Georges Abdallah effraie les Américains

Fatima ALI
Les amis de Georges Abdallah devaient normalement se rassembler pour l’accueillir sur l’aéroport de Beyrouth, lundi 14 janvier, après 29 ans de prison. Tout semblait bien se passer. La huitième demande de libération de Georges Abdallah a finalement été la bonne. La chambre d'application des peines de Paris, qui examinait l'affaire a décidé le 21 novembre la libération de Georges à condition d'être expulsé du territoire français. Mais, avant qu'il ne puisse regagner le Liban, le ministère de l'Intérieur français Manuel Valls devait signer cet ordre d'expulsion. Sans ce préalable, l'ancien chef des Fractions armées révolutionnaires libanaises, ne pourra quitter la prison de Lannemezan. Mais à la place, Valls a décidé de céder aux pressions américaines réclamant le maintien de Georges Abdallah dans les prisons françaises. Cette décision fut une grande surprise pour les milieux politiques libanais. Le Premier ministre Najib Mikati a dénoncé le report de la libération, qualifiant M. Abdallah, de "prisonnier politique". De son côté, le ministre des Affaires étrangères libanais, Adnane Mansour, a convoqué l’ambassadeur français à Beyrouth M. Patrice Paoli, pour discuter des raisons du report de la libération de Georges Abdallah. Le diplomate a affirmé avoir fait part à son gouvernement des «préoccupations qui s'expriment au Liban» concernant cette affaire. «Une préoccupation s'exprime ici au Liban. Elle a été relevée aujourd'hui par les autorités, par le ministère des Affaires étrangères en la personne de son ministre. Je relaie cette préoccupation aux autorités françaises», a-t-il dit.
Plusieurs interrogations se posent aujourd’hui concernant cette décision: le ministre de l'Intérieur français peut-il bloquer totalement les effets de la libération conditionnelle? Le procureur public français peut-il contester à nouveau la décision de libération après avoir perdu la bataille de la cour d'appel? Cependant, le Comité international pour la libération de Georges Abdallah considère que cette décision est politique par excellence.
Choqués par cette décision, la famille et les amis du détenu politique se sont rassemblés devant l’ambassade de France à Beyrouth pour manifester contre cette décision. Les manifestants sont des partisans de plusieurs partis politiques libanais et palestiniens. Ceux-ci ont dressé une tente devant l’ambassade pour observer un sit-in permanent. Le membre du bureau politique du Hezbollah, Ghaleb Abou Zeinab a jugé la décision du ministère de l’intérieur français «honteuse pour la politique française et la justice française». Il a appelé, à travers moqawama.org, à «écouter ce que réclament les manifestants qui attendaient la libération de Georges Abdallah et à refuser les pressions américaines sur ce sujet».
De son côté, l’ancien prisonnier dans les geôles israéliennes Anwar Yassin a considéré que le maintien de Georges dans les prisons françaises «a endommagé l’image de la France en tant que pays démocratique et libre». Les manifestants ont tous dénoncé la "mainmise des Etats-Unis" qui est derrière le maintien en détention de M. Abdallah.
Le petit frère de Georges, Robert Abdallah a signalé à moqawama.org que «la nouvelle fut dégoutante pour la famille de Georges», accusant la France de pratiquer «la même politique coloniale des époques passées». «Nous regrettons de voir la justice française soumise à la volonté américaine», a-t-il dit.
Source : moqawama.org
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