Discours du secrétaire général du Hezbollah à l’occasion du premier anniversaire du martyre du commandant Fouad Chokr

Au nom de Dieu
Nous nous retrouvons aujourd’hui à l'occasion du premier anniversaire du martyre du grand commandant jihadiste, Fouad Chokr, sayyed Mohsen.
Je vais parler de lui, puis, à la fin, nous aborderons la situation politique générale dans notre pays, avec quelques petites observations.
Sayyed Fouad est né dans le village de Nabi Chit, dans la Békaa en 1961. Il a vécu longtemps dans la région de Ouzaï et il a dirigé un groupe de frères (dix), qui s’appelaient eux-mêmes «le groupe de l’alliance» ou «le groupe de l’alliance des dix».
Avant l’année 1982, ils se sont engagés à affronter «Israël», et ils ont juré que personne d’entre eux ne resterait hors du champ de bataille, et même qu’ils seraient en première ligne, dans les positions où le combattant est exposé au martyre.
Neuf de ces frères sont devenus martyrs avant sayyed Mohsen, huit sont tombés il y a longtemps. Donc, depuis 35 ans, sayyed Mohsen attend son tour pour atteindre le plus haut degré de sacrifice et de mérite sur le champ de bataille, en tant que martyre.
Ce grand homme grand était loyal, amoureux du Prophète Mohammad et il faisait partie de ceux qui croyaient à la Révolution islamique bénie menée par le gardien de la Révolution, l’imam Khomeiny. Il lui était fortement attaché, il soutenait ses idées, ses convictions, son message, son jihad et ses sacrifices.
Après le départ de l’imam Khomeiny, le commandement est passé à l’imam Khamenei, devenu le gardien de tous nos droits, le gardien des musulmans à cette étape et dans ce contexte. Sayyed Fouad était un musulman croyant en cette grande direction.
Sayyed Fouad est l’un des leaders fondateurs du Hezbollah, on peut dire qu’il faisait partie de la première génération. Quand on parle de «première génération», cela signifie : ceux qui étaient présents avant 1982, et en 1982 ils ont commencé à participer à la formation et à la création du Hezbollah.
Sayyed Fouad faisait donc partie de la première génération, il était le premier responsable militaire du Hezbollah après 1982, c’est-à-dire quand les structures et la direction ont commencé à se former, un conseil consultatif a été constitué et sayyed Fouad est devenu le premier commandant militaire.
Il était aux côtés des chefs illustres : Haj Imad Moghnieh, sayyed Moustafa Badreddine, haj Ibrahim Akil, haj Ali Karaké.
Ils formaient tous un groupe uni et tous coopéraient ensemble. Ils étaient presque tous de la même génération, de la même école, et avaient une même vision, une même foi et ils étaient tous dans l’ombre du cher et grand, le sayyed des martyrs de la oumma, sayyed Hassan Nasrallah.
Sayyed Hassan était le chef, il les dirigeait, il discutait toujours avec eux, il siégeait avec eux au conseil du jihad, et donnait les directives nécessaires.
Dieu dit dans Son Livre sacré:
«Certes, les alliés de Dieu ne craignent point, et ils ne seront point attristés. Ceux qui ont cru et étaient pieux auront de bonnes nouvelles dans la vie sur terre et dans l’au-delà. Il n’y a point de changement aux paroles de Dieu. Voilà le grand succès.»
Ces leaders, et sayyed Fouad Chokr ont donné tout ce qu’ils avaient, et ils sont arrivés à la distinction suprême, comme ils le souhaitaient. Ils ont donc véritablement triomphé, ils ont obtenu et gagné ce qu’ils voulaient.
Le martyr sayyed Mohsen a conduit les affrontements à Kfar yater après l’assassinat de sayyed Abbas Moussaoui. Il a dirigé un groupe de combattants quand le parti a décidé d’en envoyer un en Bosnie pour soutenir les opprimés là-bas, en 1992.
On peut dire qu’il était la main droite militaire du Sayed lors des opérations de 1993 et 1996 pendant les agressions «israéliennes» sur le Liban.
Il est le fondateur de l’unité maritime du Hezbollah, il a participé à la gestion et au suivi des opérations-martyres des combattants et à leur planification, dont Haitham Dbouq, Assaad Berro et d’autres.
Il était responsable de l’assistance à la planification générale au sein du Hezbollah, et il était aussi responsable de la planification de la confrontation avec les États-Unis dans la région, dans le cadre d’un comité culturel politique qui est chargé de ce dossier. Il a supervisé la gestion des opérations aériennes, notamment la fabrication et le fonctionnement des drones.
Il a dirigé l’opération d’échange des prisonniers lors de l’opération des deux prisonniers. Il a conduit le développement des capacités spéciales et stratégiques du Hezbollah, et les a développées après le martyre de haji Imad Moghnieh.
Il faisait partie des piliers qui ont œuvré pour la victoire de Juillet (2006), pour la libération du Sud, et il est également reconnu pour son rôle dans la confrontation de Juillet 2006, où il est resté dans la salle des opérations pendant 33 jours sans interruption, son rôle a été essentiel.
Depuis le début du Déluge d’Al Aqsa, il suivait et dirigeait les opérations quotidiennes sur le terrain.
Depuis dix mois, il était en contact direct et permanent avec sayyed Hassan, parce qu’il était le commandant militaire direct, comme un chef d’état-major dans une armée régulière. Il a relevé ce défi, jusqu’à son martyre le 30 juillet 2024, c’est-à-dire il y a exactement un an.
Nous avons passé en revue quelques-unes de ses caractéristiques militaires et de leadership, mais il y a une remarque importante à souligner :
Ces leaders, sans leur foi, leur culture, leur sens de leur mission, et leur loyauté, n’auraient pas atteint ce niveau dans leurs sacrifices jihadistes et militaires.
Sayyed Mohsen avait une conscience religieuse et politique, une culture religieuse étendue, surtout ces dix dernières années, où il a cherché à approfondir son interprétation du Coran, en lisant des livres, en acquérant diverses informations culturelles, sur plus d’un thème dans les domaines dogmatiques et éthiques.
Il se distinguait par sa présentation de nombreuses conférences dans plusieurs domaines politiques, culturels, stratégiques dans différents lieux au sein du parti, et même auprès des universités, ou encore auprès de groupes divers, des docteurs et des ingénieurs. Il tenait à exposer ses concepts.
Il était présent aux côtés des gens. Il assistait aux cérémonies de Achoura dans le complexe «Sayyed Al-Chouhada», il frappait sa poitrine avec ceux qui le faisaient, pleurait avec ceux qui pleuraient, assistait à toutes les cérémonies, fréquentait la mosquée de temps à autre et il aimait être dans cette atmosphère de foi.
Il se distinguait par la solidité de ses liens familiaux, son attention à ses parents, et il avait également une relation particulière avec les familles des martyrs.
Il évoquait toujours la mort et le martyre dans ses paroles, et il ne s’intéressait pas aux questions matérielles.
Il était généreux de nature, et son lien avec Al-Zahra et l’imam Hussein était particulier.
Il était ferme, stable, fort, solide, courageux, déterminé et doté d’un moral élevé.
Une de ses caractéristiques particulières était sa pensée stratégique, riche en idées et convictions. Il proposait ainsi de nombreuses suggestions. Si vous vouliez discuter avec lui, il vous faisait asseoir pendant une heure, deux heures, trois heures, quatre heures et il avait toujours des choses à dire. Il menait des débats logiques et objectifs.
Sayyed Hassan a dit lors de l’hommage qu’il lui a adressé: «En fin de compte, le martyr a obtenu ce qu’il aimait, mais nous avons retardé l’objectif. Son départ ne touchera pas notre volonté, ni notre détermination, ni notre décision, ni notre engagement, ni notre persévérance à poursuivre le chemin.»
Je dis à ce cher martyr, qui porte d’ailleurs si bien ce titre éclatant, celui de martyr : je demande à Dieu d’être miséricordieux avec vous, de vous élever parmi les martyrs et les saints, avec le Sayyed des Martyrs de la Nation, Hassan Nasrallah, et avec tous ceux que vous aimiez.
J’adresse mes condoléances et mes félicitations à sa famille, ses frères, ses proches, au Hezbollah, au Guide suprême, à tous ceux qui le connaissent et croient en cette ligne. À son âme et aux âmes des martyrs, nous offrons la sourate bénie Al-Fatiha avec les prières dédiées au Prophète.
Il faut aussi mentionner le martyr, le chef du bureau politique du Hamas, le haj Ismail Haniyeh, qui est mort le même jour, c’est-à-dire sayyed Fouad le soir, et Ismail Haniyeh à Téhéran presque à l’aube, après minuit.
Cette mort est aussi une expression de ce grand chemin palestinien pionnier qui a pu changer la réalité de la nation, et qui a réussi à hisser la cause palestinienne à la première place dans le monde aujourd’hui.
À l’âme du martyr Haniyeh, nous offrons aussi la sourate bénie Al-Fatiha avec les prières dédiées au prophète Mohammad.
Ici, il faut aussi mentionner Gaza : Gaza la résistance, Gaza la dignité, Gaza les sacrifices, Gaza l’abnégation.
Il y a un degré très élevé de criminalité humaine sauvage qui n’a jamais été atteint auparavant dans le monde et que l’on voit désormais en direct à la télévision.
«Israël» et les États-Unis pratiquent quotidiennement un crime organisé. Ils tuent les enfants et les femmes, plus de 17 000 enfants ont été tués jusqu’à présent pendant cette période, en presque deux ans.
Il y a une action criminelle organisée pour imposer la famine. Pire même : ils appellent les gens à venir chercher de la nourriture et les tuent alors qu’ils n’ont rien, ils ne possèdent rien et qu’ils cherchent les miettes.
Où peut-on voir une telle barbarie dans le monde ? Tuer les enfants, frapper les tentes, tuer les innocents dans leurs maisons, tuer les femmes enceintes, affamer les enfants, interdire le lait pour bébés...
C’est un crime énorme que cet ennemi «israélien» pratique avec le soutien total des États-Unis, et l’approbation totale des États-Unis, pour forcer ce peuple à se rendre.
Mais ce peuple ne se rendra pas, ce peuple n’acceptera pas de sacrifier le sang versé, qui a été offert à Dieu.
Où sont les Arabes ? Où est le monde ? Où sont les droits de l’homme ? Où sont les pays qui prétendent préserver les droits humains ?
Il faut passer aux mesures concrètes. Assez de déclarations, assez de mots, assez de revendications de soutien à la cause palestinienne. Tout cela ne sert à rien. Ce qui sert maintenant, c’est que le monde se tienne uni face à «Israël» : politiquement, économiquement, concrètement, et à notre avis même militairement, pour empêcher «Israël» de poursuivre cette barbarie qui affecte toute l’humanité.
Dans ce cadre, il faut aussi rendre un hommage particulier au prisonnier militant libéré Georges Abdallah, qui est resté debout, fier, défiant pendant 41 ans ses geôliers, refusant de signer un document reniant ses idées en échange de quelques années de liberté qu’on lui refusait en le maintenant en prison, car il ne voulait pas leur céder, même par écrit.
Le parcours de ce grand militant est une partie intégrante de la lutte de la résistance, qui est multiple, portée par des partis, des forces, des confessions et des idées différentes, mais qui se retrouvent toutes autour d’une seule cause : la libération de la Palestine, la libération de la terre et de la dignité, qui, si Dieu le veut, reviendra avec force.
Bienvenue, Georges, tu vas rayonner encore plus, si Dieu le veut, par ton nouveau jihad sur la terre du Liban et dans cette patrie.
À présent, parlons de la situation politique intérieure au Liban. Une question naturelle se pose : comment aborder l’édification de l’État au Liban, comment traiter ces problèmes ? Car certains parlent de différentes voies pour construire l’État, mais on ne sait pas parfois s’ils veulent construire l’État ou le voler ! Par leurs propositions, on ne sait pas s’ils veulent construire l’État ou supprimer une composante essentielle de l’État. S’ils veulent édifier un État ou prendre des privilèges pour contrôler et dominer. On ne comprend pas ce qu’ils veulent vraiment. Je vais clarifier aujourd’hui notre vision de l’édification de l’État.
L’élection du Président de la République, le général Joseph Aoun, a eu lieu après des années de délabrement profond de l’État, notamment à partir de 2019, lorsque l’effondrement des institutions de l’État a augmenté. Pendant environ six ans, l’État était donc en très mauvais état.
La résistance a prouvé qu’elle est un pilier essentiel de l’édification de l’État, par ses réalisations, et en facilitant l’aboutissement de l’élection présidentielle, ainsi que la formation du gouvernement, et ce qui a suivi. Nous, le Hezbollah, travaillons sur deux voies parallèles : la voie de la résistance pour libérer la terre, qui a ses instruments, ses méthodes et ses capacités, et elle est exclusivement dirigée contre «Israël».
La seconde voie consiste dans est le travail politique pour construire l’État, à travers la représentation populaire, le suivi des dossiers et la participation à la vie politique afin que cet État se redresse avec ses enfants, dont nous faisons partie. Nous ne privilégions pas une voie au détriment de l’autre, chaque voie a sa propre route, ses exigences et ses objectifs. Parfois, une voie prime sur l’autre selon les circonstances. Mais ces deux voies existent, on ne peut pas les opposer ou imposer un choix du genre «ou ceci ou cela». Certains nous disent : venez à l’État et abandonnez la résistance! Non, ce n’est pas un troc. La résistance est contre «Israël», la construction de l’État est pour les citoyens. Dire «abandonnez Israël et venez à l’État» c’est dire «laissez Israël attaquer le Liban et piller ses acquis» ! Ce n’est pas notre conviction.
Comment est née la résistance au Liban ? Elle est née en réaction à l’occupation «israélienne», comblant un vide laissé par l’armée. Elle a réalisé une libération exceptionnelle en 2000, et elle a imposé une équation de dissuasion à «Israël», le Liban a été protégé grâce à cette résistance. Nous avons répété maintes fois : la résistance n’est pas seule. Elle est avec l’armée et le peuple, elle ne monopolise pas la place et ne s’empare pas des efforts de qui que ce soit. L’armée est responsable et elle le restera, nous la saluons. Le peuple est responsable et le restera, nous saluons cet énorme soutien qui a donné de la force à la résistance. La résistance est responsable car c’est un choix, et ceux qui l’ont choisie doivent accomplir leur devoir. Tout le monde est donc responsable. Nous ne parlons pas d’un simple slogan, mais d’une responsabilité réelle. Plus ces trois parties (armée, peuple, résistance) seront fortes et coopéreront entre elles et plus les résultats seront meilleurs. Et c’est ce que nous avons vu dans notre expérience pratique.
Vint ensuite la bataille d’«Ouli al-Baess» (Ceux qui ont la détermination), où nous avons fait face à l’agression israélienne. Puis un accord a été conclu. J’insiste : cet accord a été demandé par «Israël», qui a senti que le rapport des forces en présence exigeait qu’il réclame cet accord. «Israël» considérait que si le Hezbollah acceptait de se retirer de la région au sud du fleuve Litani, c’était un gain pour lui. Si l’armée libanaise avançait et contrôlait cette zone, c’était un gain pour lui. Pour le Hezbollah, que l’État prenne la responsabilité de la protection du pays, c’est aussi un gain. Que l’État prenne en charge le suivi de l’accord de cessez-le-feu, la protection des habitants, c’est aussi un gain. Cet accord avait donc des avantages pour nous et pour «Israël», ce qui est normal car un accord nécessite l’acceptation de toutes les parties. L’État libanais a accepté, et nous avons aidé à sa mise en place, mais «Israël» ne l’a pas respecté. Cet accord ne concernait que le sud du Litani. Si certains associent nos armes et l’accord, je dis que les armes sont une affaire interne libanaise sans aucun lien avec «Israël». C’est un sujet interne.
Après la bataille d’«Ouli al-Baess», l’agression «israélienne» s’est poursuivie, mais à un rythme plus faible, pour faire pression sur nous et sur le Liban. Les «Israéliens» ont commencé à dire que le Hezbollah est affaibli parce qu’il ne réagit pas à ces attaques. De notre côté, nous avons clairement déclaré : lorsque l’État est devenu responsable et s’est engagé à intervenir, ce n’est plus à nous de faire face seuls aux attaques «israéliennes». L’État, le peuple, les forces politiques sont tous responsables, pas seulement nous.
C’est une nouvelle phase. Ils ont cru que Hezbollah était affaibli, mais ils ont été surpris par la présence politique de Hezbollah dans la structure étatique, par son influence populaire, au Liban-Sud et lors des funérailles impressionnantes du «sayyed des martyrs de la nation», sayyed Hassan, et de sayyed Hachem Safieddine.
Ils ont été aussi surpris par les élections municipales et la forte présence de Hezbollah et Amal, donc de la résistance, lors de ces élections, et par les résultats qu’ils ont obtenus.
Nous avons constaté que tout ce qui s’est passé durant cette période témoigne de la force, de la vigueur, de la présence et de l’existence de cette résistance dans toutes ses dimensions : politique, sociale, culturelle, sanitaire, en matière d’hébergement, et surtout dans son dévouement envers les gens pour qu’ils retournent chez eux, ainsi que dans l’aide qu’elle leur a apportée. Tous ces éléments sont une preuve de sa force.
«Israël» a violé l’accord et il a menacé de manière continue ; à notre avis, c’est une décision conjointe entre «Israël» et les États-Unis, car ils sont complices.
Toutes les exigences qui ont été formulées durant la période précédente qu’ «Israël» applique l’accord ont mis à nu «Israël» et les États-Unis, car que peuvent-ils répondre ? Quelle raison peuvent-ils invoquer pour ne pas respecter l’accord ?
Ils disent aux gens : arrêtez l’accord, mais respectez le cessez le feu. On leur demande de respecter «le mécanisme» et de faire le suivi, mais nous ne pouvons pas le faire seuls. Les «Israéliens» et les Américains restent dans le flou.
Ils finissent par dire : le représentant américain est venu et il a dit : nous n’avons aucune garantie de la part des «Israéliens». Alors que le représentant «israélien» avait clairement donné cette garantie, assurant qu’il est responsable du suivi de la mise en œuvre de l’accord du côté «israélien».
Les États-Unis ont alors envoyé un émissaire au Liban. Quelle est sa mission ? Il s’est avéré que son rôle se résumait à créer un problème pour le Liban et à déformer la vérité.
Les États-Unis ne nous aident pas, ils détruisent notre pays pour aider «Israël». Au lieu que le problème soit «Israël», ils ont voulu dire que le problème soit le Hezbollah, la résistance et le Liban. Pourtant, ce qui était demandé, c’est d’arrêter l’agression et d’appliquer l’accord. Mais ils voulaient créer un problème à l’intérieur du Liban.
Barrack est venu avec des menaces exagérées. Tantôt il s’agissait d’intégrer le Liban à la Syrie, et tantôt, il menaçait le Liban de ne plus figurer sur la carte et de plus être un sujet d’attention pour le monde. Il a aussi utilisé simultanément l’agression et la menace d’une extension de cette agression pour faire plier le Liban.
Il a été toutefois surpris par la position officielle libanaise, nationale et résistante, soucieuse de l’intérêt du Liban, et unifiée : que l’agression cesse d’abord et ensuite, on discutera de tout.
Barrack a donc été surpris. Il pensait que si une pression était exercée sur les présidents, cela provoquerait un problème, une discorde, et monterait les Libanais les uns contre les autres. Mais il ignore que ces présidents connaissent la situation du Liban, sa spécificité, sa composition. Ils sont venus pour reconstruire un pays, or ils ne peuvent pas reconstruire un pays tant que l’agression continue, ils ne peuvent pas construire un pays si quelqu’un vient leur demander de lui remettre les éléments de force et les capacités de ce pays. Ils ne peuvent pas construire un pays si l’Américain vient imposer la tutelle qu’il veut pour anéantir la force et la capacité du Liban.
Celui qui veut aider le Liban doit lui donner de l’argent. Celui qui veut aider le Liban l’aide par ses lois. Celui qui veut aider le Liban essaie de travailler pour la reconstruction. Celui qui veut aider le Liban l’aide par son économie. Tandis que l’Américain ne cherche qu’à s’emparer au Liban de tout ce qui peut déranger «Israël». Il agit pour le bénéfice d’«Israël». Cela est inacceptable.
Aujourd’hui, la mise en œuvre de l’accord par le Liban a assuré la sécurité du Nord, au nord de la Palestine. Donc, si «Israël» dit qu’il avait un problème au nord, désormais, la sécurité y est assurée. Cela fait huit mois qu’ils nous ont assuré qu’il y aurait aussi la sécurité chez nous au Liban. Mais en réalité ce n’est pas le cas. Ont-ils franchi une étape raisonnable pour montrer qu’ «Israël» n’a pas de visées sur le Liban ? Non. Ils ne l’ont pas fait. L’agression continue. L’agression ne s’est pas arrêtée. Je vous dirai plus encore. Pensez-vous que les «Israéliens» restent dans les 5 positions seulement parce qu’ils veulent les utiliser pour extorquer des concessions de la part du Liban ? Non, ils restent dans ces 5 positions pour que les Américains les aident à faire pression sur les Libanais, afin de nous désarmer, comme ils le disent. Ils veulent que le Liban perde sa force. Ils veulent étendre ces 5 positions, jusqu’à atteindre plusieurs villages afin de s’y implanter progressivement, puis d’en faire des colonies. Ils veulent aussi intervenir peu à peu dans le pouvoir politique au Liban pour lui imposer ce qu’ils veulent. C’est le plan «israélien». Ne croyez pas qu’ils restent dans ces cinq positions pour des raisons sécuritaires, comme l’a dit leur Premier ministre. Qu’ils restent ou pas, ils peuvent se promener dans tout le Liban, tuer qui ils veulent et faire ce qu’ils veulent. Je le répète: pourquoi restent-ils ? Ils restent parce que ce sont des points de départ pour l’expansion, pas des points de négociation ou de marchandage.
Nous avons l’expérience syrienne. Voilà la Syrie. Qu’ont fait les Américains à la Syrie ? Ils l’ont détruite. Que font les Américains maintenant ? Ils laissent «Israël» agir librement, tuer, faire ce qu’il veut, pour dessiner les frontières et la carte. Bien sûr, ils ont encouragé les assassinats et les massacres à Soueïda, le massacre des Alaouites, et toutes les actions honteuses qui ont eu lieu d’une manière ou d’une autre ces derniers temps.
Mais ensuite, que s’est-il passé ? Il s’est avéré que c’est «Israël» qui trace les frontières. Les «Israéliens» tracent les frontières géographiques, puis commencent à tracer les frontières politiques, et à dessiner l’avenir de la Syrie. Et s’ils n’aiment pas cela, ils changent d’avis. Ils ont dit maintenant, simplement parce que les Américains pensent que ce régime pourrait se stabiliser, qu’ils veulent lui donner une chance. Sinon, ils ne le considèrent pas comme un régime stable, ni durable. Ils considèrent que la Syrie doit être divisée, et ils veulent proposer d’autres idées. Quoi qu’il en soit, ils veulent composer la région selon leurs intérêts, comme l’a dit Barrack à Trump.
Aujourd’hui, au Liban, nous sommes face à un danger existentiel. Si vous pensez que le danger existentiel ne concerne que la résistance, vous vous trompez. C’est un danger existentiel pour tout le Liban, pour toutes ses confessions, pour tout son peuple. Le danger vient d’«Israël», il vient de «Daech» et des Américains qui veulent faire du Liban un instrument docile afin de l’intégrer dans leur projet du «Nouveau Moyen-Orient».
Nous faisons face à ce danger, mais ne pensez pas que c’est un danger simple. Certains discutent et disent : «Eh bien, et si on désarme ?» Ce n’est pas une question de désarmement, c’est une question de danger pour le Liban, un danger pour la terre. Regardez ce qu’ils font.
Je comprends qu’il y ait une agression continue et une tactique agressive basée sur la prise de nouveaux acquis. Mais que signifie la perpétuation des assassinats? Que signifie que la poursuite des destructions des maisons ? Que signifie le fait d’empêcher les habitants des localités frontalières d’y accéder ? Ce sont des indices sur une volonté d’expansion, non des actes destinés à assurer la sécurité «israélienne» mensongère dont ils parlent.
Je vous le dis franchement, pour ne pas vous fatiguer ni vous faire souffrir, et que personne n’aille analyser les choses n’importe comment : nous ne tolérerons pas que le Liban soit annexé à «Israël». J’en fais le serment par Dieu, même si le monde entier s’unit pour nous obliger à le faire, même si tout le reste du monde va dans ce sens, même si nous sommes tués et qu’il ne reste plus personne de nous, «Israël» ne pourra pas nous vaincre, ni prendre le Liban en otage, tant que nous avons un souffle de vie, tant que nous disons : «Il n’y a de Dieu qu’Allah», tant que nous croyons que la vérité doit être protégée, que le sang des martyrs doit être préservé.
Les armes que nous possédons pour résister à «Israël» n’ont rien à voir avec l’intérieur libanais. Ces armes sont une force pour le Liban. Nous disons que nous sommes prêts à discuter comment ces armes pourraient faire partie de la force du Liban. Mais nous n’accepterons pas qu’elles soient remises à «Israël».
Aujourd’hui, tous ceux qui réclament que nous remettions nos armes, demandent en fait qu’elles soient remises à «Israël». Les États-Unis disent : retirez les missiles, retirez les drones, remettez tout, remettez les armes légères après un certain temps. Pourquoi, monsieur Barrack ? Parce que ces armes font peur à «Israël». «Israël» veut sa sécurité. Comprenez en arabe clair : cet homme veut nos armes pour rassurer «Israël», non pour réguler la situation sécuritaire au Liban.
Dieu merci, la situation sécuritaire au Liban est excellente, bien contrôlée. Nos armes n’apparaissent pas, donc elles ne sont pas destinées à affronter qui que ce soit, et elles ne le seront pas. L’État libanais fait son travail : il tient la sécurité intérieure, la sécurité générale, l’armée, les forces sécuritaires qui travaillent normalement. Personne ne lui dispute l’exclusivité des armes pour la sécurité intérieure, et même pour la sécurité face à «Israël». En ce qui nous concerne, nous n’avons pas besoin de nos armes pour l’intérieur. Dieu nous suffit, et Il est le meilleur garant pour nous. Nous n’avons pas peur.
Mais le diable effraie ses alliés, alors n’ayez pas peur de nous. Craignez plutôt ceux qui ne croient pas en Dieu. Nous sommes un peuple qui a donné son âme à Dieu pour l’honneur et la dignité. Nous revendiquons notre droit sur notre terre, à la libérer, à faire sortir l’occupant. Nous vivons sur notre terre et nous mourrons sur notre terre. Nous ne serons jamais soumis, ni esclaves. Nous sommes éduqués selon les enseignements de l’imam Hussein, qui a dit et répété : «Nous n’accepterons jamais l’humiliation».
Certains disent : «Vous semblez très forts, vous menacez et vous faites monter les enchères». Non, non, nous ne menaçons pas. Nous sommes en position défensive, nous disons : cette défense n’a pas de limite chez nous, même si elle doit mener au martyre. Car nous sommes face à ce choix : la victoire ou le martyre. Même si cela conduit au martyre, quel qu’en soit le prix, car avec le martyre il y a la victoire, et nous sommes sereins. Ce n’est pas que nous allons au martyre en voyant l’horizon bouché, non, pas du tout. Personne ne s’imagine que nous allons tous et qu’aucun d’entre nous ne reviendra. Non, certains d’entre nous y vont, et d’autres restent. L’occupation, elle, ne reste pas, la tutelle non plus. Ceux-là ne restent pas, et nous, nous restons.
Vous demandez : qu’avons-nous ? Nous avons la foi en Dieu, c’est une grande force. Nous avons la volonté et la détermination de résister. Nous avons le droit de vivre sur notre terre, et nous la défendrons avec la force dont nous disposons, c’est notre choix. Nous ne le changerons pas. Si on ne nous connaît encore, sachez que nous restons parce que nous avons le droit avec nous. Si l’homme ne défend pas son droit, alors que défend-il ?
Ici, je voudrais vous dire : le danger imminent est l’agression «israélienne», alors ne discutez pas de ce que nous possédons ou ne possédons pas, discutez de l’agression. Concentrez-vous sur l’agression, celle-ci doit cesser. Tout le discours politique au pays doit être consacré à arrêter l’agression, non à remettre les armes à «Israël». À ce stade, je vais être plus clair : tout appel à la remise des armes alors que l’agression continue est un appel à donner à «Israël» l’arme qui constitue la force du Liban.
Personne ne jouera ce jeu avec nous, car nous ne serons pas ceux qui donneront les armes à «Israël». Et je veux vous dire maintenant que nos armes ne sont pas une priorité aujourd’hui. La priorité est d’aller à la reconstruction et à arrêter l’agression.
Ici, permettez-moi de dire, même si certains trouveront cela dur: l’État a des droits et des devoirs. Très bien, nous avons donné à l’État tous ses droits, tout ce qui renforce l’État nous l’avons offert, même les armes que nous possédons en tant que résistance sont destinées à renforcer l’État, non à l’affaiblir. Alors, l’État a-t-il le droit de dire : Je ne peux pas vous défendre, «Israël» est barbare et déchaîné, vous m’avez donné tout, mais je ne veux pas avoir de force, remettez-moi vos armes pour que je les détruise, selon la demande «israélienne» ? Non, ce n’est pas possible. L’État ne se gère pas ainsi. L’État a des droits et des devoirs. Nous lui avons donné tous ses droits, maintenant il doit remplir ses devoirs.
L’État doit assumer deux grandes missions principales :
Premièrement : arrêter l’agression par tous les moyens, diplomatiques, militaires. Qu’ils élaborent un plan, qu’ils prennent une décision pour que l’armée se positionne face à «Israël», avec la résistance, quelles que soient les stratégies qu’ils veulent mettre en œuvre, qu’ils fassent ce qu’ils veulent, ils sont responsables de la protection des citoyens.
On ne peut pas dire aux citoyens : «Je ne peux pas vous protéger, alors débarrassez-vous de vos armes et soyez exposés à la mort, au combat et à l’expansion israélienne». Personne ne peut dire cela. Où vivons-nous?
Donc la première mission est d’arrêter l’agression. La deuxième mission est la reconstruction. La reconstruction est une responsabilité de l’État.
Les États-Unis serrent la vis autour de nous, empêchent les pays arabes, islamiques et le reste du monde de nous aider. L’État doit chercher des solutions, même avec son propre budget, car c’est sa responsabilité. Sept ou huit mille appartements peuvent être reconstruits avec quarante millions de dollars. L’État ne peut-il pas les trouver ? Oui, il le peut. Il peut fournir beaucoup de choses. Il peut prendre des mesures. Savez-vous que lorsque vous reconstruisez, ce n’est pas de l’argent perdu ! Non, quand vous reconstruisez, cela fait travailler beaucoup de gens et de secteurs, le cycle économique s’active, les commerces ouvrent, les commerçants bougent, les gens travaillent. La reconstruction n’est pas une opération perdante, elle est même rentable économiquement, sans parler du fait qu’il s’agit aussi d’assumer les devoirs sociaux envers les gens, et envers les citoyens.
Nous ne tolérons pas le chantage. On nous en fait pourtant, lorsqu’on nous dit : «Nous ne vous donnerons rien si…». Si quoi ? «Si vous ne remettez pas vos armes à Israël !» Nous ne le ferons pas.
Et plus encore, je vous dis : tous ceux qui demandent aujourd’hui la remise des armes, intérieurement ou extérieurement, sur le plan arabe ou international, servent le projet «israélien», quel que soit leur nom, leur statut, leur titre ou leurs prétentions. Nous avons expliqué les faits.
Alors si vous voulez parvenir à ce résultat, arrêtez l’agression.
Certains disent : «Le Hezbollah ne veut pas que l’agression cesse parce qu’il n’a plus rien à faire». Non, nous avons beaucoup à faire. Commencez par arrêter l’agression. Empêchez les survols aériens. Libérez les prisonniers détenus chez les «Israéliens» .Qu’ «Israël» se retire des territoires qu’il a occupés. Si cela se produit et si le paysage se stabilise ainsi, vous aurez de nous la meilleure discussion et la meilleure coopération. Ne nous dites pas maintenant : «Nous voulons savoir ce que vous ferez». Non. Je ne peux pas tout vous révéler maintenant, car vous voulez prendre même la dignité qui reste, nous n’acceptons pas cela.
Aujourd’hui, il y a deux choix au Liban :
Le premier c’est celui de la souveraineté, qui signifie protéger la patrie. Il s’appelle l’indépendance, qui signifie l’absence de tutelle. Il s’appelle la libération, qui signifie le rejet de l’occupation. C’est ce choix : souveraineté, indépendance, libération.
Et il y a un autre choix qui s’appelle : tutelle, qui se manifeste aujourd’hui sous une forme américaine au goût arabe, Il s’appelle l’esclavage contre l’indépendance, l’occupation contre la libération.
Donc, il y a un autre choix qui s’appelle : tutelle, esclavage, occupation.
Entre ces deux choix, nous sommes pour celui de la souveraineté, de l’indépendance et de la libération. Nous travaillerons pour parvenir à ce résultat, et nous appelons l’État à être plus déterminé face à l’agression «israélienne» et à la reconstruction.
Le Hezbollah est déterminé à édifier l’État, à renforcer les institutions, à renforcer l’armée, et à faire assumer à l’État sa responsabilité dans la décision de guerre ou de paix, à construire une stratégie de sécurité nationale et une stratégie défensive. Nous appelons aussi l’État et toutes les personnes de bonne volonté à œuvrer pour empêcher les semeurs de discorde, ceux qui servent le projet «israélien».
Que tout le monde le sache et nous le disons très fort : le Liban est une patrie définitive pour tous ses enfants, et nous en faisons partie. Le Liban ne sera pas pour une faction au détriment d’une autre, et nous ne tolérerons pas que quelqu’un planifie de faire du Liban une annexe d’«Israël».
Nous brandissons ce slogan : chassons «Israël» par notre unité, et reconstruisons notre pays par notre solidarité. Si nous réussissons cela, nous aurons accompli une grande réalisation.
Nous disons aussi aux Arabes et aux étrangers : bienvenue à ceux qui soutiennent l’expulsion d’«Israël» et la reconstruction du pays. Ainsi, vous servirez vos intérêts et ceux du Liban. Par contre, ceux qui veulent servir «Israël» et son projet ne sont pas les bienvenus.
Que la paix, la miséricorde de Dieu soient avec vous.
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