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Pressions américano-saoudiennes et tensions au Liban: le bras de fer autour du désarmement du Hezbollah

Pressions américano-saoudiennes et tensions au Liban: le bras de fer autour du désarmement du Hezbollah
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Par Assia Husseini

Une ambiance lourde pèse sur le Liban depuis la décision du gouvernement libanais d’adopter les réclamations de l’émissaire américain Tom Barrak visant à limiter les armes aux seules forces étatiques et à désarmer toutes les forces non étatiques, en particulier le Hezbollah. Cette décision a été prise sans prendre en considération l’occupation «israélienne» de territoires libanais ni les agressions continues de l’aviation «israélienne», qui viole quotidiennement l’espace aérien libanais et attaque à sa guise. L’émissaire américain Tom Barrak a été clair lors de sa dernière visite, déclarant ne pouvoir fournir aucune garantie quant à l’arrêt des agressions «israéliennes» contre le pays. Cela n’a pas empêché le président de la République, Joseph Aoun, ainsi que le Premier ministre Nawaf Salam et son cabinet réuni, d’aller jusqu’au bout en adoptant les réclamations américaines, sans tenir compte de la situation interne du pays.

Suite au vote du gouvernement libanais, le pouvoir exécutif maintient donc le cap sur ce qu’il appelle la limitation des armes aux seules forces de l’État libanais, s’appuyant sur une feuille de route que l’armée libanaise devrait formaliser d’ici la fin du mois d’août. Cette décision est le fruit de pressions américano-saoudiennes. Le quotidien Al Akhbar rapporte citant de sources bien informées, que l’émissaire saoudien Yazid ben Farhan s’est personnellement immiscé dans les détails des séances tenues par le cabinet. Il aurait même ordonné au Premier ministre Nawaf Salam de lire en personne les décisions du gouvernement, remplaçant ainsi le ministre de l’Information normalement chargé de cette mission.

Selon des sources proches du dossier, le prince héritier Mohammed ben Salmane aurait pris la décision de mettre fin au Hezbollah au Liban. C’est pour cette raison que de fortes pressions sont exercées sur le pays. Le personnel de l’ambassade saoudienne au Liban est en contact constant avec les différents membres des partis politiques du pays, allant jusqu’à empêcher certains d’entre eux de recevoir les représentants du Hezbollah, sous peine de nuire à leurs relations avec l’Arabie saoudite. Les Saoudiens semblent donc chargés de contrôler le personnel libanais travaillant à leur service, tandis que les Américains exercent des pressions sur le président de la République et son entourage. Cette coordination donne l’impression d’une harmonie entre les deux pays, déterminés à exercer un maximum de pression sur les institutions politiques libanaises, quitte à provoquer une guerre interne ou même un retour à la guerre civile. Cela ne semble pas poser problème aux Saoudiens, qui ne se préoccupent que de l’application des recommandations de MBS.

Par ailleurs, la déclaration du «Premier ministre israélien» Benjamin Netanyahu, reconnaissant qu’«Israël» a aidé le gouvernement libanais à désarmer le Hezbollah, est restée sans réponse officielle malgré sa gravité. Cela s’inscrit apparemment dans le cadre de la soumission totale des responsables libanais aux exigences américano-saoudiennes, qui les empêcheraient de prendre position contre «Israël», même verbalement.

De leur côté, les ministres du Hezbollah et de son allié, le movement Amal, se sont retirés de la dernière séance du gouvernement avant l’adoption de la feuille de route de Tom Barrak, marquant ainsi une forme de refus. Mais c’est surtout le chef du bloc parlementaire de la Résistance, Mohammad Raad, qui a réaffirmé la position ferme du Hezbollah durant une rencontre télévisée: il n’est pas question de rendre les armes, et cette décision est définitive. L’histoire récente enseigne à la Résistance et à sa base populaire que le désarmement n’a jamais profité aux peuples. D’autant plus qu’aucune garantie n’a été donnée au parti concernant la poursuite des agressions «israéliennes» ni la protection contre le groupe terroriste «Daech» présent à la frontière nord-est du Liban. Ces deux menaces pèsent aujourd’hui sur le peuple libanais, en particulier sur les habitants du Sud-Liban et de la Bekaa, tandis que l’armée libanaise reste incapable de les protéger, faute d’équipements, en raison d’une décision politique.

En effet, selon l’émissaire américain Tom Barrak, l’armée libanaise ne devrait en aucun cas être une armée de combat, mais plutôt une force de maintien de la paix, comme il l’a déclaré lors d’une interview à une chaîne officielle libanaise. Aucune garantie ne laisse donc penser que le scénario des années quatre-vingt ne se répétera pas, lorsque «Israël» a envahi le Liban sous prétexte de mettre fin aux attaques contre le nord de la Palestine occupée et d’affaiblir l’OLP, alors que l’objectif stratégique était plus large : remodeler la scène politique libanaise et installer un gouvernement allié. Les camps palestiniens, ayant accepté le désarmement, ont été victimes d’atrocités perpétrées par des milices libanaises alliées à «Israël», notamment à Sabra et Chatila, où des centaines, voire des milliers, de civils palestiniens et libanais ont été massacrés.

Aujourd’hui, plusieurs scénarios sont envisagés au Liban. Le plus dangereux serait d’opposer l’armée libanaise à la Résistance pour retirer ses armes, un scénario redouté par de nombreux Libanais car il pourrait déclencher une nouvelle guerre civile semblable à celle déclenchée en 1975 et qui a duré plus de quinze ans. Mais le Hezbollah est clair : la guerre civile est un piège qu’il évitera à tout prix. D’autres solutions doivent donc être improvisées, telles que le refus de l’armée libanaise d’appliquer la décision du gouvernement faute de moyens, ou la limitation du conflit aux seules institutions officielles jusqu’aux prochaines élections parlementaires, qui pourraient constituer un moyen institutionnel pour revenir sur la décision gouvernementale de retirer les armes de la Résistance.

 

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