Malgré le cessez le feu, la guerre contre la résistance libanaise et sa base populaire se poursuit sous différentes formes

Par Assia Husseini
La guerre ne se termine pas avec un cessez-le-feu. Elle se poursuit sous d'autres formes — psychologiques, sociales et économiques — laissant des séquelles profondes qui exigent des années de traitement, tant sur le plan individuel que collectif.
La bataille de la conscience: une guerre invisible mais redoutable
Le 27 novembre 2024, l’agression «israélienne» contre le Liban s’est arrêtée dans le cadre d’un cessez-le-feu parrainé par les États-Unis et la France, et négocié avec le gouvernement libanais. Mais cette guerre se poursuit aujourd’hui sous une forme psychologique, utilisant des tactiques mentales destinées à influencer les émotions, les opinions et les comportements des individus ou de la société dans son ensemble. Son impact peut être profond et vaste, affectant à la fois le moral public et la santé mentale.
L’ennemi «israélien», ayant échoué à éliminer totalement le Hezbollah, s’attaque aujourd’hui à la conscience collective. La bataille de la conscience est un conflit politique et culturel où l’ennemi tente de s’infiltrer dans les esprits à travers ses relais internes et externes, pour convaincre les Libanais de perdre espoir et de se soumettre à ses projets.
Les médias locaux au service d’un agenda étranger
Depuis la fin officielle de la guerre, la société libanaise — en particulier la base populaire de la Résistance — est la cible d’une guerre psychologique acharnée. Elle vise à l’intimider et à exercer une pression croissante pour la pousser à capituler et à remettre les armes. Les moyens utilisés sont nombreux, à commencer par une guerre médiatique menée par certaines chaînes locales qui diffusent sans relâche des messages menaçants et des rumeurs alarmistes, annonçant une offensive sioniste imminente et destructrice contre les Chiites si le Hezbollah refuse de remettre ses armes à l’État libanais. Ces chaines médiatiques ne sont en aucun cas innocentes, bien au contraire, elles ne font qu’appliquer un agenda tant régional qu’international pour faire pression sur le peuple de la résistance. Elles diffusent quotidiennement des discours incitatifs à la haine, des informations fabriquées, et promeuvent de manière suspecte des expressions telles que «la dernière chance avant la rage israélienne». Il faut savoir que la majorité de ces appareils médiatiques sont financées par les pays du golfe et plus précisément par l’Arabie Saoudite. Ces chaînes médiatiques locales et même parfois arabes ont totalement dévié de leur mission journalistique pour se transformer en instruments sécuritaires, s’inscrivant dans un projet visant à cibler la résistance et sa base populaire. Elles sont devenues des partenaires directs de l’agression contre le Liban et de la guerre de démantèlement politique et moral menée contre la résistance.
Ces campagnes provoquent en effet une anxiété chronique et un sentiment d’impuissance chez les citoyens, qui craignent naturellement un retour de la guerre et d’éventuelles déportations. Mais la majorité reste attachée à ces armes, perçues comme un bouclier contre l’occupation «israélienne» et toute tentative d’infiltration, que ce soit au sud du pays ou au nord-est à la frontière syrienne.
Pressions saoudiennes et américaines pour désarmer la résistance
Cette pression vise également à dégrader la confiance du peuple envers les médias, le gouvernement, et même l’armée libanaise — affaiblissant ainsi l’unité nationale et augmentant la fragmentation sociale.
C’est ainsi que les pressions étrangères s’ajoutent à cette dynamique. L’Arabie saoudite, par l’intermédiaire de son envoyé spécial pour le Liban, Yazid ben Farhan, presse les responsables libanais de prendre des décisions hostiles au Hezbollah, même au risque de provoquer un conflit interne. Depuis le mandat de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, Riyad cherche à pousser ses alliés libanais à affronter le Hezbollah et sa base populaire, malgré les risques graves qu’une telle confrontation pourrait engendrer.
De leur côté, les États-Unis, à travers plusieurs émissaires, exercent une pression directe sur les dirigeants libanais — en particulier sur le président de la République — pour que l’armée libanaise adopte une position hostile envers le Hezbollah et procède à son désarmement par la force. Le dernier envoyé en date, Tom Barrak, aurait accordé au gouvernement un délai allant jusqu’à la fin de l’année pour obtenir un Hezbollah désarmé, sans toutefois fournir de garanties sur le retrait israélien des territoires libanais ou la fin des agressions qui se poursuivent malgré le cessez-le-feu.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la dernière réunion du Conseil des ministres, tenue au palais présidentiel de Baabda sous l’égide du président de la République, Joseph Aoun, et consacrée à l’examen des revendications américaines. Le Premier ministre Nawaf Salam a déclaré avec la fin de la réunion que le Conseil avait chargé l’armée libanaise d’élaborer un plan de mise en œuvre du contrôle des armements détenus par l’État avant la fin de l’année — une décision perçue comme provocatrice par la base populaire de la résistance, et qui menace la paix nationale.
Une base populaire endeuillée mais déterminée
En effet, depuis la mise en œuvre du cessez-le-feu, les violations «israéliennes» se sont multipliées, sous différentes formes. «Israël» a bafoué l’accord à des milliers de reprises, tandis que le gouvernement libanais semble passif, ou du moins incapable de répondre efficacement à ces agressions.
Dans ce climat chargé, la base populaire de la Résistance subit une guerre psychologique et médiatique intense, qui cherche à l’intimider et à peser lourdement sur sa conscience collective. Un peuple qui, rappelons-le, sort à peine d’une agression «israélienne» ayant causé d’immenses pertes, notamment l’assassinat de son leader, sayyed Hassan Nasrallah, la mort de plusieurs milliers de martyrs, la destruction de ses villages et la perte de ses habitations. Malgré tout, ce peuple est plus que jamais attaché à ses positions et fait face avec beaucoup de courage à cette guerre à plusieurs relais et semble le plus attaché à préserver l’unité nationale et à défendre son territoire contre les ennemis de la nation.