Discours du secrétaire général du Hezbollah à l’occasion de la commémoration du martyre Ibrahim Aqil

Nous nous retrouvons aujourd’hui à l’occasion du premier anniversaire des martyrs de la force Radwan et des habitants de l’immeuble al-Arz. Nous parlerons de cet événement et du commandant, haj Abdel Qader, Ibrahim Aqil. Nous aborderons aussi, dans la deuxième partie, la situation politique générale au Liban et dans la région.
Quelques mots sur le chef martyr Abdel Qader
Les martyrs de l’unité Radwan sont les martyrs du chemin vers la libération d’al-Qods (Jérusalem), les martyrs du chemin de la libération de la patrie, les martyrs de la dignité et de la fierté.
Le 20 septembre 2024, l’ennemi «israélien» a attaqué un centre où se réunissaient des responsables de la force Radwan dans l’immeuble al-Arz dans la banlieue sud de Beyrouth. Dix-huit martyrs parmi les commandants de Radwan ont été tués, ainsi qu’une cinquantaine de martyrs civils, des hommes, des femmes et des enfants, dont quatre sont encore portés disparus jusqu’à maintenant.
Ces martyrs, leurs sangs se sont mêlés, entre un résistant portant les armes et un civil portant le souci de la patrie. Le résultat a été que ces martyrs sont tous montés ensemble dans la même embarcation sur la voie de la vérité, de la résistance, de la libération, la voie du salut de la patrie.
Nous ne pouvons pas parler de tous les martyrs. En vérité, chacun d’eux a une biographie importante, mais il est nécessaire de parler du martyr haj Abdel Qader, Ibrahim Aqil, responsable jihadiste.
Deux caractéristiques essentielles du martyr Abdel Qader
Ibrahim Aqil est l’homme qui s’est distingué par deux caractéristiques essentielles, grâce auxquelles il est parvenu à cette grande mission, celle du commandement qui mène au martyre.
La première qualité fondamentale est la foi en Dieu, et la foi en l’Islam. Parfois, nous oublions que ces grands résultats sont des bénédictions de la foi, des bénédictions du lien avec Dieu, du lien avec l’obéissance et la wilaya, et du lien avec le prophète Mohammad, avec les prophètes et les envoyés de Dieu.
Hajj Ibrahim est parti de la mosquée, dans la région de Basta Tahta, la mosquée al-Amiliyya. Il a été influencé par la pensée du martyr qui est une référence religieuse, sayed Mohammad Baker al-Sadr. Il a été aussi influencé par les cours, les orientations et le mouvement de l’imam disparu, sayyed Moussa al-Sadr. Puis vint la révolution de l’imam Khomeiny, qu’il a suivie de près. Il a très vite éprouvé une allégeance absolue à cette révolution, qui a été ensuite dirigée par l’imam Khamenei, après la disparition de l’imam Khomeiny. Le martyr Abdel Qader vouait une grande admiration à cette révolution, qui s’est étendue à la personne du sayyed des martyrs de la oumma Hassan Nasrallah. Il était très imprégné de cette grande école de foi.
Il se distinguait par sa dévotion, son jeûne les lundis et vendredis, et il priait beaucoup. Il s’est profondément immergé dans l’interprétation du Coran. Il donnait d’ailleurs des conférences et prononçait des discours où il citait les versets du Coran. Il avait une vision pénétrante, du courage, de la force, et de l’humilité. Il ne craignait ni la mort ni les dangers. Il lisait beaucoup, analysait, et était un orateur éloquent, capable de discuter avec les autres.
Il faisait partie de la première génération ; je me rappelle encore de lui quand il était dans la région de Basta Tahta et de Khandaq al-Ghamik. A l’époque, j’étais moi-même avec d’autres frères dans la région de Mousseitbé et ses alentours. Il y avait une coordination et une coopération entre nous, avant la victoire de la révolution islamique en Iran, et avant l’invasion de 1982. Il s’occupait aussi de ses frères et de sa famille.
Ainsi, la première qualité importante c’est qu’il est parti de la foi en Dieu, et de l’engagement envers Lui et il a porté l’étendard de l’islam authentique avec la direction incarnée par l’imam Khomeiny, puis poursuivie par l’imam Khamenei.
La deuxième qualité distinctive est son jihad dans l’obéissance. C’est-à-dire qu’il était un moudjahid du premier rang. Il plaçait en tête de ses priorités la libération de la Palestine, et il combattait pour la libération de la terre et il voulait affronter les tueurs de prophètes : «Israël» et ses alliés. Il a fait face à l’invasion de 1982, il a été responsable de l’entraînement central au Hezbollah au début des années 1990. Il a également assumé la responsabilité de l’état-major, et de l’unité des opérations de Jabal Amel depuis 1997 jusqu’à après la libération en 2000. Il a participé à la bataille d’Ansariyeh, et il a été l’un des commandants de la guerre de juillet 2006. Il a combattu en Syrie, à Qousseir et au Qalamoun.
Depuis 2008, il a occupé le poste d’adjoint du secrétaire général du Hezbollah, sayyed des martyrs de la Oumma, Hassan Nasrallah. Il avait donc un rôle jihadiste et de commandement fondamental.
Sa particularité était d’être doté d’une vision stratégique dans le domaine militaire et dans le domaine politique, et cette vision était enveloppée de foi et de piété. Il analysait, théorisait et planifiait. Il était un des piliers de l’action jihadiste, et un des piliers des réalisations et des victoires accomplies avec ses frères : haj Imad, haj Fouad, haj Karaki, sayed Moustafa Badreddine, et d’autres.
Parmi ses paroles : «Les vrais et véritables vainqueurs sont les martyrs ; ils ont triomphé et ont été fidèles à ce qu’ils avaient promis à Dieu, et ils ont eu l’occasion de le réaliser.»
Lorsque nous rendons hommage à ce chef martyr haj Abdel Qader, Ibrahim Aqil, nous tirons de ses positions des leçons et des enseignements, et nous voyons comment les grands sacrifices qu’il a consentis étaient pour la Oumma, pour l’avenir des enfants et des générations, pour la libération de la terre, la dignité, la souveraineté et l’indépendance, afin que notre région jouisse d’un peu de fierté, de dignité, de calme et de tranquillité, dans la bénédiction de Dieu et dans le respect de l’avenir des générations futures.
À son âme, aux âmes des martyrs de Radwan, aux âmes des martyrs dans l’immeuble al-Arz en particulier parmi les civils, et à toutes les âmes des martyrs de cette voie, les martyrs de la résistance, nous offrons le mérite de la sourate bénie al-Fatiha, avec la prière sur Mohammad et Sa Famille.
Par fidélité, et en raison de la particularité d’un autre commandant qui est passé à la direction de Radwan, et qui a été responsable de la force pendant une période, il est nécessaire de parler, même brièvement, du chef martyr Ahmad Mahmoud Wahbi, hajj Abou Hussein Samir, qui a rejoint la résistance islamique depuis sa fondation, et qui a été un des commandants de terrain dans l’embuscade d’Ansariyeh. Il a été capturé par l’ennemi israélien, et il a assumé plusieurs responsabilités de premier plan, dont celle de l’unité de l’entraînement central. Il a été aussi responsable de la force Radwan jusqu’au début de 2024. Il a été ensuite remplacé par un autre après être revenu à l’entraînement, suite au martyre du frère Jawad al-Tawil.
Le martyr est l’une de ces personnes spirituelles, croyantes, humbles, qui éduquent directement les jeunes, et il est devenu un des grands modèles pour des centaines et des milliers de commandants, de moudjahidines et de martyrs. À son âme, nous dédions la sourate bénie al-Fatiha, avec la prière sur Mohammad et Sa Famille.
On m’a informé que l’un des frères moudjahidines est décédé d’une maladie grave il y a quelques jours. Il avait participé à la plupart des opérations de la résistance depuis 1987 jusqu’à la guerre d’Ouli al-Baas (bataille des Vaillants). Il s’est même distingué en 2006, où il a été commandant d’une unité antichar. Il était aussi un modèle. À sa famille, et à toutes les familles des martyrs, nous dédions aussi la sourate bénie al-Fatiha, avec les condoléances, et la prière sur Mohammad et Sa Famille.
La région tout entière face à un tournant politique exceptionnel et dangereux
Nous arrivons maintenant à la situation politique, et je vais évoquer plusieurs points :
Premièrement : la région tout entière est face à un tournant politique exceptionnel et dangereux ; car l’entité «israélienne» qui a été implantée dans notre région, artificiellement, depuis le début du XXe siècle, y a provoqué une profonde division avec un soutien colonial arrogant, d’abord britannique puis américain. Cette entité usurpatrice est aussi expansionniste. Son but est d’être un morceau de l’Occident, un outil pour l’Amérique, un épouvantail pour la région, et une situation expansionniste privant la région de son indépendance et ses fils de leur liberté de choix, afin qu’elle soit rattachée au projet occidental : économique, politique et culturel. Celui qui n’accepte pas cette réalité doit faire face à l’épouvantail et celui qui se rebelle doit faire face au bâton. Ceux qui s’opposent à ce projet et à cette politique sont tués, exterminés et diffamés...
Ainsi, «Israël» est une entité expansionniste, coloniale, américaine et occidentale, qui veut contrôler la région et lui ôter toute liberté de choix.
«Israël» a atteint le sommet du crime, de la sauvagerie, et du non-respect de toute règle humaine, juridique, internationale ou de droits, avec un soutien total de l’administration américaine. Ce projet n’est pas expansionniste seulement maintenant. Il l’est depuis le début de son existence, mais il avait besoin de temps et de conditions favorables pour se préciser et se développer.
Le génocide qu’accomplit «Israël» aujourd’hui, avec un soutien américain et une couverture directe de la part des Etats-Unis, est dû au fait que les précédentes étapes n’ont pas mené au résultat voulu dans la rapidité de l’expansion : la guerre douce n’a pas servi, les sanctions n’ont pas servi, la Conférence de Madrid n’a pas servi, ni les «accords d’Abraham»... Tout cela n’a pas permis de réaliser le gain net et rapide voulu par l’Amérique et «Israël».
Le génocide est donc devenu «la solution». De toute façon, «Israël», au début, avait commencé par le génocide, puis il s’était arrêté un temps, en pensant pouvoir atteindre ses objectifs par d’autres moyens que le génocide. Mais lorsque les «Israéliens» ont découvert que les peuples de la région sont des peuples vivants, et que le peuple palestinien est un peuple vivant, fier, qui n’accepte pas d’abandonner sa terre, et qui est prêt à tous les sacrifices pour la récupérer, il ne restait plus que l’utilisation du génocide. Donc, toutes les prétextes ne sont que des prétextes temporaires, car le projet de départ est un projet de génocide.
«L’Israélien» a annoncé clairement qu’il veut le «Grand Israël»
De toute façon, «l’Israélien» a annoncé clairement qu’il veut le «Grand Israël». Netanyahu l’a dit clairement: il veut changer la carte du nouveau Moyen-Orient, il veut redessiner la région, il veut réaliser le «Grand Israël», mettre fin à la résistance dans toute la région, exterminer le Hamas et expulser le peuple palestinien de sa terre à Gaza dans une première étape, puis occuper la Cisjordanie. Tout cela il l’a dit et proclamé, et il l’applique concrètement sur le terrain de manière à confirmer ses propos.
Nous devons donc savoir exactement à quoi nous faisons face : il y a un projet qui s’appelle le «Grand Israël». il ne s’agit donc pas d’une agression «israélienne» temporaire dictée par certaines raisons, et dont on pourrait résoudre le problème. Non, ce problème ne se résoudra pas par les voies habituelles. Il ne se résoudra pas par des accords, ni par une patience perpétuelle, ni par l’intervention des grandes puissances ; car elles n’interviendront que dans l’intérêt d’«Israël». Nous devons chercher d’autres solutions afin de faire face à ce défi dangereux.
«Israël» a frappé au Qatar ; le Qatar qui abrite la plus grande base américaine, laquelle est censée protéger le Qatar, d’«Israël» et d’autres dangers. «Israël» a frappé le Qatar sous prétexte de tuer la direction palestinienne. Certes, la direction palestinienne est bien la cible, mais le Qatar aussi est une cible ; car il était possible de trouver une autre méthode pour chercher à tuer la direction palestinienne ailleurs, ou par d’autres moyens. Mais pour les «Israéliens», il fallait que cette frappe ait lieu au Qatar, afin d’envoyer un message à celui-ci et à tous les autres pays. C’est pourquoi nous considérons que l’après-frappe du Qatar diffère de l’avant-frappe du Qatar. C’est-à-dire que même nous, dans notre manière de penser ; les États, les régimes, les peuples, les gens, les mouvements, les différentes forces, leur manière de penser après le Qatar doit être différente de celle d’avant le Qatar ; car après le Qatar, tout est devenu clair. Le projet expansionniste est devenu une réalité incontestable, surtout si les coups restent à la même cadence. Il faut changer, il faut transformer notre façon d’agir et de réagir.
A un moment donné, ils avaient réussi à présenter la résistance comme un ennemi commun pour «Israël» et pour la majorité des Arabes, en disant qu’«Israël» était celui qui assurait la protection contre cette résistance. Ils ont fait de la résistance un ennemi, et d’«Israël» un ami.
Après la frappe contre le Qatar, pour les «Israéliens», la cible est devenue la résistance, les régimes, les peuples, et tout obstacle géographique ou politique devant le «Grand Israël».
Quel est l’objectif ?
L’objectif est : la Palestine, le Liban, la Jordanie, l’Égypte, la Syrie, l’Irak, l’Arabie Saoudite, frapper le Yémen, et l’Iran... Tout cela est considéré comme des étapes successives. Plus tard, viendra le tour de la Turquie et d’autres régions, afin qu’«Israël» parvienne non seulement à devenir le «Grand Israël», mais aussi pour qu’ils puissent dire, dans l’hypothèse où ils avanceraient (et si Dieu le veut, ils n’avanceront pas),: «Nous avons désormais le Très-Grand Israël», sur la base de l’expansion jusqu’au Pakistan, jusqu’à l’Afghanistan, et vers d’autres lieux.
Vous savez qu’«Israël», depuis des dizaines d’années, s’installe en Afrique, et il a établi des positions en Ukraine, et dans un certain nombre d’États. Il a aussi une influence, une emprise et des tentacules au sein du pouvoir, dans ces pays avec l’aide des Américains.
Un jour, j’ai reçu la visite d’un de ceux qui travaillent dans un pays arabe, dans une organisation qui affronte le projet «israélien». Je lui ai posé une question : «Pourquoi prenez-vous des mitraillettes et des grenades -en tant qu’État- d’Israël ?» C’est-à-dire, ce sont des instruments faciles à trouver ! On peut les obtenir de n’importe où ! Pourquoi les prenez-vous d’«Israël» ? Il a répondu : «Nous avons besoin de ces armes en tant que gouvernement, de n’importe quel pays; car nous n’avons rien, ne serait-ce que pour maintenir l’ordre intérieur. L’Amérique nous a imposé une condition : soit vous prenez les armes d’Israël, soit il n’y a pas d’armes ! Même ces armes basiques.» Voilà donc comment ils ont commencé à acheter les armes d’«Israël», afin de renforcer son influence dans cette région africaine.
Nous devons prendre des mesures pour arrêter l’ennemi
C’est-à-dire, voyez où est arrivé le raisonnement ; je ne sais pas s’il y a des gens qui ne comprennent pas, ou qui ne savent pas, ou qui ne lisent pas, ou qui ne voient pas ! Nous devons tous faire face à ce danger ; ce n’est pas seulement notre responsabilité, la responsabilité de la résistance. Non, c’est la responsabilité de tous : des États, des régimes, des peuples et de la résistance. La seule voie possible pour cette confrontation est que nous soyons unis contre l’ennemi commun. Y a-t-il des limites à l’unité ? Définissons nous-mêmes les limites de cette unité.
Dieu Tout-Puissant a dit dans Son Livre :
{Cette communauté qui est la vôtre est une seule communauté, et Je suis votre Seigneur. Craignez-Moi donc.}
Nous devons inverser l’équation. Je vais tracer un plan ou une étape rapide et claire, qui n’a pas besoin de détails ni d’explications : nous devons inverser l’équation, «Israël» doit être le danger, et non pas la résistance, et nous devons savoir que le danger que représente «Israël» est global pour tout le monde : pour la résistance, pour les régimes, pour les peuples, pour les Arabes, les musulmans, les chrétiens, pour l’humanité entière. Ce n’est pas un danger dans un endroit, mais un danger qui s’étend d’un endroit à tous les autres. C’est une chose évidente à travers les applications pratiques.
Nous devons prendre des mesures pour arrêter l’ennemi, non l’aider contre la résistance et contre son projet expansionniste.
J’ai remarqué dans le Coran une orientation subtile dans la définition de Satan, et la manière de le traiter...
Dieu Tout-Puissant dit :
«Certes, Satan est pour vous un ennemi, prenez-le donc pour ennemi» ; c’est-à-dire que la première chose, c’est que vous devez savoir que Satan est un ennemi, mais vous devez le mettre devant vous et dire : celui-ci est un ennemi. Car si vous ne le prenez pas pour un ennemi, si vous ne considérez pas qu’il est un ennemi, si votre vie n’est pas conçue sur cette base, si tous vos projets ne sont pas construits sur le fait que Satan est un ennemi, vous ne pourrez pas réussir à mener à bien votre mission dans ce monde.
Aujourd’hui, si nous ne mettons pas «Israël» devant nous comme étant l’ennemi premier, l’unique, et fondamental, derrière lequel se trouve l’Amérique, et si nous ne considérons pas que nous devons affronter cet ennemi, et que nous devons coopérer ensemble pour l’affronter, et qu’il doit avoir la priorité des priorités dans la confrontation, personne ne peut réussir cette mission dans notre région. Cette affaire s’applique au Liban comme à toute la région. Ceci est le premier point concernant l’entité israélienne et le conflit avec elle.
J’appelle l’Arabie Saoudite à ouvrir une nouvelle page avec la résistance
Deuxième point : je vais faire une proposition publique, et c’est une étape pratique avancée pour gagner du temps et de l’effort. Certains diront : «Bon, n’était-il pas possible de le faire autrement ?» Non, je la propose publiquement ; car nous n’avons pas le temps de chercher des moyens de coopération et d’unité, et il faut éviter que cette étape soit pas sabotée par ceux qui en seront lésés, notamment parmi les partisans de l’Amérique et d’«Israël».
L’étape est la suivante : j’appelle le Royaume d’Arabie Saoudite à ouvrir une nouvelle page avec la résistance, selon les bases suivantes :
1. Un dialogue qui traite les problèmes, répond aux craintes et assure les intérêts.
2. Un dialogue basé sur le fait qu’«Israël» est l’ennemi, et non la résistance.
3. Un dialogue qui gèle les différends passés, au moins dans cette étape exceptionnelle, afin que nous puissions nous consacrer à l’affrontement avec «Israël» et à l’endiguement de cette entité.
4. Nous vous assurons que les armes de la résistance sont dirigées contre l’ennemi «israélien», et non contre le Liban, ni contre l’Arabie Saoudite, ni contre aucun autre endroit, ni contre aucune partie au monde, et il s’agit de propos concrets. Nous comptons poursuivre dans cette voie.
5. La pression sur la résistance est un bénéfice net pour «Israël», et lorsque la résistance n’existera plus, cela signifie que le tour des autres Etats viendra.
6. Même la résistance en Palestine fait partie de cette résistance qui est considérée comme un rempart solide contre l’expansion israélienne. Je dis cela pour qu’on cesse de nous demander : «Comment sont vos relations ? Vous vous rapprochez ou vous vous éloignez ?» Il y en a qui veulent se rapprocher, et il y en a qui veulent s’éloigner ; cela se fait au grand jour et publiquement. Nous appelons à clarifier les relations, et à être ensemble sur la base que l’ennemi est «Israël». Nous ne sommes donc pas des ennemis, même si nous avons eu des divergences à un moment donné.
Appel au public libanais
Troisièmement, j’appelle également tous ceux qui sont à l’intérieur du Liban- même ceux avec lesquels notre inimitié a frôlé l’hostilité-. J’appelle donc toutes les parties, sans exception, à ne pas rendre de services à «Israël», à ne pas être les serviteurs d’«Israël», sciemment ou inconsciemment. Et je leur dis : Israël ne vous accordera aucune importance, car le Liban fait partie intégrante du projet du «Grand Israël». Nous avons besoin, vous et nous, de bâtir ensemble notre pays. Le Hezbollah a montré l’exemple en stoppant l’ennemi lors de la bataille de «Ouli al-Baas» (bataille des Vaillants), puis en participant à l’élection présidentielle et ensuite au gouvernement. Nous avons même collaboré avec ceux avec qui nous avons de profondes divergences politiques, au sein du gouvernement et au Parlement, pour la législation et la gestion du pays. Nous construisons ensemble, au sein des institutions du gouvernement et du Parlement.
À partir de là, ce chemin doit être consolidé par des ententes, afin que nous traversions cette étape sans rendre service à «Israël».
Quand les États-Unis déclarent ouvertement qu’ils agissent pour l’intérêt d’«Israël», quand ils exercent des pressions sur le Liban pour le compte d’«Israël», quand ils refusent d’accorder des garanties parce qu’ils veulent préserver l’intérêt d’«Israël», et quand il n’existe aucune limite aux intérêts d’«Israël», comment pourrions-nous faire confiance à une quelconque proposition américaine ou autre ? Comment pourrions-nous accepter de faire une concession après l’autre, alors qu’«Israël» ne donne rien et ne s’arrêtera pas dans la réalisation de son projet du «Grand Israël» ?
La résistance ne peut que garder la tête haute
«Israël» voulait en finir avec la résistance, mais il n’y est pas parvenu et il n’y parviendra pas. Cette résistance persiste, malgré Israël et malgré l’Amérique. Elle persiste parce qu’elle compte dans ses rangs des dirigeants martyrs, comme le sayed des martyrs de la Oumma, Hassan Nasrallah, sayed Hachem Safieddine, hajj Abdel Qader, et d’autres encore. Tous demeurent présents.
Cette résistance repose sur : la jeunesse combattante, la femme combattante, l’enfant combattant, le peuple fier et pur qui donne et se sacrifie.
Cette résistance ne peut rester que la tête haute. Si Israël veut l’anéantir, il doit savoir qu’il disparaîtra lui-même ensuite, par la volonté de Dieu, et grâce à la détermination des résistants. Nous rejetons l’humiliation !
Les exigences américaines ne s’arrêtent jamais. Ils disent : «L’Amérique aide le Liban» ? Mais comment ? L’Amérique ne fait rien d’autre que demander au Liban, elle prend du Liban et lui met la pression. Elle a édifié la plus grande ambassade au Liban pour diriger ses services de renseignement à partir du Liban et au Liban. Ses avions dans le ciel fournissent toutes les informations au régime israélien. Elle chapeaute un comité chargé d’appliquer l’accord conclu, et ce comité n’a pour seule fonction qu’un «mécanisme» destiné à voir comment frapper la résistance et son environnement au Liban, à entraver son armement, parfois sur la base d’un simple soupçon, et à poursuivre son agression. Nous n’avons pas entendu ce comité dire une seule fois à Israël : «Arrête-toi » ou lui demander de cesser ses agressions...
Où est donc ce prétendu soutien américain ? Ils disent aussi : «L’Amérique soutient l’armée libanaise» ? Comment ? L’armée libanaise ne reçoit que des armes lui permettant de gérer la situation intérieure. Toute arme suspectée de pouvoir atteindre l’entité israélienne ( arme de portée ou d’efficacité, pouvant affecter l’aviation ou l’armée israélienne) est interdite à l’armée libanaise, non seulement par l’Amérique, mais par le monde entier. Où est donc ce soutien américain ? Il n’y en a pas. Même quand ils donnent quelque chose à l’armée, c’est pour servir Israël, non pour le Liban. Ainsi, l’Amérique agit réellement avec hostilité à l’égard du Liban.
De plus, les Américains empêchent la reconstruction. Quel rapport entre la reconstruction et la sécurité d’ «Israel» ? Cela fait partie des pressions : comme ils ne peuvent affronter directement la résistance et son peuple, ils recourent à d’autres moyens pour nuire à la population, l’affaiblir économiquement et socialement, et l’empêcher de se rallier autour de la résistance.
Non contents de s’abstenir de nous aider dans la reconstruction, ils empêchent même ceux qui voudraient contribuer à cette action. Ils bloquent la relance du Liban et de son économie. Est-ce dans l’intérêt du Liban ?
Je renouvelle mon appel : soyons une seule main pour chasser Israël et bâtir ensemble le Liban. Organisons les élections législatives à la date prévue. Le gouvernement doit placer la reconstruction en tête de ses priorités, accélérer les réformes financières et économiques, lutter contre la corruption et dialoguer positivement autour d’une stratégie de sécurité nationale. Voilà notre appel, voilà ce que nous vous disons.
Nous proposons le dialogue à partir d’une position de force
Quatrièmement et enfin, nous proposons le dialogue et l’entente à partir d’une position de puissance et de force, et vous le savez. Notre scène est illuminée par la lumière des sacrifices, après les dons de sang des maîtres martyrs de la Oumma, des dirigeants martyrs, des martyrs combattants et de nos si chères familles.
Notre foi est inébranlable dans la résistance à l’occupant israélien, pour le chasser et libérer notre terre. Nous n’accepterons rien de moins que la réalisation de ces objectifs et nous sommes prêts aux plus grands sacrifices pour rester dignes. Vous voyez de vos propres yeux que notre peuple est attaché aux armes de la résistance, car il en a vu les fruits dans la libération du territoire, la dissuasion et la présence sur le terrain.
Aujourd’hui, je veux dire à ceux qui l’ignorent : notre peuple n’a pas besoin d’être mobilisé pour préserver les armes et la résistance ; c’est nous, en tant que direction, qui recevons de notre peuple l’élan nécessaire pour protéger la résistance et ses armes. La mobilisation est devenue mutuelle entre nous et eux. Car notre peuple est arrivé à un niveau très élevé de conscience et d’engagement : il n’accepte plus rien d’autre que la dignité.
Nous considérons toute confrontation avec le projet israélien comme une confrontation existentielle : existentielle pour nous et pour la patrie. Tout devient dérisoire en comparaison.
Dieu a sauvé le Liban de la discorde du 5 août par le tournant du 5 septembre. Car toute discorde se retournerait contre nous tous.
Comment pourrions-nous abandonner les armes, alors que le massacre de Sabra et Chatila a coûté la vie à 3 000 civils libanais et palestiniens ( hommes, femmes et enfants) il y a 43 ans, après l’abandon des armes et l’obtention de garanties américaines ? Ce massacre a été commis par Israël et ses collaborateurs.
L’ennemi reste l’ennemi. Le bourreau, le réalisateur de massacres est toujours le même. Alors comment abandonner les armes ? Comment ?
Et le génocide qui se déroule aujourd’hui à Gaza, sous parrainage américain total ? Écoutez ce que déclare Trump : il donne carte blancheaux Israéliens ! Les tueries à Gaza lui importent peu, même si le peuple palestinien de Gaza devait être exterminé jusqu’au dernier. Cela ne le dérange pas, car il ne regarde que la terre, l’économie, l’avenir d’Israël et celui de l’Amérique, non les droits de ces peuples. Ces massacres monstrueux, qui font rougir l’humanité, prouvent l’existence d’un véritable tyran.
Sachez que la cible, c’est tout le monde. Aujourd’hui, je veux poser une question : pourquoi les États se dotent-ils d’armées ? N’est-ce pas pour se protéger ? Alors pourquoi est-il interdit à l’armée libanaise de s’armer ? Parce qu’il est interdit qu’elle se protège, interdit qu’elle protège son pays.
Pourquoi la résistance s’arme-t-elle ? N’est-ce pas pour libérer sa terre ? Alors comment renoncer aux armes si nous voulons libérer la terre ?
Aujourd’hui, vous avez vu l’agression contre le Sud du Liban : cinq villages et villes bombardés sous les yeux du monde entier, alors que des menaces proférées aussi devant le monde entier, sans compter les meurtres, les destructions, les démolitions de maisons, et cela continue. Et après ? «Israel» doit-il rester libre d’agir comme bon lui semble, pendant que les autres le regardent sans rien faire ? Le gouvernement libanais a la responsabilité de faire face à ces agressions israéliennes. Qu’on ne me dise pas : «Que peut faire le gouvernement ?» Le gouvernement peut crier, et il doit crier chaque jour. Il peut envoyer des messages au Conseil de sécurité, même si ce dernier ne condamne pas Israël et ne prend pas de décision pour l’arrêter. Laissez le monde entendre ce cri, qu’il réfléchisse à des solutions hors du cadre, hors de la pensée traditionnelle.
Pourquoi ne pas poser la question, par exemple, à l’armée libanaise : «Quel est votre plan pour la libération du territoire si nous devons combattre «Israel» ? Comment pouvez-vous profiter du peuple libanais et de la résistance, pour mettre un terme au problème «israélien», ou du moins pour l’empêcher de continuer sa mission destructrice?» Étudiez les options. Pourquoi en avez-vous peur ? Pourquoi ne vous en approchez-vous pas d’Israël ? Au lieu de cela, vous vous tournez vers des options qui attisent les dissensions internes. C’est pourtant une de vos responsabilités.
La position des trois présidents lors de la dernière agression contre le Sud était bonne, mais elle doit être poursuivie et renforcée chaque jour.
Que la priorité soit d’arrêter l’agression, d’affronter «Israël», d’expulser l’occupant et de lancer la reconstruction. Voilà les priorités. Les priorités ne doivent pas être de nous battre entre nous.
Nous, en tant que résistance, sommes prêts à accomplir notre devoir aux côtés de l’armée libanaise, quelle que soit la décision qu’elle prendra. Nous sommes prêts, mais uniquement pour affronter l’ennemi «israélien», pas pour nous affronter entre nous.
Certains justifient l’inaction actuelle en disant : «Le problème, c’est qu’ils nous menacent de couper les aides et ils nous menacent d’une nouvelle guerre.»
Eh bien, le plus grave n’est pas de nous priver d’aide, ni de nous menacer de guerre. Le plus grave, c’est d’éliminer notre capacité et notre force, pour pouvoir nous égorger sur l’autel de la capitulation. Voilà ce qu’il y a de plus grave. Toutes ces menaces et ces rumeurs font partie de la propagande qu’ils répandent — «Nous vous montrerons, nous ferons, nous agirons»… N’avez-vous pas entendu ce qu’a dit l’Américain ? Il a dit : «Lorsqu’il n’y aura plus au Liban une seule arme de la résistance, nous verrons alors si Israël s’arrêtera ou non.» Quelle belle phrase ! Quand il n’y aura plus d’armes !...Pour nous, d’ici au Jour du Jugement, il y aura toujours des armes.
Alors, comment pourrions-nous accepter cela de renoncer aux armes? Ces gens-là mentent, ils ne donnent rien en contrepartie. Et à ceux qui disent : «Que pouvons-nous faire ? Ils nous menacent...», je réponds : Eh bien, «Israël» agresse-t-il seulement le Liban ? L’Amérique agresse-t-elle seulement le Liban ? Regardez l’Amérique et «Israël» agressent le monde entier !
Aucun pays dans le monde n’échappe à leurs agressions. Que font les peuples du monde ? Ils cherchent des solutions pour faire face à ces agressions, que ce soit en Europe, en Amérique latine ou ailleurs. Y a-t-il un pays dans le monde que l’Amérique laisse en paix ? Tous sont soumis à des pressions, économiquement, politiquement, ou par d’autres moyens.
Je veux vous dire une chose : nous devons tirer des leçons de l’Histoire et des nations qui ont précédé notre époque.
Jusqu’où est allé le Pharaon? Jusqu’au plus haut des rangs. Mais qu’a dit Dieu Tout-Puissant à son sujet ?
Le Pharaon s’est élevé sur terre, il a divisé ses habitants en clans, opprimant certains d’entre eux, égorgeant leurs fils et laissant leurs femmes en vie. Il faisait partie des corrupteurs. Nous voulions favoriser ceux qui étaient opprimés sur terre, en faire des guides, et en faire les héritiers.
Quel que soit le degré de tyrannie d’un homme, à la fin, où est allé le Pharaon ? Il a sombré, il a péri, lui et les siens.
Regardez les empires passés, en Orient comme en Occident : ils ont atteint les plus hauts rangs, mais quand ils sont devenus des corrompus, des dévoyés, des tyrans, ils ont chuté.
L’injustice tombera, tôt ou tard. Mais nous devons rester fermes et constants. Que chacun sache que nous ne serons jamais des esclaves. Dieu nous a créés libres.
Que la miséricorde de Dieu soit avec vous...
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