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Cinquante mille combattants d’Al-Qaïda sur le pourtour méditerranéen

Cinquante mille combattants d’Al-Qaïda sur le pourtour méditerranéen
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Par Samer R. Zoughaib

L'Occident commence à découvrir avec stupeur l'étendue du déploiement d'Al-Qaïda et consorts sur les rives de la Méditerranée, à quelques encablures de l'Europe. Le soutien que certains pays «civilisés» ont apporté aux extrémistes, notamment en Syrie, risque de se retourner contre eux... exactement comme cela s'est produit en Afghanistan, il y a 25 ans.

Les gouvernements occidentaux ont longtemps nié la présence de mouvements extrémistes dans les pays du «printemps arabe» et ont tenté de minimiser le rôle et l'importance de ces groupes proches d'Al-Qaïda. Cette attitude de déni visait à tromper l'opinion publique européenne et américaine, car si ces courants takfiristes ont pu se développer à une telle vitesse, c'est surtout à cause des erreurs d'évaluation politique commises par l'Occident et grâce au soutien apporté par certains de ses alliés arabes, notamment l'Arabie saoudite et le Qatar, à ces extrémistes en Libye, en Egypte, en Irak et, surtout, en Syrie.
Mais aujourd'hui, le danger est pressant et les pays occidentaux découvrent avec effroi que le monstre, qu'ils ont consciemment ou inconsciemment créé, menace de les dévorer.
Le Sous-secrétaire général des Nations unies aux affaires politiques a tiré la sonnette d'alarme mardi. Oscar Fernandez-Taranco a affirmé qu'il est «urgent de mettre un terme à l'afflux de combattants étrangers qui exacerbent les tensions sectaires et ethniques» en Syrie.
Ces propos interviennent quelques heures après qu'une source proche du renseignement américain ait déclaré au Times britannique que «près de 10000 ressortissants étrangers, dont 150 Britanniques, combattent dans les rangs des anti-Assad en Syrie». «Parmi les combattants étrangers figurent plusieurs centaines d'Européens, des sunnites pour la plupart, venus en Syrie pour participer à la guerre», indique la source du quotidien.
Le «contingent européen» compte jusqu'à 150 ressortissants britanniques, ainsi que des personnes originaires de l'Irak et de la République russe de Tchétchénie.

Attaques contre des trains en Europe


Toujours d'après le Times, le Front al-Nusra, principal groupe de combattants anti-Assad liés àCinquante mille combattants d’Al-Qaïda sur le pourtour méditerranéen
Al-Qaïda, est composé en majeure partie de Syriens dirigés par un certain Abou Mohammad al-Joulani. Dans le même temps, il existe dans le pays un autre groupe terroriste, Jaish al-Muhajirin wal Ansar, composé principalement d'étrangers et dirigé par Abou Omar, ressortissant tchétchène ayant combattu les forces fédérales russes dans le Caucase du Nord. «Ce groupe compte parmi ses membres des Irakiens, des Saoudiens, des Libyens, des Marocains, des Tunisiens, ainsi que des ressortissants de plusieurs pays européens», a fait savoir la source du Times.
La veille, le journal le plus populaire d'Allemagne, Bild, rapportait, citant des sources des services spéciaux, qu'Al-Qaïda envisage de perpétrer une série d'attaques contre les trains à grande vitesse circulant dans les pays européens.
Le journal allemand précise que ces informations ont été interceptées par l'Agence de sécurité nationale US (NSA) lors de l'écoute d'une conversation téléphonique entre des membres hauts placés d'Al-Qaïda. Par la suite, la NSA a transmis ces informations à ses collègues européens.
Selon Bild, des experts en matière de sécurité estiment que les combattants d'Al-Qaïda pourraient perpétrer des actes de sabotage visant les voies ou des tunnels ou des attentats à la bombe sur les chemins de fer et à l'intérieur des trains.
Le journal ajoute que les autorités allemandes surveillent depuis plus de deux semaines les lignes desservies par les trains à grande vitesse ICE, ainsi que les gares. Une série de mesures discrètes ont été prises, telles des rondes de policiers en civil.

Une katiba belge

Depuis des semaines, la presse occidentale foisonne de nouvelles sur des Européens tués en Syrie dans les rangs d'Al-Qaïda ou sur des réseaux chargés de recruter des extrémistes. Le quotidien français Le Monde rapporte, le 16 juin, que «depuis plusieurs mois, les autorités belges s'inquiètent du départ de plusieurs dizaines de jeunes musulmans vers la Syrie, où ils rejoindraient pour la plupart des milices islamistes et non les rangs de l'Armée syrienne libre».
Selon le journal flamand Het Nieuwsbald, une trentaine de membres du groupuscule salafiste «Sharia4Belgium» ont formé leur propre brigade (katiba) placée sous la direction du Front Al-Nosra, affilié à Al-Qaïda. Le leader de ce groupuscule, Fouad Belkacem, est emprisonné en Belgique pour incitation à la haine. Il est soupçonné d'avoir organisé ces départs de combattants, dont certains sont mineurs. Au moins trois extrémistes belges ont été tués en Syrie.
Le chef de la katiba belge, Hussein Elouassaki, se serait vanté en décembre 2012, lors d'une conversation enregistrée par la police, d'avoir «tranché la gorge» d'un soldat et pourrait être l'un des protagonistes d'une vidéo récente où l'on voit de jeunes hommes s'exprimant en néerlandais et en français décapiter un homme âgé à l'aide d'un couteau.
Le ministre français de l'intérieur, Manuel Valls, avait estimé, début juin, que plus de 600 ressortissants européens, dont 120 Français, se sont rendus en Syrie depuis le début du conflit pour combattre l'armée régulière. Une quarantaine de français seraient actuellement dans ce pays, selon des sources françaises. Mais d'autres sources parlent de plus de 250 Français combattants dans les rangs d'Al-Qaïda.

Des réseaux en Espagne
Le 19 juin dernier, une cellule chargée de recruter des volontaires pour aller combattre en Syrie avait été démantelée en Espagne. Huit personnes ont été arrêtées par les services espagnoles le 21 juin, dans l'enclave espagnole de Ceuta, au nord du Maroc.
Le président russe Vladimir Poutine avait estimé, le même jour, que près de 600 Européens et Russes combattaient à présent parmi les rebelles syriens. Le 22 mai, Le Figaro avait, lui, parlé de 800 Européens, citant un diplomate de l'Union européenne (UE), confirmées par un dirigeant de l'opposition syrienne. Parmi eux, entre 120 et 270 Français.
Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie et directeur du Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient avait estimé sur les ondes de RMC que le risque est réel de voir ces combattants retourner leurs armes contre leur pays d'origine: «Une fois que ces personnes ont pris goût au maniement des armes, qu'elles ont subi un endoctrinement idéologique, on voit ce qui peut se produire en France. Si des attentats en France peuvent aider ces objectifs, ils le feront.»
«N'importe quel Français peut se rendre en Tunisie, en Algérie ou en Egypte avec un visa touristique. Une fois sur place, il y a des réseaux organisés pour qu'ils puissent rejoindre les réseaux combattants via la Jordanie, le Liban, ou passer directement par la frontière turque», raconte pour sa part Eric Denécé, le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). «Ils reçoivent une formation basique d'infanterie légère. Pour une action terroriste urbaine dans le but de semer le trouble en banlieue, c'est largement suffisant, même si ça n'en fait pas des professionnels de l'action clandestine».

La base avancée du Sinaï

Les récents événements en Egypte ont confirmé ce que les services de renseignements et les experts savaient depuis des mois: le Sinaï est l'une des bases avancées les plus développées des extrémistes.
Le quotidien israélien Haaretz rapporte que quelque 15 groupes salafistes différents affiliés à Al-Qaïda opèrent dans le Sinaï, dont 4 sont particulièrement actifs. Le journal ajoute que les services de renseignement intérieur, le Shin Bet, estime le nombre de ces agents à plusieurs centaines alors que les services de l'armée évoquent quelques milliers d'activistes.
La majorité des activistes sont des Bédouins du Sinaï qui se sont radicalisés mais parmi eux figurent également des combattants étrangers en provenance d'Arabie saoudite, du Yémen et de la bande de Gaza.
Le journal cite les quatre groupes les plus actifs: Ansar Bayt al-Maqdis; Majlis Choura al-Mujahideen Fi Aknaf Bayt al-Maqdis; Al-Takfir wal-Hijra, qui a perpétré l'attaque d'août 2012 dans laquelle 16 policiers égyptiens ont été tués; et Jaish al-Islam, un groupe qui a commencé par le clan Dughmush de Gaza.
Selon des sources sécuritaires arabes à Beyrouth, les groupes directement affiliés à Al-Qaïda ou s'inspirant de cette organisation comptent près de 50000 combattants sur le pourtour méditerranéen, à quelques encablures seulement de l'Europe. 15000 en Syrie, 15000 en Irak, 2000 au Liban, 8000 dans le Sinaï, 2000 à Gaza et 7000 en Libye. Cela, sans compter les combattants d'Aqmi, ceux du Yémen et ceux du Pakistan.

Source : French.alahednews

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