Finances a le droit d’intervenir dans ce marché, mais les faits sur le terrain l’empêchent d’exercer ses prérogatives, ce qui a poussé les ministres concernés à renoncer à leurs prérogatives à ce sujet.

Qui nomme le gouverneur de la Banque Centrale?

En effet c'est l’Association des banques qui nomme le gouverneur, ce qui signifie qu’il y a un renversement de rôles. Mais c’est la règle au Liban, la sécurité de l’économie découle de la sécurité des banques. Ce qui a transformé la République Libanaise en une République des banques, la preuve est que les capitaux bancaires se sont accrus de moyenne de 1600% depuis l’avènement de Rafic Hariri au pouvoir, alors les capitaux industriels et culturels se sont amoindris.

A partir de là, l’expert économique Abou Mosleh assure que celui qui dirigera la Banque du Liban sera celui qui jouit de la satisfaction de l’Association des banques, et que celle-ci assure la protection des politiques qui protège les intérêts du secteur bancaire, aux dépens des autres secteurs économiques au Liban !