Raad: Retirer les armes du Hezbollah, une décision improvisée et non souveraine… les rendre équivaut au «suicide»

Par AlAhed avec AlManar
Le chef du bloc parlementaire Loyauté à la Résistance, le député Mohammad Raad, a qualifié de «suicide» la décision du gouvernement libanais ayant adopté le document américain sur les armes de la Résistance.
Dans un entretien accordé à la chaîne libanaise Al-Manar, il a affirmé que la décision du gouvernement libanais de retirer les armes de la Résistance est «une décision improvisée, imposée par les diktats américains, et non souveraine, et dénuée de tout engagement national».
M. Raad a indiqué que cette décision est «dangereuse, affecte la souveraineté et offre à l’ennemi une occasion de porter atteinte à la stabilité intérieure».
Il a souligné que «les armes de la Résistance ont protégé le Liban de 1982 à 2025, libéré le territoire, établi un équilibre de dissuasion et contrecarré le projet expansionniste de l’ennemi israélien».
Interrogé sur l’atmosphère qui règne parmi les gens dans le Sud, la Békaa et la banlieue sud de Beyrouth, il a déclaré qu’«ils considèrent que la récente décision nous a ouvert la voie vers Kerbala (connotation qui symbolise la lutte contre l’injustice jusqu’à la mort, ndlr)», notant que «ceux qui ont contribué à son approbation ont été soit stupides, soit ont improvisé une position irresponsable et ont commis un péché qui a conduit à des choix difficiles».
Nous n’avons pas l’intention de nous suicider
Et d’ajouter: «Dire +rendez vos armes+ revient à dire +abandonnez votre honneur+, et rendre vos armes est un suicide, et nous n’avons pas l’intention de nous suicider».
Le député du Hezbollah a renchéri: «Les armes sont légitimes, et vous ne l’êtes peut-être pas. Pendant trente-trois ans, vous avez affirmé qu’elles étaient légitimes, et maintenant elles ne le sont plus?».
L’Etat ne peut pas affronter l’ennemi
M. Raad a souligné que «l’État peut, par ses propres moyens, étendre son autorité, mais il ne peut pas affronter l’ennemi».
Et d’expliquer: «Nous soutenons le monopole des armes par l’État lorsqu’il est en mesure de contraindre l’occupation à se retirer des territoires libanais et de protéger le pays».
Il a révélé que «les envoyés américains et les parties régionales coopérant avec eux ont joué un rôle clé dans l’imposition de cette décision, et que les Américains et les Israéliens insistent sur un calendrier pour sa mise en œuvre, car le temps joue en leur faveur».
Mise en garde contre un conflit interne
«Des garanties ont été demandées par la partie libanaise pour la mise en œuvre des dispositions du document américain, mais aucune garantie n’a été fournie de leur part», a-t-il rappelé, avertissant que «cette décision pourrait transformer le conflit libano-israélien en conflit interne».
M. Raad a souligné que le fait de prétendre que «les armes de la Résistance n’ont pas protégé le Liban est une déformation de la vérité», ajoutant: «Si nous rendons nos armes, nous aurons un modèle d’éthique adopté par l’ennemi (israélien) à Gaza, et quiconque commet ces crimes contre l’humanité sera puni».
Le député Raad a dans ce contexte réitéré «l’engagement de la Résistance en faveur de la paix civile», mais a exprimé sa crainte du manque de garanties face aux actions du gouvernement. «Cette décision est dangereuse. Comment pouvons-nous garantir ses répercussions?»
«C’est la volonté qui crée les armes, et non les armes seules qui créent la victoire», a-t-il souligné.
Il a en outre ajouté: «Dans les espaces communs, vous avez attaqué notre part, qui est notre sécurité».
«La Résistance ne prétend pas à la perfection, mais revendique plutôt la capacité à contenir les crises».
M. Raad a affirmé que la Résistance a grandement bénéficié de la guerre de soutien (à Gaza) et de la bataille d’«Ouli al-Baas» (des plus braves, ndlr), soulignant que «le conflit avec l’ennemi israélien est un échange de coups, mais en fin de compte, celui qui détient le droit l’emportera».
Il y aura un retrait du Hezbollah du gouvernement?
S’agissant du retrait des députés du Hezbollah du gouvernement, M. Raad a déclaré: «Ce gouvernement présente des aspects positifs dans certains domaines, notamment dans certains ministères, mais nos remarques actuels concernent sa dernière décision. Rester au gouvernement ou non relève de la décision du Hezbollah».
Pas besoin de l’aide de ceux qui contribuent à l’effusion de notre sang
M. Raad a souligné que «tout argent dépensé pour la reconstruction après le renoncement aux armes est fallacieux et rejeté, et nous n’avons pas besoin de l’aide de ceux qui contribuent à l’effusion de notre sang».
La relation avec le président Berri
Concernant la relation du Hezbollah avec le président du Parlement, Nabih Berri, le député Raad a déclaré: «Après le martyre du Maitre des Martyrs de la Nation (sayyed Hassan Nasrallah), notre attachement et notre amour pour le président Berri se sont accrus, et notre coordination avec lui s’est intensifiée. Quiconque mise sur une rupture entre nous se trompe».
L’accord du cessez-le-feu
M. Raad a cependant affirmé que «l’acceptation du cessez-le-feu par la Résistance a eu lieu après qu’il a été prouvé sur le terrain que l’ennemi israélien était incapable face aux combattants de la Résistance de pénétrer le territoire libanais».
Et d’ajouter: «Nous avons voulu accorder une faveur à nos partenaires dans ce pays».
L’expérience de Nawaf Salam
Concernant l’expérience du Premier ministre Nawaf Salam, M. Raad a déclaré: «Son expérience en est encore à ses balbutiements. Quiconque veut diriger les affaires du pays doit connaître son peuple. Je ne sais pas s’il a un véritable contact avec la population».
Il a également affirmé l’existence de «problèmes au sein du gouvernement et d’une ingérence directe d’un envoyé américain, ainsi que l’influence de parties internes dans la prise de décision».
Il a cependant ajouté qu’il «ne place pas le président de la République dans la position du Premier ministre».
Et d’expliquer: «Nous avons tenté de rectifier la décision en faisant revenir les ministres à la séance, mais il est apparu clairement qu’il y avait une insistance à discuter du document de (l’envoyé US Thomas) Barrack afin que les Américains signent leur obéissance».
«La décision de retirer les armes aurait pu être reportée, mais la seule justification que nous avons entendue c’est la présence des pressions étrangères», a-t-il lancé.
La Syrie
M. Raad a par ailleurs expliqué que le bloc parlementaire du Hezbollah n’avait pas pris position sur l’évolution politique en Syrie, car la situation y demeurait volatile, instable et susceptible de changer à tout moment.
Il a dans ce contexte déclaré: «Nous ne changeons pas nos principes, alors que certains, dans le monde, changent leurs principes comme ils changent de vêtements».
Sayyed Hassan Nasrallah
Dans un discours adressé au Maître des Martyrs de la Nation, sayyed Hassan Nasrallah, le chef du bloc de la Loyauté à la Résistance, a affirmé: «Le martyr suprême était pour nous un frère, un père, un leader, une source d’inspiration, un conseiller et un modèle».
«Notre relation avec le Maître des Martyrs de la Nation, sur le plan personnel, est un message, et sur le plan pratique, nous discutons facilement, malgré notre connaissance de son jugement sûr. Il nous laissait carte blanche et écoutait nos opinions…».
Le député Mohammad Raad a également évoqué «le martyr hachémite sayyed Hashem Safieddine, qui fut le meilleur soutien, confident et assistant. C’était un gestionnaire, une personne compatissante et aimante envers les familles des martyrs et des opprimés, et un fervent défenseur des armes du Hezbollah».
Nous choisirons la mort à la renonciation aux armes
À propos du secrétaire général du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, le chef du bloc du Loyauté à la Résistance a dit: «Je l’envie pour son courage, qui l’a qualifié pour assumer le poste de secrétaire général, et je resterai à ses côtés pour rester fidèle à notre engagement».
Et le député Raad de conclure: «Les familles des martyrs ont offert le plus grand exemple de sacrifice… Nous choisirons la mort à la renonciation aux armes. Allez paver la mer!»
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