Le Hezbollah met en garde contre les menaces existentielles qui encerclent le Liban

Par Assia Husseini
Pour la première fois, le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, exprime ouvertement ce que beaucoup au Liban murmurent à voix basse : les dangers existentiels du Liban ne se limitent plus à l’occupation «israélienne» et à ses violations quotidiennes, mais s’étendent désormais à la présence de combattants affiliés à «Daech» à la frontière orientale de la Békaa, ainsi qu’à la pression croissante exercée par les États-Unis sur le pouvoir politique libanais — pression qui pourrait se traduire sur le terrain par un resserrement autour de la résistance et de son environnement social. Il ne s’agit donc plus uniquement de faire face à la menace «israélienne», mais de rester vigilant face à l’ensemble des périls qui encerclent le Liban, ce petit pays du Moyen-Orient, pris entre la Palestine occupée au sud et une Syrie fragilisée à l’est.
Quotidiennement, «Israël» mène des opérations militaires dans le sud du Liban, pénétrant dans des villages frontaliers pour y démolir des habitations, ou bombardant des vallées et collines. Les avions «israéliens» violent presque quotidiennement l’espace aérien libanais, effectuent des missions de surveillance et de reconnaissance. À cela s’ajoutent des attaques ciblées contre des véhicules civils ou des motocyclettes, causant régulièrement la mort de civils. Ces agressions sont accompagnées d’une guerre psychologique via les médias et des cyberattaques visant les citoyens libanais ou les forces politiques proches de la résistance. Ces méthodes ont pour but de saper le moral de la population et d’approfondir la polarisation politique au sein du pays.
Sur la frontière syro-libanaise, le Liban vit sous la menace constante d’infiltrations par des cellules dormantes ou de petits groupes armés à travers les zones montagneuses peu surveillées, notamment dans les régions de Qalamoun, Arsal et Ras Baalbek. Ce danger, que la résistance avait réussi à contenir durant les années de guerre contre «Daech» et le «Front Al-Nosra», refait surface avec force depuis la chute du régime syrien. Selon certains analystes, ces groupes extrémistes pourraient, avec l’accord tacite ou explicite de Damas, mener des attaques terroristes sur le sol libanais ou même chercher à envahir des villages libanais frontaliers pour les annexer à la Syrie. Ce scénario a été évoqué de manière implicite par l’émissaire américain Tom Barrack, qui a quasiment menacé le Liban lors d’une interview au quotidien The National, affirmant que la Syrie considère la ville de Tripoli comme faisant partie de son territoire historique. Des sources sécuritaires libanaises confirment que Tripoli est aujourd’hui un foyer actif de combattants extrémistes infiltrés clandestinement à partir de la frontière syrienne.
En réalité, Tom Barrack apparaît comme le représentant des intérêts «israéliens» au Liban. Ses visites répétées à Beyrouth visent à rencontrer les responsables libanais pour leur présenter les recommandations de Washington, qui ne sont en réalité qu’une reformulation des exigences «israéliennes» non obtenues par la voie militaire. Parmi ces exigences : le désarmement total de la résistance sur l’ensemble du territoire libanais, et non plus uniquement au sud du Litani, comme stipulé dans la résolution 1701 du Conseil de sécurité. Tom Barrack est aujourd’hui chargé de faire pression sur l’État libanais pour imposer ces conditions, bien qu’il reconnaisse lui-même que «Washington ne dispose d’aucune garantie et ne peut contraindre Israël à prendre la moindre mesure». Dans ce contexte, le Liban reste exposé à une menace «israélienne» permanente, alors que l’administration américaine réclame que la résistance soit désarmée sans pouvoir, en retour, garantir la sécurité du pays. Cette situation renforce les divisions internes, dans un pays où une partie de la classe politique reste alignée sur Washington et mène une guerre politique, psychologique et morale contre la résistance et ses partisans.
Parallèlement, les pressions internationales s’accompagnent d’un refus catégorique de participer à la reconstruction des zones détruites par les bombardements «israéliens», ce qui empêche de nombreux Libanais de retourner dans leurs villages du sud ou de reconstruire leurs habitations. Face à ces menaces, le Hezbollah affirme renforcer ses capacités militaires et se préparer à tous les scénarios d’escalade, que ce soit au sud ou à l’est du pays. Le secrétaire général du parti a déclaré que la résistance est prête à répondre à toute agression, précisant qu’aucune attaque contre le Liban ne resterait sans réponse. Sur le plan politique, le Hezbollah affirme également maintenir une présence forte au sein de l’administration libanaise, afin d’assurer au peuple libanais son droit à la défense, tant face aux agressions militaires qu’aux pressions politiques.
Comments

