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Les graves problèmes domestiques de Saad Hariri

Les graves problèmes domestiques de Saad Hariri
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Par Samer R. Zoughaib

La formation d'un gouvernement de partenariat a laissé éclater, une nouvelle fois, les divergences au sein du 14-Mars. Le fossé s'est creusé entre les Forces libanaises et le Courant du futur. Mais pas seulement. Rien ne va plus entre Saad Hariri et certaines figures de son propre parti.

Comme à chaque échéance, les différentes composantes du 14-Mars ne parviennent pas à cacher leurs profondes divergences et affichent ouvertement leur désaccord sur des choix stratégiques portant sur l'avenir du pays. C'était le cas, par exemple, lors du débat autour de la loi électorale, pendant la première moitié de 2013. Bon gré mal gré, les Forces libanaises (FL) s'étaient rangées sous la bannière du patriarcat maronite et avaient appuyé le projet de la Rencontre orthodoxe (chaque communauté élit ses propres députés), s'attirant les foudres du Courant du futur (Moustaqbal). Des députés du parti de Saad Hariri avaient tenu des propos extrêmement durs àLes graves problèmes domestiques de Saad Hariri
l'égard des FL, et certaines personnalités du Moustaqbal étaient même allées jusqu'à accuser M. Geagea de «trahison» et d'«ingratitude». Certes, Les FL ont finalement abandonné, en cours de chemin, les autres partis chrétiens pour revenir dans les rangs du Courant du futur, mais pendant des semaines, une forte tension a caractérisé les relations entre les deux «alliés».
Le même scénario se reproduit, un an plus tard, au sujet de la formation d'un gouvernement de partenariat national, mais avec une inversion des rôles. Cette fois-ci, c'est le Moustaqbal qui est accusé par son allié chrétien de l'avoir abandonné en cours de route pour «pactiser avec l'ennemi». Samir Geagea campe sur ses positions et refuse de siéger aux côtés du Hezbollah au gouvernement, et ne comprend pas comment et pourquoi Saad Hariri a opéré un virage de 180 degrés du jour au lendemain. Sans doute que le chef du Courant du futur ne le comprend pas lui-même. Il a tout simplement reçu un ordre d'accepter le «cabinet rassembleur» émanant de l'Arabie saoudite, qui ne lui a même pas laissé le temps de préparer ses alliés et sa base populaire à ce revirement.
Malgré plusieurs conversations téléphoniques et un va et vient d'émissaires entre Maarab et Paris, Samir Geagea ne s'est pas laissé convaincre. M. Hariri n'a pas pu cacher son mécontentement, et lors de l'interview qu'il a accordé à sa propre chaine de télévision, lundi dernier, il n'a pas exprimé son soutien à une éventuelle candidature du chef des FL à l'élection présidentielle. Il a affirmé que son candidat sera issu des rangs du 14-Mars, allant jusqu'à évoquer le nom des Gemayel, le père et le fils, sans mentionner Geagea.

Le message tripolitain à Hariri

Mais la colère à l'égard de Saad Hariri dépasse le cadre des FL pour gagner des milieux sunnites du 14-Mars et même du Courant du futur. Des observateurs établissent un lien entre la reprise des combats à Tripoli et les démarches en vue de la formation d'un gouvernement de partenariat. Il s'agit d'une tentative visant à saboter ces efforts et Hariri le sait très bien. Et s'il ne l'avait pas compris, le message vidéo signé par un groupe qui se fait appeler «les sunnites de Tripoli» s'est chargé de le lui expliquer. Des inconnus encagoulés l'ont en effet accusé d'avoir «vendu le sang des martyrs du Liban, avec à leur tête Rafic Hariri».
Le sang de Saad Hariri n'a fait qu'un tour dans ses veines et lors de cette même interview, il a donné le feu vert au service de sécurité de «tordre le cou» de ceux qui tentent de porter atteinte à la sécurité de Tripoli.
Les graves problèmes domestiques de Saad Hariri
Cette couverture accordée par Hariri à la troupe s'est traduite par un durcissement inhabituel de l'armée. Selon des sources bien informées, le chef des services de renseignements militaires au Liban-Nord, le général Amer el-Hassan, a adopté une position très sévère contre les chefs des miliciens lors d'une réunion au domicile du Premier ministre démissionnaire, Najib Mikati. Sur le terrain, l'armée riposte avec une force inaccoutumée aux tirs des hommes armés qui la visent. Et pour la première fois, l'armée n'a pas hésité à nommer les chefs de groupes responsables des agressions contre ses soldats, qui ont fait deux morts et plus d'une douzaine de blessés dans ses rangs depuis le début du 19ème round de combats.
Qui sont ces chefs de milices? Il s'agit tout d'abord d'Abou Khalil al-Hallak et de son adjoint Abou Jamal Nheilé, responsable du «front» du souk aux légumes, à Bab el-Tebbané. Le nom de ce dernier est cité dans la ville comme étant responsable de la vidéo de menaces contre Saad Hariri. Le clan Zahra et le groupe de Imad el-Rezz sont également très actifs, au même titre que Saad al-Masri, Ziad Allouki et Talal Issa. Le point commun entre tous ces chefs de gangs, c'est qu'ils sont proches de l'ancien directeur général des Forces de sécurité intérieure (FSI), Achraf Rifi, même si les trois derniers ont également des liens avec Najib Mikati.
Les ennuis de Saad Hariri viennent donc de l'intérieur de sa propre maison. Achraf Rifi, qui a gardé le silence ces derniers jours, serait-il chargé de torpiller la politique d'ouverture de l'ancien Premier ministre? L'ex-directeur des FSI représente-t-il des milieux extrémistes au sein du pouvoir saoudien, qui veulent saper toute tentative de rapprochement entre le Hezbollah et le Courant du futur, pour utiliser le Liban comme terrain de confrontation régionale, à l'instar de la Syrie?
Le retour de la rengaine du gouvernement de fait accompli et les fuites médiatiques -aussitôt démenties par les milieux de Tammam Salam, vendredi soir- selon lesquelles le Premier ministre désigné aurait lancé un ultimatum au Hezbollah afin qu'il accepte son projet de gouvernement, faute de quoi il formerait une nouvelle équipe sans lui, sont autant d'indices qui illustrent une volonté de saboter les démarches du cabinet rassembleur. 

Source : Al-Ahednews

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