La reconnaissance de la Palestine: Un défi majeur pour les relations franco-«israéliennes»

Par Assia Husseini
Les relations d’«Israël» avec ses alliés occidentaux, notamment la France, ont récemment connu une fracture manifeste, sur fond de multiplication des appels à la reconnaissance de l’État de Palestine et du refus de Netanyahou de mettre fin à sa guerre à Gaza.
En juillet 2025, le président français Emmanuel Macron a déclaré que la France reconnaîtra l’État de Palestine en septembre prochain. Cette annonce survient à la suite de l’initiative conjointe de la France et de l’Arabie saoudite d’organiser la «Conférence internationale pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États», durant laquelle la France ainsi que les pays rassemblés ont affirmé leur soutien à la solution à deux États, à un cessez-le-feu immédiat dans la guerre contre Gaza et à la reconstruction de la bande. Au cours de cette conférence, les pays participants ont appelé le mouvement de résistance islamique Hamas à déposer les armes, à libérer les captifs et à mettre fin à sa gouvernance dans la bande de Gaza.
Malgré ces positions hostiles au Hamas, «Israël», par la voix de son «Premier ministre» Benjamin Netanyahou, a adressé une lettre publique accusant l’initiative de Macron de «jeter de l’huile sur le feu de l’antisémitisme» et affirmant que cette reconnaissance «récompense le Hamas et encourage la haine anti-juive en France». L’Élysée a répliqué publiquement en jugeant cette accusation inacceptable.
La France, qui s’est toujours placée aux côtés d’«Israël» et a longtemps découragé tout mouvement social pro-palestinien sous prétexte de lutter contre l’«antisémitisme», se trouve aujourd’hui elle-même accusée d’encourager l’«antisémitisme» par le «gouvernement de droite israélien». La question de l’«antisémitisme» est particulièrement sensible en France, qui constitue le pays de la plus grande communauté juive d’Europe occidentale, avec environ 500 000 personnes. Au lendemain du 7 octobre 2023, Macron s’était clairement positionné aux côtés d’«Israël», allant jusqu’à appeler à former une coalition pour battre le Hamas, semblable à celle qui avait été mise en place contre «Daech». Mais la France, qui compte aussi la plus grande communauté musulmane d’Europe avec près de dix millions de fidèles, connaît aujourd’hui un vif débat sur le comportement d’«Israël» à Gaza, tout comme la majorité des pays occidentaux, où des manifestations millionnaires ont envahi les rues et les capitales en soutien aux Palestiniens, imposant ainsi d’énormes pressions internes sur les dirigeants politiques. En effet, les niveaux inédits de tueries et de destructions, ainsi que l’apparition de termes tels que «génocide» et «famine» dans le discours onusien, ont placé les gouvernements occidentaux dans une position embarrassante.
Historiquement, «Israël» n’a pas hésité à utiliser l’arme de «l’antisémitisme» sur le plan politique, en exploitant cette accusation de manière efficace comme moyen dissuasif contre toute critique de ses pratiques. Ainsi, toute critique des politiques du «gouvernement israélien» était immédiatement traduite en accusation de haine des Juifs, ce qui a réduit au silence de nombreuses voix opposées. Mais la France estime aujourd’hui nécessaire d’adopter une politique différente, considérant que ses intérêts pâtissent de l’association continue avec ce que son peuple perçoit comme les crimes d’«Israël» à Gaza. Les accusations d’«antisémitisme», qui s’avéraient efficaces dans le passé, sont désormais perçues comme un chantage politique, poussant les dirigeants occidentaux à afficher des positions plus audacieuses et à rejeter ouvertement cette attitude.
De son côté, «Israël» craindrait aujourd’hui que la reconnaissance d’un État palestinien par la France n’engendre un effet domino de reconnaissances au niveau européen. Ces pays envisagent désormais cet acte comme un outil de pression et un moyen de «rétablir l’équilibre politique» dans la région. En revanche, Netanyahou considère cela comme une menace stratégique, car il redoute que cette reconnaissance symbolique ne se transforme en une boule de neige diplomatique ouvrant la voie à des sanctions et à un isolement politique ultérieurs, ce qui mettrait en péril la stratégie de son «gouvernement».
Ainsi, sur le plan politique et diplomatique, la France a commencé à évoluer et affiche davantage de critiques vis-à-vis de la politique «israélienne», s’éloignant ainsi du soutien inconditionnel à «Israël» qui prévalait auparavant. De même, les campagnes populaires, initiées par le boycott des produits «israéliens» et largement relayées par la jeunesse européenne, constituent aujourd’hui un moyen de pression sur les gouvernements occidentaux pour exiger l’arrêt des ventes d’armes à «Israël». Mais malgré ces prises de position à portée politique, la relation entre «Israël» et les pays occidentaux, notamment la France, reste solide à différents niveaux, en particulier sur les plans sécuritaire et militaire, qui reposent sur des décennies d’intérêts stratégiques communs. «Israël» continue d’être considéré comme un partenaire sécuritaire essentiel dans la région.
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