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Résolution 2803: Une victoire diplomatique pour «Israël» et une nouvelle tutelle internationale sur Gaza

Résolution 2803: Une victoire diplomatique pour «Israël» et une nouvelle tutelle internationale sur Gaza
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Par Assia Husseini

Le 17 novembre, le Conseil de sécurité a approuvé une résolution américaine soutenant le plan de Donald Trump visant à mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza. Ce plan prévoit notamment le déploiement d’une «force internationale» dans le territoire. La plupart des pays arabes, dont l’Égypte, ont apporté leur appui à cette initiative, adoptée sous le numéro 2803. La résolution prévoit la création d’une «force internationale de stabilisation» chargée de garantir la sécurité dans Gaza et de remplacer les forces d’occupation israéliennes, supposées se retirer. Cette force se verra aussi confier une mission délicate et hautement sensible : le «désarmement» total de Gaza et la destruction des infrastructures des groupes de résistance.

Dans l’ensemble, il semblerait que cette résolution représente ce qu’«Israël» n’a pas réussi à obtenir militairement à travers sa campagne de génocide : les États-Unis le lui offrent désormais par la diplomatie et sous couvert d’une légitimité internationale.

L’analyste politique palestinien Saleh Abou Ezza a indiqué à Al-Ahed que, malheureusement, ce projet bénéficie aussi d’un soutien arabe, qu’il s’agisse du groupe arabe conduit par l’Algérie ou du groupe des huit pays arabes et islamiques mené par la Turquie et le Qatar. Tous ont accepté d’aller vers l’option de la résolution américaine, bien qu’elle n’impose aucune responsabilité à «Israël» concernant le génocide, ni sanctions, ni obligations qu’Israël devrait respecter envers Gaza, comme si ce pays n’était pas responsable de la mort, des blessures, de la détention ou de la disparition de 250 000 Palestiniens, un quart de million d’habitants du secteur.

D’un autre côté, il ne s’agit pas seulement d’une tutelle militaire exercée par des forces internationales. Les factions palestiniennes espéraient une force de séparation entre «Israéliens» et Palestiniens ; or, ces troupes seront présentes au cœur même des villes, des villages et des camps palestiniens. Cela signifie qu’elles deviendront une force susceptible d’entrer en confrontation directe avec la résistance palestinienne, l’un des grands dangers de cette résolution.

Abou Ezza ajoute : à cette tutelle militaire et sécuritaire s’ajoute une tutelle politique et administrative sur l’ensemble du territoire, comme si la bande de Gaza tout entière était placée sous protectorat américain.

La Russie et la Chine avaient pourtant mis en garde contre cette décision, mais ces deux pays ne peuvent pas être «plus royalistes que le roi» si les principaux concernés, les pays arabes et l’Autorité palestinienne, ont choisi d’approuver cette résolution. Ils se sont donc abstenus lors du vote, ce qui a permis son adoption.

Concernant l’approche probable de la résistance palestinienne, sa position est claire selon Abou Ezza : elle a une vision précise des mécanismes de gouvernance dans la bande de Gaza, de la gestion de la reconstruction et de tout ce qui concerne son armement. «Israël» n’a pas réussi à désarmer la résistance par la guerre génocidaire ; elle ne parviendra pas non plus à le faire via les forces internationales. «Toutefois, la résistance pourrait adopter une stratégie plus clandestine, accroître la discrétion de ses opérations et mobiliser les efforts populaires pour empêcher toute force internationale de s’installer dans certaines zones», ajoute-t-il.

Une autre approche pourrait consister à faire pression pour que certains pays comme la Turquie ou l’Égypte participent à ces forces internationales. Ces deux États ne peuvent pas aller vers un affrontement direct avec les Palestiniens, même si la mission inclut théoriquement le désarmement de la résistance. Ils pourraient exercer des pressions politiques ou poser des limites, mais il n’y aurait pas de confrontation menant à l’effondrement ou à l’élimination de la résistance. Néanmoins, Israël a été clair dans sa position et refuse toute participation de la Turquie dans cette force. Le «ministre israélien des Affaires étrangères», Gideon Saar, a affirmé que son pays n’acceptera en aucun cas la présence de forces armées turques dans la bande de Gaza dans le cadre de toute initiative internationale visant à mettre fin à la guerre.

Saar a ajouté : «La Turquie, sous la direction d’Erdogan, a adopté une approche hostile envers Israël ; il est donc inconcevable d’autoriser ses forces à entrer dans le territoire. Nous l’avons clairement fait savoir à nos amis américains.»

Néanmoins, Abou Ezza a affirmé qu’aucune résolution internationale ne sert autant les intérêts d’«Israël» que celle-ci. Ses réserves portent notamment sur la question de l’État palestinien, qui ne verra de toute façon pas le jour ; le texte parle de réformes de l’Autorité palestinienne et du «processus menant à l’établissement d’un État», sans aucune garantie réelle ni échéance.

Il ajoute : c’est une répétition des illusions de Madrid, d’Oslo, de Wye River ou de Charm el-Cheikh. L’insistance israélienne sur ce point relève surtout du chantage : «Israël» cherche à faire payer ses alliés, notamment les États-Unis, en échange de son acceptation de cette clause, que ce soit par des concessions en Cisjordanie, un renforcement du soutien militaire américain ou des avancées supplémentaires dans la normalisation avec les pays arabes, en particulier l’Arabie saoudite.

En définitive, la résolution 2803 ouvre une nouvelle phase du conflit autour de Gaza, en transférant la gestion du territoire à une force internationale largement influencée par Washington, au moment même où les acteurs arabes et l’Autorité palestinienne valident cette dynamique. Si cette résolution offre à «Israël», par la voie diplomatique, ce qu’il n’a pu imposer militairement, elle place parallèlement la population palestinienne face à une nouvelle forme de tutelle sécuritaire, politique et administrative. Reste à savoir comment la résistance palestinienne adaptera ses stratégies à ce nouveau paysage.

 

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