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Liban: Washington fait pression pour modifier la fonction de l’armée

Liban: Washington fait pression pour modifier la fonction de l’armée
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Par Ali Haidar*

«Israël» traite le Liban aujourd'hui selon une nouvelle perspective, qui repose sur une compréhension plus large du rôle que les puissances régionales souhaitent imposer aux États fragiles qui l'entourent.

Dans ce contexte, «Tel Aviv» considère l'armée et l'État libanais comme un terrain qui peut être réorienté politiquement et militairement pour servir son projet de cerner la Résistance et de changer l'environnement dans lequel elle opère.

L’idée maîtresse n’est pas cette fois-ci l’affrontement direct, mais plutôt l’essai d’instrumentaliser les institutions de l'État lui-même et de les inciter à jouer des rôles qui complètent ce que la puissance militaire israélienne n’a pas réussi à réaliser au cours des dernières décennies.

Le discours récent de Benjamin Netanyahu à l’ONU a clairement illustré cette approche. Plutôt que de se contenter de louer la décision du gouvernement libanais «visant à démanteler l’armement du Hezbollah», il a rapidement exprimé son mécontentement vis-à-vis des simples déclarations, affirmant : «Nous avons besoin de plus que des mots.» Cela constitue une indication directe que «Tel Aviv» ne se contente pas d'une position politique, mais attend des mesures concrètes à être mises en œuvre, selon sa vision, par l’armée libanaise elle-même.

Ce que Netanyahu a exprimé en termes diplomatiques, Tamir Hayman, ancien chef du renseignement militaire et président de «l'Institut de recherche sur la sécurité nationale», l'a déclaré plus clairement en appelant à «inciter l'armée libanaise à entrer en conflit avec le Hezbollah».

Cette proposition résume le cœur de l'approche «israélienne» à ce stade : encourager un conflit interne qui redéfinisse l'environnement libanais et pousse l'armée à adopter une posture conflictuelle envers la Résistance, ouvrant ainsi la voie à un nouvel paysage politique qui met en danger ce qu'il reste de stabilité interne et mène le pays au bord de l'effondrement sécuritaire et politique.

Le moyen le moins coûteux d'atteindre les objectifs «israéliens» réside dans la modification de l'orientation de la décision souveraine libanaise. Il est évident que cette orientation repose sur une analyse approfondie de la longue expérience israélienne avec la Résistance. Les défaites accumulées depuis le retrait de 2000, en passant par la guerre de 2006, jusqu'aux résultats de la guerre de 2024 (où «Israël» a réussi à infliger des frappes sévères et sans précédent sans pouvoir éradiquer la Résistance ou neutraliser ses capacités), ont renforcé dans l'esprit de la sécurité «israélienne» la conviction que la seule force militaire est incapable de sortir la Résistance de l’équation.

«Israël», malgré les dommages qu'il a infligés, a échoué à briser la capacité de la Résistance à défendre et à empêcher l'invasion du sud du Litani, ni à la repousser en dehors des équilibres internes libanais. De là a émergé chez les décideurs à «Tel Aviv» l'idée que le moyen le moins coûteux d'atteindre les objectifs «israéliens» réside dans la modification de l'orientation de la décision souveraine libanaise elle-même : redéfinir le rôle de l'armée et la position de l'État dans l'approche du dossier de la Résistance, ou du moins parier sur la possibilité d'y parvenir par des pressions politiques et sécuritaires.

Au cœur de ce processus se distingue le rôle américain, qui constitue la base la plus profonde de la stratégie «israélienne» à long terme. Hayman a exprimé clairement la nature de cette relation, en affirmant que les attaques en cours ne sont qu'un moyen temporaire en l'absence d'une «politique américaine-israélienne à long terme». Il a souligné la nécessité de combiner pression politique et action militaire pour imposer un «réalité sécuritaire stable». Ainsi, il clarifie que Washington demeure le levier supposé exercer des pressions financières et politiques sur l'État libanais et ses institutions, notamment l'armée.

Sur cette base, on peut comprendre les trajectoires qui sont actuellement encouragées. Il y a une tentative claire d’amener le Liban vers des négociations directes avec «Israël», comme l’a exprimé Netanyahu en déclarant que «la paix viendra rapidement» si le Liban prend des mesures pour «neutraliser le Hezbollah». En même temps, des pressions sont exercées sur l'armée libanaise pour qu'elle prenne des mesures dans le sud, telles que des raids ou des mouvements de sécurité, qui pourraient être exploités pour provoquer un conflit avec l’environnement populaire de la Résistance. Quiconque connaît la nature du sud libanais sait que de telles actions ne peuvent être interprétées que comme des étapes préparatoires à un chemin plus dangereux.

Cependant, ce qui constitue une menace réelle pour les paris «israéliens» est la possibilité que le Liban maintienne son unité politique, ses éléments de force et sa décision souveraine indépendante. «Israël» sait que toute cohésion libanaise - qu'elle soit politique, militaire ou populaire - entrave ses tentatives de redéfinir la fonction de l'armée et de transformer l'État en un outil de pression sur la Résistance. Ce scénario est le plus dangereux pour ses projets, car il maintient l'équation défensive du Liban intacte et empêche l'armée de devenir un acteur dans un conflit interne ou un instrument pour imposer des compromis désirés par «Tel Aviv».

Ce que l'on peut déduire concernant l’approche «israélienne» aujourd'hui, c'est que l'objectif réel n'est pas seulement de faire pression sur la Résistance, mais d'entraîner l'armée libanaise dans des actions qui la placent en position de confrontation avec elle, ce qui entraînerait un tremblement intérieur et redéfinirait la fonction de l'État.

En revanche, ce que craint réellement «Israël», c'est que ce plan échoue et qu'une conscience politique nationale se consolide au Liban, préservant la souveraineté et les éléments de force qui ont protégé le pays face aux agressions, maintenant ainsi les projets d'hégémonie hors de ses frontières.

*Article paru dans le quotidien libanais al-Akhbar, traduit par l’équipe du site

 

 

 

 

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