Courant du futur: des choix limités, des objectifs irréalistes

Par Samer R. Zoughaib
Lors de son dernier discours, lundi 28 octobre, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a appelé le 14-Mars à faciliter la formation d'un gouvernement au sein duquel seraient représentées les principales forces politiques du pays. Il a conseillé à cette coalition d'adhérer à la formule gouvernementale 9-9-6, précisant que le 8-Mars et ses alliés pourraient ne plus accepter
de faire autant de concessions à l'avenir. Partant du principe que le 14-Mars a lié la situation au Liban aux développements en Syrie, il a pris son temps pour expliquer à ses adversaires politiques l'évolution de la situation. En Syrie, les changements sur le terrain sont dans l'intérêt de l'Etat. Les rebelles, qui partagent avec le 14-Mars le même sponsor régional, l'Arabie saoudite, subissent des défaites consécutives, la dernière en date étant la libération de la ville stratégique de Sfeira, au sud-est d'Alep. Partout, les extrémistes reculent et perdent du terrain. Ils ne jouissent plus des faveurs de la population et sont déchirés par des luttes intestines sanglantes.
Privilégiant le langage de la raison et de l’intérêt national, le leader de la Résistance a expliqué au 14-Mars que cette évolution est irréversible et que les choses vont empirer pour les rebelles. Le projet de contrôle de la Syrie, pour lequel de gigantesques moyens financiers, militaires, médiatiques, politiques et diplomatiques ont été mobilisés ces trente derniers mois, a échoué, a conclu sayyed Nasrallah.
La réaction du 14-Mars au discours du 28 octobre a été impulsive et irrationnelle. Les responsables de cette coalition ont qualifié d'«arrogance» la confiance affichée par sayyed Nasrallah, qui est pourtant basée sur des faits vérifiés et indiscutables.
Au lieu de saisir la main tendue, le Courant du futur s'est lancé dans une escalade tous azimuts, rejetant l'offre de partenariat et perpétuant la politique du blocage au Liban.
Pressions sur Jabal Mohsen
Sur le plan sécuritaire d'abord: Les faucons du Courant du futur ont durci leur discours contre Jabal Mohsen, à Tripoli, alors qu'en parallèle le service de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) intensifiait les pressions sur le Parti arabe démocratique en liant son nom au double attentat du 23 août. Jusqu'à la dernière minute, les groupes armés soutenus par l'ancien directeur des FSI, Achraf Rifi, et le responsable militaire du Courant du futur, le colonel à la
retraite Amid Hammoud, ont tenté de torpiller le plan de sécurité visant à mettre un terme au 17ème round des combats, qui a fait 14 morts et une centaine de blessés. Ils ont refusé que l'armée se déploie à l'intérieur de Bab el-Tebbané, bien que la troupe se soit déployée auparavant à Jabal Mohsen.
L'exacerbation des tensions sectaires s'est poursuivie, encourageant les éléments extrémistes à multiplier les agressions à caractère communautaire contre de jeunes alaouites mais aussi contre des sunnites proches de formations du 8-Mars, comme le Parti syrien national social (PSNS).
Sur le plan politique ensuite: Non seulement le Courant du futur a refusé la formule 9-9-6, mais il a placé la barre très haut. Après avoir convoqué à Paris les débris du 14-Mars, Saad Hariri a déclaré qu'il n'y aura pas de gouvernement au Liban tant que le Hezbollah n'aura pas retiré ses troupes de Syrie. De plus, la paralysie du Parlement se poursuivra et les pressions ne baisseront pas sur le Premier ministre démissionnaire, Najib Mikati, afin de l'empêcher de réunir son cabinet pour prendre des décisions dans le dossier crucial du pétrole.
Dans le communiqué publié à l'issue de la réunion de Paris, le 14-Mars reconnait donc être responsable du blocage gouvernemental et institutionnel au Liban.
Les cartes déployées par le Courant du futur sur les plans sécuritaire et politique visent à exercer un chantage sur ses partenaires dans la patrie, sans se soucier des probables conséquences de ses actes sur les intérêts supérieurs du pays.
Mais une fois de plus, le Courant du futur, qui entraine dans son sillage les débris du 14-Mars, fixe des objectifs qui vont bien au-delà de ses capacités réelles. Ses choix aujourd'hui sont encore plus limités qu'ils ne l'étaient lorsque le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, était son fer de lance. Même à cette époque, il avait été incapable de réaliser la plupart de ses slogans, comme par exemple la campagne «dégage» (fell, en arabe), qui visait à obtenir la démission de l'ancien président Emile Lahoud, ou du sempiternel refrain du désarmement de la Résistance.
Le paysage politique local et régional aujourd'hui est le suivant:
-Le divorce est consommé entre Walid Joumblatt et le 14-Mars. Le président du Parlement, Nabih Berry, a d'ailleurs déclaré qu'avec le chef du PSP, le 8-Mars disposait désormais de la majorité parlementaire.
-La Résistance s'est renforcée sur tous les plans face à «Israël», qui n'a toujours pas récupéré
l'initiative depuis sa défaite de 2006.
-Le renversement du régime syrien par la force a échoué. Les rebelles syriens reculent, les troupes du régime progressent. «De paria, le président syrien Bachar al-Assad est devenu un partenaire», a affirmé l'envoyé international Lakhdar Brahimi.
-Le camp de la guerre contre la Syrie s'est fissuré entre l'Arabie saoudite d'un côté, le Qatar et la Turquie de l'autre. Doha multiplie les appels du pied pour se faire pardonner ses erreurs passées.
-Les Etats-Unis reculent devant la Russie, qui renforce ses positions sur la scène internationale. L'affaire Snowden est une preuve éclatante de l'affaiblissement de Washington.
Dans un tel schéma, on voit bien que les choix du 14-Mars sont très limités et que les objectifs politiques qu'il s'est fixé sont irréalistes.
Source: French.alahednews
Lors de son dernier discours, lundi 28 octobre, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a appelé le 14-Mars à faciliter la formation d'un gouvernement au sein duquel seraient représentées les principales forces politiques du pays. Il a conseillé à cette coalition d'adhérer à la formule gouvernementale 9-9-6, précisant que le 8-Mars et ses alliés pourraient ne plus accepter

Privilégiant le langage de la raison et de l’intérêt national, le leader de la Résistance a expliqué au 14-Mars que cette évolution est irréversible et que les choses vont empirer pour les rebelles. Le projet de contrôle de la Syrie, pour lequel de gigantesques moyens financiers, militaires, médiatiques, politiques et diplomatiques ont été mobilisés ces trente derniers mois, a échoué, a conclu sayyed Nasrallah.
La réaction du 14-Mars au discours du 28 octobre a été impulsive et irrationnelle. Les responsables de cette coalition ont qualifié d'«arrogance» la confiance affichée par sayyed Nasrallah, qui est pourtant basée sur des faits vérifiés et indiscutables.
Au lieu de saisir la main tendue, le Courant du futur s'est lancé dans une escalade tous azimuts, rejetant l'offre de partenariat et perpétuant la politique du blocage au Liban.
Pressions sur Jabal Mohsen
Sur le plan sécuritaire d'abord: Les faucons du Courant du futur ont durci leur discours contre Jabal Mohsen, à Tripoli, alors qu'en parallèle le service de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) intensifiait les pressions sur le Parti arabe démocratique en liant son nom au double attentat du 23 août. Jusqu'à la dernière minute, les groupes armés soutenus par l'ancien directeur des FSI, Achraf Rifi, et le responsable militaire du Courant du futur, le colonel à la

L'exacerbation des tensions sectaires s'est poursuivie, encourageant les éléments extrémistes à multiplier les agressions à caractère communautaire contre de jeunes alaouites mais aussi contre des sunnites proches de formations du 8-Mars, comme le Parti syrien national social (PSNS).
Sur le plan politique ensuite: Non seulement le Courant du futur a refusé la formule 9-9-6, mais il a placé la barre très haut. Après avoir convoqué à Paris les débris du 14-Mars, Saad Hariri a déclaré qu'il n'y aura pas de gouvernement au Liban tant que le Hezbollah n'aura pas retiré ses troupes de Syrie. De plus, la paralysie du Parlement se poursuivra et les pressions ne baisseront pas sur le Premier ministre démissionnaire, Najib Mikati, afin de l'empêcher de réunir son cabinet pour prendre des décisions dans le dossier crucial du pétrole.
Dans le communiqué publié à l'issue de la réunion de Paris, le 14-Mars reconnait donc être responsable du blocage gouvernemental et institutionnel au Liban.
Les cartes déployées par le Courant du futur sur les plans sécuritaire et politique visent à exercer un chantage sur ses partenaires dans la patrie, sans se soucier des probables conséquences de ses actes sur les intérêts supérieurs du pays.
Mais une fois de plus, le Courant du futur, qui entraine dans son sillage les débris du 14-Mars, fixe des objectifs qui vont bien au-delà de ses capacités réelles. Ses choix aujourd'hui sont encore plus limités qu'ils ne l'étaient lorsque le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, était son fer de lance. Même à cette époque, il avait été incapable de réaliser la plupart de ses slogans, comme par exemple la campagne «dégage» (fell, en arabe), qui visait à obtenir la démission de l'ancien président Emile Lahoud, ou du sempiternel refrain du désarmement de la Résistance.
Le paysage politique local et régional aujourd'hui est le suivant:
-Le divorce est consommé entre Walid Joumblatt et le 14-Mars. Le président du Parlement, Nabih Berry, a d'ailleurs déclaré qu'avec le chef du PSP, le 8-Mars disposait désormais de la majorité parlementaire.
-La Résistance s'est renforcée sur tous les plans face à «Israël», qui n'a toujours pas récupéré

-Le renversement du régime syrien par la force a échoué. Les rebelles syriens reculent, les troupes du régime progressent. «De paria, le président syrien Bachar al-Assad est devenu un partenaire», a affirmé l'envoyé international Lakhdar Brahimi.
-Le camp de la guerre contre la Syrie s'est fissuré entre l'Arabie saoudite d'un côté, le Qatar et la Turquie de l'autre. Doha multiplie les appels du pied pour se faire pardonner ses erreurs passées.
-Les Etats-Unis reculent devant la Russie, qui renforce ses positions sur la scène internationale. L'affaire Snowden est une preuve éclatante de l'affaiblissement de Washington.
Dans un tel schéma, on voit bien que les choix du 14-Mars sont très limités et que les objectifs politiques qu'il s'est fixé sont irréalistes.
Source: French.alahednews
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