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Le Courant du futur: Moi ou le chaos

Le Courant du futur: Moi ou le chaos
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Par Samer R. Zoughaib

Au lieu d'opter pour une politique sage, modérée et responsable en cette période délicate de l'histoire du Liban et de la région, le Courant du futur s'enferme dans un discours offensif et agressif, à connotation sectaire, entretenant un climat de tension perpétuelle dans le pays. L'équation qu'il tente d'instaurer est la suivante: Moi ou le chaos.

Deux dangereux développements ont secoué le Liban ces dernières semaines, menaçant la fragile stabilité, dans un contexte régional des plus explosifs. Les affrontements de Abra, les 23, 24 et 25 juin, entre l'Armée libanaise et la milice du cheikh extrémiste Ahmad al-Assir, et l'attentat terroriste de Bir al-Abed, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 9 juillet.

De l'avis des observateurs de tous bords, ces événements auraient pu provoquer un embrasement général au Liban, sur fond de tensions sectaires, soigneusement entretenues depuis des mois par le Courant du futur et d'autres groupes qui évoluent dans son orbite. Certains pensent même que tel était l'objectif du meurtre des soldats à Abra et de la voiture piégée de Dahié.

Dans les deux cas, la réaction du Courant du futur était non seulement en deca de la gravité desLe Courant du futur: Moi ou le chaos 
faits, mais a jeté de l'huile sur le feu, à un moment où le sens de la responsabilité nationale requiert l'adoption d'un discours calme et pondéré, et des prises de position sages et mesurées.
Mais c'est le contraire qui s'est produit. A Abra, les faits, appuyés par des preuves irréfutables provenant d'enregistrements vidéo, sont indiscutables. Un groupe armé, nourri d'une pensée obscurantiste et abreuvé d'un discours sectaire, véhiculant la haine et incitant à la discorde, a attaqué un barrage de l'armée et tué de sang-froid deux officiers et un soldat. En situation de légitime défense, l'armée a réagi. C'est alors qu'est apparue une milice armée jusqu'aux dents, structurée et bien entrainée, disposant d'arsenaux, d'hôpitaux de campagne, de fortifications. Pour la démanteler, l'armée a offert en martyrs quelque 20 militaires, en plus d'une centaine de blessés. Elle a mené ses opérations avec un tel professionnalisme qu'aucune victime civile n'est à déplorer.

Le double langage du Futur

Après de molles condamnations d'Ahmad al-Assir -qui n'ont convaincu personne- le Courant du futur a adopté un discours pour le moins ambigu, mettant sur un pied d'égalité la victime et l'agresseur. Ensuite, il s'est livré à une campagne de dénigrement contre l'institution militaire, mettent en doute sa version des faits. Puis le discours a évolué vers une opération de diversion, essayant de faire oublier la cause des incidents -l'attaque contre le check-point de l'armée-, et mettant en avant un présumé rôle du Hezbollah dans les combats, dénonçant des «arrestations arbitraires», «des mauvais traitements» infligés aux détenus, des «exactions» contre les habitants de Saïda. L'armée, qui a reconnu certaines erreurs, a pris des mesures disciplinaires contre les militaires fautifs, sans attendre que l'on lui demande. Malgré cela, la campagne de dénigrement s'est poursuivie, allant crescendo. Et lorsque des vidéos ont montré Ahmad al-Assir frappant sauvagement un habitant de Saïda, les langues du Courant du futur se sont liées. Quand l'armée, excédée, a divulgué les vidéos prouvant que les affrontements ont été provoqués par al-Assir, qui a personnellement ordonné à ses hommes d'«égorger» et de «mettre en pièce» les militaires «comme des animaux», aucune réaction de la part du Courant du futur. Au contraire, les milieux de ce parti ont affirmé qu'ils brandiront des preuves de la participation du Hezbollah aux combats aux côtés de l'armée, malgré les démentis catégoriques de l'institution militaire.

L'attitude du Courant du futur a encore évolué vers un stade supérieur, avec l'entrée en scène directe de la députée Bahia Hariri, qui a décidé de nommer 42 avocats -dont beaucoup n'ont même pas été consultés au préalable- pour défendre les hommes d'al-Assir, responsables du meurtre de 18 soldats, dont près de la moitié sont originaires du Akkar, de Minié-Denniyé et de Tripoli.

Le discours mis en avant par le Courant du futur se base sur le binôme classique de la propagande: diabolisation-victimisation. Il diabolise le Hezbollah, en prenant à son propre compte tous les éléments du discours d'Ahmad al-Assir, ce qui prouve que le cheikh aujourd'hui en fuite, n'était en fait qu'un sous-traitant pour le compte du Courant du futur. Ensuite, il se présente en victime, pour alimenter au sein de la population de Saïda et de la communauté sunnite en général, un sentiment de frustration et de désenchantement, à travers une campagne politico-médiatique intitulée «Ca suffit la peur».

L'attitude du Courant du futur après l'attentat de Bir al-Adeb prouve que son comportement après les incidents de Abra n'était pas le fruit d'une réaction impulsive passagère, mais le résultat d'une décision bien réfléchie, inscrite dans le cadre d'une stratégie globale.

Après Bir el-Abed, on a entendu les mêmes condamnations ambigües, couplées à desLe Courant du futur: Moi ou le chaos 
insinuations que l'on peut facilement repérer entre les lignes. Passées les premières heures, les discours se sont précisés, et voilà que les victimes de l'attentat sont transformées, par on ne sait quel coup de baguette magique, en coupables. C'est le Hezbollah qui serait responsable de l'attentat car il s'est impliqué dans la guerre en Syrie (on ne cessera jamais de rappeler que la participation de groupes proches du Courant du futur aux côtés des rebelles syriens est antérieure de plusieurs mois à celle du Hezbollah). Il s'agit d'une justification à peine voilée du crime de Bir al-Abed et un encouragement aux terroristes, qui jouissent visiblement d'une couverture politique et morale, à récidiver.

Une petite comparaison s'impose. Après Abra, le Courant du futur a développé un discours dirigé «contre» le Hezbollah et a élaboré des slogans négatifs, accusateurs, contre un parti libanais. En revanche, après l'attentat de Bid el-Abed, la foule, qui s'est rassemblée spontanément, a scandé des slogans «pour» la Résistance, et n'a à aucun moment accusé une quelconque partie libanaise. Par ailleurs, les députés et autres responsables du Hezbollah ont accusé «Israël et ses agents» d'être derrière l'attentat, prenant soin de ne pas exacerber les tensions communautaires, car ils savent pertinemment que tel est l'objectif de cet attentat.

C'est là que réside toute la différence, entre le Hezbollah, un parti sage, responsable, soucieux de préserver la stabilité du pays et la paix civile entre les habitants, possédant une boussole qui donne «Israël» comme ennemi et la Palestine pour objectif, et le Courant du futur, parti irresponsable, prêt à tout pour atteindre son but qui consiste à reprendre le pouvoir, même s'il fallait, pour cela, développer un discours sectaire, sapant l'unité nationale et menaçant la stabilité. «Moi ou le chaos», telle semble être la devise du Courant du futur.

Source : French.alahednews

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