Livrer des armes aux rebelles syriens ne fait pas l’unanimité en France

La volonté de Londres et Paris de livrer des armes aux rebelles syriens ne fait pas l'unanimité en France. Plusieurs responsables s'inquiètent des risques d'une telle livraison et appelle à la prudence.
«La Syrie, c'est l'anti-Mali»
Le Front National (FN) a jugé «folle» la volonté de Paris d'armer les rebelles extrémistes en Syrie, les mêmes combattus au Mali.
«Nous le considérons comme une folie. La Syrie, c'est l'anti-Mali. En Syrie, nous voulons soutenir qui ? Des islamistes, des djihadistes, c'est-à-dire ceux-là mêmes qu'on combat au Mali», a affirmé vendredi le vice-président du FN, Florian Philippot, à France 2.

Le FN avait déjà critiqué la position française jeudi. Dans un communiqué, le conseiller aux affaires européennes de Marine Le Pen, Ludovic de Danne, avait jugé que les chefs de la diplomatie européenne étaient "soumis à un agenda du chaos souhaité par les mondialistes".
«Un très grand risque pris»
Même son de cloche chez le MoDem qui a appelé à «la prudence et la réflexion». «A qui livre-t-on des armes ?», a demandé le président du MoDem, François Bayrou, se disant «très interrogatif» sur cette perspective, annoncée par Paris.
«Je trouve qu’il y a là un très grand risque pris», a-t-il dit sur Europe 1. «Il y a des gens très bies dans la résistance syrienne et puis il y a des fondamentalistes», a souligné l’ex-candidat centriste à la présidentielle. «On a vu en Libye ce que faisaient les livraisons d’armes et le fait que ça se répandait dans toute la région et que nous ayons ensuite à les affronter.»
«Une politique hasardeuse»
L'ex-ministre centriste de la défense Hervé Morin a dénoncé une «politique hasardeuse», d'abord parce que «déchirer le contrat européen en disant que la France est souveraine et que, quelle que soit la décision européenne, on prendra ses propres décisions, c'est ne pas respecter la communauté de destin dans laquelle on est».
Les rebelles syriens sont composés d'un certain nombre de mouvements «djihadistes», a poursuivi le président de l'Union des démocrates et indépendants sur Radio Classique et Public Sénat. Ce ne sera pas pour livrer des armes légères, ils en ont. C'est donc pour livrer des systèmes sol-air ou sol-sol contre les chars ou l'aviation. Le jour où le régime de Bachar Al-Assad tombe, que deviennent ces armes ? Est-ce que nous avons intérêt à provoquer la militarisation de la région où se trouvent «Israël» et le Liban, a-t-il demandé.
«Le seul voisin par lequel vous pouvez faire passer ces armes, c'est la Turquie, selon l'ex-ministre. M. Hollande a-t-il demandé aux Turcs l'autorisation de livrer des armes à l'opposition syrienne ?». «C'est une annonce qui me fait penser à un jeu d'apprenti-sorcier, plutôt que de s'interroger sur les voies et moyens pour que les réfugiés puissent avoir des conditions dignes" et "avoir un engagement de la communauté internationale tout entière", a regretté M. Morin, soulignant les réticences des Etats-Unis et des pays européens hors Grande-Bretagne.
Appel à la prudence
Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, a appelé vendredi à la prudence sur la livraison d’armes aux rebelles syriens annoncée par Paris, souhaitant que la France ne s’isole pas dans ce dossier. «Il convient d’être très prudents sur ce sujet. Ca ne peut se faire que dans un cadre de partage de décision avec l’Union européenne», a déclaré le député sur RTL. «On connaît tous les risques qu’il peut y avoir de savoir où finissent ces armes», a-t-il dit. «Il ne faut pas se mettre en situation d’être en position isolée sur un conflit comme celui-là.» Souhaitant «une position commune au sein de l’Union européenne», Jacob a annoncé que son parti interrogerait le gouvernement la semaine prochaine sur cette initiative.
Source : agences, édité par : moqawama.org