Soudan: L’Iran appelle à une action internationale rapide face à l’aggravation de la crise
Par AlAhed avec agences
Un haut diplomate iranien a condamné les «crimes et la crise humanitaire» qui se déroulent dans la ville soudanaise d’el-Facher, appelant à une action internationale urgente pour faire face à l'aggravation de la situation au Darfour Nord.
L'ambassadeur d'Iran auprès de l'ONU à Genève, Ali Bahreïni, a prononcé ces propos ce vendredi 14 novembre lors de la 38e session extraordinaire consacrée à la situation des droits de l'homme à el-Facher et dans ses environs, dans le contexte du conflit en cours au Soudan.
Il a exprimé son inquiétude face à l'aggravation de la crise humanitaire, mettant en garde contre la famine, les déplacements massifs de population et l'impact des ingérences étrangères sur le conflit.
«La famine extrême, les déplacements massifs de population et les souffrances des civils ont engendré l'une des crises humanitaires les plus graves au monde, qui exige une attention immédiate de la communauté internationale», a déclaré l'ambassadeur.
M. Bahreïni a critiqué la communauté internationale pour son «silence» face à la crise et a souligné les inquiétudes quant à l'implication étrangère.
«Notre principale préoccupation concerne la poursuite des transferts d’armes qui contribuent à ces crimes. Les interventions étrangères, notamment la fourniture d’armes et le recrutement de mercenaires, alimentent la perpétuation des conflits et l’escalade de la crise humanitaire», a-t-il ajouté.
Il a également souligné la nécessité de respecter la souveraineté du Soudan.
«L’Iran rejette fermement toute tentative d’imposer une situation de double gouvernance ou de saper l’autorité centrale du gouvernement légitime du Soudan», a-t-il déclaré.
M. Bahreïni a exhorté tous les pays à prendre des «mesures décisives», à protéger les civils et à soutenir les efforts visant à instaurer une paix et une unité durables au Soudan.
Les violences au Soudan se sont considérablement intensifiées au cours du mois dernier, notamment après la prise d'el-Facher fin octobre par les Forces de soutien rapide (FSR) et les milices alliées.
Les rebelles soutenus par les Émirats arabes unis ont massacré au moins 2.000 personnes à el-Facher, dans ce que certains groupes de défense des droits humains qualifient de «véritable génocide».
Le conflit a donné lieu à des atrocités généralisées, notamment des massacres ethniques, des violences sexuelles, des exécutions sommaires et le déplacement massif de près de 89.000 personnes dans et autour de la ville.
L'armée et les FSR, autrefois alliées, sont entrées en guerre en 2023.
L'OMS affirme que les combats ont fait au moins 40.000 morts et les Nations Unies estiment que 12 millions de personnes ont été déplacées.
Les organisations humanitaires affirment que le nombre réel de morts pourrait être bien plus élevé.
Lors de sa session de ce vendredi, le principal organe des Nations Unies chargé des droits de l'homme a adopté une résolution ordonnant à la mission indépendante d'établissement des faits de l'ONU sur le Soudan d'enquêter d'urgence sur les violations du droit international commises par toutes les parties dans cette ville de l'ouest du pays, et l'exhortant à «identifier, lorsque cela est possible», les auteurs présumés afin de garantir qu'ils soient «tenus responsables».
«Les atrocités qui se déroulent à el-Facher étaient prévisibles et auraient pu être évitées, mais elles n’ont pas été empêchées. Elles constituent les crimes les plus graves», a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
M. Türk a déclaré que «personne ne devrait être surpris» par les informations, depuis la prise de contrôle de la ville par les FSR, faisant état de «massacres de civils, d'exécutions ciblées sur des critères ethniques, de violences sexuelles, notamment des viols collectifs, d'enlèvements contre rançon, de détentions arbitraires généralisées, d'attaques contre des établissements de santé, du personnel médical et des travailleurs humanitaires, et d'autres atrocités épouvantables».
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