Sayyed Suheil Housseini... l’assistant ascétique du Secrétaire général

Par Latifa Husseini
Un nom dans l’ombre. Un des secrets ayant servi l’Islam, son étendard, et la voie de la Résistance face aux oppresseurs, aux tyrans et aux occupants.
C'est sayyed Suheil Housseini, ou sayyed Ahmad comme l'appelaient tous ceux qui l'ont connu parmi les membres du Hezbollah. Un modèle de leadership qui incarne toutes les valeurs de dévouement, d'altruisme, de loyauté, de désintéressement, d'intégrité et de piété. Depuis son enfance dans les vieux quartiers de Bourj el-Barajneh, jusqu'à ce qu'il grandisse et devienne un proche collaborateur du grand martyr de la Nation, Sayyed Hassan Nasrallah, la loyauté et la droiture étaient les deux traits qui ont marqué sa personnalité.
La prise de conscience précoce
Tôt, des signes de prise de conscience sont apparus chez sayyed Ahmad. Cela peut être attribué à l'état de foi qui a marqué la période des années soixante-dix et le début des années quatre-vingt à Bourj el-Barajneh, ainsi qu'aux camarades de cette époque, les premiers fondateurs du corps de Résistance et de l'organisation du Hezbollah, qui ont émergé des mosquées, s'inspirant du principe établi par l'imam Khomeini (que la paix soit sur lui) : "Vos mosquées sont vos remparts".
Hajj Imad, le premier compagnon
C'était une période historique de la première phase de la Résistance. C'est à ce moment-là que sayyed Ahmad a rencontré le grand leader jihadiste, hajj Imad Moughnieh (hajj Radwan), et ils sont devenus inséparables. Peu à peu, la liste des amis s'est élargie et l'image a inclus toute le noyau de la Résistance. La caravane des «aventuriers» s'est lancée dans une quête de sacrifice, de défense et de résistance face à la tyrannie des sionistes.
Après la fondation, sayyed Suheil a travaillé sur de nombreux dossiers, mais sa collaboration directe avec hajj Radwan, sur le plan organisationnel, a duré de 2000 à 2008, l'année du martyre. Par la suite, il a été chargé de la logistique et nommé assistant du secrétaire général du Hezbollah. Avec lui, le travail logistique est passé d'un concept traditionnel à un modèle qui correspond aux armées régulières, prenant en compte l'évolution scientifique, technique et technologique au service des moudjahidines.
Des responsabilités accrues
Avec le temps, les responsabilités se sont accumulées. Les défis de la résistance et ses besoins ont exercé une pression croissante sur sayyed Ahmad, en tant qu'assistant clé de l'équipe du leader suprême, qui a pris en charge un grand nombre d'unités jihadistes simultanément. Les circonstances que le Liban a traversées ces dernières années, notamment pendant la crise économique, ont également exigé que sayyed Ahmad concentre ses efforts sur l'autosuffisance de l'environnement de la Résistance, accordant une attention particulière à certains projets de production.
La noblesse et l’intégrité
Tous ceux qui ont eu l'occasion de connaître sayyed Ahmad de près parlent de son comportement éthique noble et de son niveau élevé de piété et de foi. Ses principes étaient toujours liés à ses actions. Il maintenait un programme de dévotion qu'aucune préoccupation, pression ou circonstance ne pouvait interrompre. Selon ceux qui le connaissent, le principe qui le guide dans ses affaires terrestres est l'intégrité et la purification de toute souillure, par crainte de Dieu et en préparation pour le Jour du Jugement.
Ce qui est le plus frappant dans ce tableau, surtout lors de la planification de tout grand projet lié à l'environnement noble, était son vœu de prier un million de fois pour le prophète Mohammad (PSL) et ses proches. Un chiffre énorme que peu de savants ou de sages pourraient assimiler, mais dans les calculs de sayyed Ahmad, cela a été réalisé et accompli dans trois projets qu'il a travaillé à accomplir.
La fraternité de sayyed Ahmad
Concernant les moudjahidines qu'il supervisait en raison de sa responsabilité, un des assistants raconte comment sayyed Ahmad était soucieux de renforcer leur lien avec le Coran et de les encourager à le réciter, notamment pendant le mois de Ramadan, en organisant des séances coraniques auxquelles il participait personnellement malgré la charge de ses occupations, en plus de donner des cours d'interprétation du Coran et de la biographie du prophète aux présents.
La personnalité exceptionnelle de sayyed Ahmad se manifestait également dans sa manière d’interagir avec ses frères et les cadres qui ont accompagné son parcours. Il ne considérait pas les moudjahidines des unités qu'il dirigeait comme des êtres seconds à qui il donnerait des ordres. Il a établi la fraternité comme principe fondamental pour tisser des relations avec eux. Un de ses assistants raconte un incident qui révèle l’humanité de sayyed Ahmad. La pression du travail était très forte et nécessitait plusieurs personnes pour accomplir la tâche, mais il devait la terminer en une journée. À ce moment critique, sayyed Ahmad est entré pour parler avec son assistant surchargé par les travaux. Ce dernier a répondu: «Le courrier est volumineux, sayyed. Laissez-moi un peu de temps pour le finaliser et le signer, car je dois partir tôt et revenir après-demain pour mon service.» Immédiatement, sayyed Ahmad a insisté pour que l'assistant parte. Il a tenu à terminer la signature du courrier prenant le relais de son assistant; un geste qui ne se produit que de la part d’un leader comme sayyed Ahmad.
Le croyant fort est meilleur que le croyant faible
L'acquisition de connaissances et la culture étaient des objectifs importants pour sayyed Ahmad. Depuis son enfance, il trouvait du plaisir dans la lecture et la documentation, économisant son argent de poche depuis l'âge de dix ans pour acheter le célèbre magazine «Al-Arabi» de l'époque. Le leader jihadiste a grandi et a obtenu un master en «philosophie islamique», puis a poursuivi ses études en «connaissance et croyance» avec le professeur sayyed Bassam Mortada pendant dix ans.
Un de ses assistants se souvient encore d'une conversation qu'il a eue avec lui qui lui a révélé un aspect de cette personnalité de leader. Lors de cette rencontre, sayyed Ahmad a interrogé le jeune homme sur ses études universitaires, et celui-ci lui a répondu qu'il préparait un diplôme d'études supérieures. Sayyed Ahmad l'a regardé avec bienveillance et a dit: «Bien joué, car le croyant fort est meilleur que le croyant faible.» Il lui a ensuite posé des questions sur le sujet de sa thèse, sur la manière de poser des problématiques et d'y répondre, ainsi que sur la méthodologie adoptée. Il l'a guidé et a été un excellent mentor pour lui sur le chemin du savoir, et surtout, le responsable a surpris l'étudiant par l'ampleur de ses connaissances et sa maîtrise du sujet et de la problématique.
Obtenir la satisfaction du secrétaire général bien aimé et le dernier testament
On dit que sayyed Ahmad est connu pour sa capacité à aborder des questions complexes et même des personnalités difficiles. Il parvient à déchiffrer leur code et trouve un moyen de traiter avec eux, en particulier ceux qui l'accompagnent dans son travail. À la fin de ses jours, sayyed Ahmad est apparu détaché de tout ce qui est mondain. Pour lui, l'essentiel était de se libérer de toute dette morale, mais ce qui était le plus important était son souci envers le leader suprême et son désir d'obtenir sa satisfaction. Pour cette raison, il n'a jamais hésité à accomplir ce qu'on lui confiait. Bien qu'il ait traversé une période de maladie et de fatigue, sayyed Ahmad a poursuivi ses tâches sans aucun retard ni interruption. Cet altruisme a été perçu par le leader suprême, qui a bien compris sa volonté et a refusé d'exempter son assistant jihadiste de toute responsabilité, peu importe la situation, en tenant compte des souhaits de sayyed Ahmad.
Dans son testament, on voit clairement l'attachement de sayyed Ahmad envers le vénérable, sayyed Hassan Nasrallah. Il s'adresse à lui en disant: «J'ai eu l'honneur de te servir et de me tenir à tes côtés, et tes bienfaits matériels et spirituels m'ont entouré, je n'aurais jamais rêvé ni aspiré à cela… Je te demande pardon, et si j'ose, j'espère que tu prieras et intercéderas pour moi le Jour du Jugement, et que tu le demanderas à l'Imam. Dieu témoigne combien je l'aime, qu'il prie pour moi et intercède pour moi, et que je sois sous la protection de l'Imam du Temps (que Dieu hâte son avènement)… Mon maître, si je vivais mille ans, je serais de ceux qui souhaitent rester à ton service toute leur vie, quelles que soient les circonstances… Mon maître, j'ai toujours prié Dieu de prendre ma vie et celle de ma famille pour que cela soit une raison pour prolonger la tienne, et j'ai toujours prié d’obtenir ta satisfaction… Que Je tombe malade et que vous ayez bonne santé. Que je me fatigue et que vous ne vous fatiguez pas… Mon maître, tu m'as montré ce qu'est la wilaya et m'as fait connaître ce que j'ignorais sur la famille de Mohammad et le statut et le rôle de la famille de Mohammad (que la paix soit sur lui), je ne sais comment te remercier et je ne peux que dire que ta récompense soit la satisfaction de Fatima Zahra (que la paix soit sur elle)… Mon maître, il y a beaucoup de moudjahidines qui méritent des cérémonies spéciales et distinctes, mais ce serviteur n'est pas de cette lignée ni de ce groupe, le minimum qui est considéré comme un engagement envers les règles de la charia suffit, ne vous mettez pas dans l'embarras, ni vous ni aucun des frères, ni même les moudjahidines en général… Mon maître, si je regrette quelque chose de ce monde, c'est de t'avoir quitté et de ne plus être à ton service, sinon tout le reste de ce monde ne mérite pas de regrets.»
Les jours qui ont séparé le martyre du leader suprême de celui de son assistant, sayyed Ahmad
C'était précisément le 7 octobre 2024, lors d'une frappe dans le quartier de Cocodi, où il est tombé en martyr avec son fils, sayyed Reda, son épouse, ainsi que son neveu et sa femme. Comme si l'histoire réunissait à nouveau sayyed Nasrallah et son assistant. Le leader suprême est enterré en ce jour, et à la même date, sayyed Ahmad le rejoint. C'est le destin qui a écrit pour des serviteurs pieux une fin honorable.
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