L’Irak rejette catégoriquement la normalisation avec «Israël»
Par AlAhed avec sites web
«Bagdad a fermement rejeté toute perspective de relations diplomatiques avec Israël», a affirmé le premier ministre irakien Mohammad Chia al-Soudani, soulignant que «la normalisation n’a pas sa place dans le cadre politique, juridique ou moral du pays».
S’exprimant lors de la messe de Noël célébrée mercredi 24 décembre à l’église syriaque catholique Notre-Dame du Salut à Bagdad, al-Soudani a affirmé que ce concept est «étranger» à l’Irak et que «le terme normalisation n’existe pas dans le vocabulaire irakien, car il s’agit d’une entité occupante qui s’oppose à l’humanité tout entière et que toutes les religions rejettent.»
Ces propos répondaient aux propos du cardinal Louis Raphael Sako, patriarche de l’Église catholique chaldéenne, qui avait évoqué la nécessité pour le nouveau gouvernement de veiller à une «normalisation» en Irak.
«Monsieur le Premier ministre, on parle de normalisation, et j’espère que le nouveau gouvernement veillera à ce que cette normalisation se fasse en Irak et avec l’Irak», a déclaré le Cardinal au Premier ministre irakien.
Ses propos ont immédiatement suscité la controverse, car la loi irakienne adoptée en 2022 criminalise toute forme de normalisation avec «Israël». Le texte interdit «l’établissement de relations diplomatiques, politiques, militaires, économiques et culturelles, ainsi que toute autre forme de relations avec l’entité sioniste», et prévoit des peines allant de la prison à perpétuité jusqu’à la peine de mort, dans certains cas.
Al-Soudani a également souligné que la priorité du pays résidait dans la cohésion intérieure, et non dans des agendas étrangers.
Le religieux chiite Moqtada al-Sadr y a réagi, lui aussi, soutenant la position du Premier ministre irakien. «La normalisation est un crime, et la loi irakienne y prévoit des sanctions», a-t-il affirmé. Il a ajouté que «quiconque la promeut ou la demande ne pourra pas échapper à la justice».
«Les autorités compétentes doivent s’acquitter rapidement de leurs fonctions ; il n’y aura pas de place pour la normalisation ou sa légitimation en Irak», a-t-il souligné.
De son côté, la ministre de l’Immigration et des Déplacés, Evan Faeq Jabro, a exprimé son rejet catégorique de toute déclaration ou position appelant à la normalisation avec l’entité sioniste ou la justifiant sous quelque forme que ce soit, soulignant que de telles opinions ne reflètent pas la position du peuple irakien dans sa diversité.
Elle a précisé que l’Irak, tant au niveau gouvernemental que populaire, reste attaché à son soutien à la juste cause palestinienne, rejetant toutes formes d’occupation et d’agression, conformément à ses principes nationaux et humanitaires et à son engagement historique envers les questions de droit et de justice, saluant la position ferme du Premier ministre contre la normalisation.
En réaction à la polémique, le bureau du cardinal Sako a publié un communiqué précisant que ses propos ne concernaient pas une normalisation politique avec «Israël», notant que le religieux a «condamné à plusieurs reprises l’agression brutale israélienne contre Gaza».
Il faisait plutôt référence, indique le communiqué, à l’engagement culturel et civilisationnel en Irak, notamment au tourisme et à la promotion du patrimoine.
Ce débat intervient dans un contexte régional marqué par les pressions américaines sur leurs alliés régionaux pour qu’ils adhèrent aux soi-disant «accords d’Abraham» qui officialise la normalisation des relations avec «Israël».
Sous la pression du président Donald Trump, les Émirats arabes unis et Bahreïn ont normalisé en 2020 leurs relations avec «Israël», et ont été suivis ensuite par le Soudan et le Maroc. Les Palestiniens l’ont qualifié de «trahison».
Depuis, Washington a cherché à étendre ces accords à d’autres pays de l’Asie de l’Ouest, dont l’Arabie saoudite comme une cible prioritaire.
Les dirigeants régionaux ont cité à plusieurs reprises l’opposition publique massive à «Israël», en particulier après la guerre génocidaire menée par l’entité «israélienne» contre Gaza, comme un obstacle majeur à la normalisation.
Les critiques affirment que ces accords n’ont pas permis d’instaurer la stabilité et ont au contraire renforcé le colonialisme de peuplement «israélien» et l’insécurité régionale.