Gaza: En dépit des circonstances désastreuses la résistance persiste et inflige des pertes croissantes à l’armée «israélienne»

Par Assia Husseini
Jour après jour, les événements sur le terrain dans la bande de Gaza affirment que la résistance palestinienne est toujours présente avec force, capable d’infliger des pertes significatives aux soldats «israéliens», même dans des zones où l’armée a déjà opéré à plusieurs reprises.
Des sources «israéliennes» ont rapporté à la chaine CNN que le Hamas a eu suffisamment de temps pour étudier le mode d’action de l’armée «israélienne» et en a tiré parti. Selon ces sources, l’organisation mène aujourd’hui une guerre fondée sur l’exploitation des points faibles des soldats «israéliens», via des cellules de combat réduites et des embuscades utilisant des engins explosifs improvisés. Cela prouve qu’il reste impossible de venir à bout de la résistance, malgré près de deux ans de guerre dévastatrice et une politique de famine imposée à la population civile palestinienne — une méthode considérée comme l’une des plus dangereuses dans les conflits modernes.
Selon l’écrivain et journaliste palestinien Abdel Rahman Nassar la résistance a étudié en profondeur le mode d’action, le comportement et le positionnement des forces «israéliennes» dans la bande de Gaza, et elle mène des frappes avec l’arme appropriée et le plus petit nombre possible de combattants, afin d’économiser les munitions d’une part, et de préserver la vie des résistants d’autre part : «C’est ainsi qu’elle a pu porter des coups précis ayant entraîné des morts et des blessés dans les rangs de l’armée israélienne, ainsi que l’endommagement de ses véhicules. Aujourd’hui, plus que jamais, le combattant palestinien n’a rien à perdre, son corps est affaibli par le blocus et la faim, mais ce qui combat, c’est l’esprit de ce résistant» ajoute-t-il.
Des pertes significatives au sein de l’armée «israélienne»
Depuis le début de l’agression «israélienne» contre Gaza le 7 octobre 2023, environ 900 soldats «israéliens» ont été tués. Le mois de juillet s’avère particulièrement sanglant, avec une vingtaine de morts supplémentaires, malgré 21 mois de guerre. Ces nouvelles pertes choquent profondément la «société israélienne», surtout au regard des promesses répétées de victoire imminente faites par Benjamin Netanyahou.
De plus en plus de voix s’élèvent contre la prolongation de ce conflit. Le commentateur politique «israélien» Guy Peleg a même qualifié, sur la chaine 12, cette guerre de «mensongère, politique et trompeuse», appelant à y mettre un terme. Du côté militaire, plusieurs hauts gradés affirment depuis des mois que l’armée a atteint ses limites opérationnelles et que c’est désormais au pouvoir politique de «récolter» les fruits des actions militaires.
Yisrael Zeif, ancien officier de l’armée «israélienne», a dénoncé non seulement la poursuite de la guerre, mais aussi son élargissement sur plusieurs fronts : Gaza, Syrie, Liban et Cisjordanie. «Cette dispersion des efforts provoque des pertes humaines considérables : près de 1 000 morts, des milliers de blessés, et des dizaines de milliers de personnes psychologiquement traumatisées», déclare-t-il.
Le général de réserve Yitzhak Brik a quant à lui déclaré qu’il était désormais impossible de vaincre le Hamas, qui aurait retrouvé sa pleine capacité militaire. Il estime que le gouvernement actuel représente un danger pour l’existence même de «l’État d’Israël».
Une société «israélienne» en crise psychologique
La guerre actuelle contre Gaza ne se joue pas uniquement sur le champ militaire : elle reconfigure profondément le paysage social et psychologique «israélien». Selon les derniers chiffres, plus de 70 000 anciens combattants «israéliens» vivent avec un handicap, dont un tiers souffrent de traumatismes psychologiques. Les projections estiment qu’ils seront près de 100 000 d’ici 2030, dont la moitié atteints de troubles mentaux.
Le taux de suicide dans les rangs de l’armée a atteint un niveau record : environ 28 cas en 2024, contre 11 en 2021. Récemment, quatre soldats revenus du front à Gaza se sont suicidés. Une étude menée par l’université de «Tel-Aviv» révèle qu’environ 12% des réservistes ayant combattu à Gaza présentent aujourd’hui des symptômes cliniques de stress post-traumatique (TSPT), contre 4 à 6% avant la guerre — un triplement des cas.
Cette crise psychologique majeure au sein de l’armée «israélienne» se répercute dans toute la société. Des sources médicales «israéliennes» rapportent que l’anxiété chronique, l’hypervigilance et le deuil sont devenus des expériences de plus en plus communes. A «Sderot», ville du sud fréquemment ciblée par les roquettes, une enquête a révélé que 28% des adultes souffrent de TSPT. A l’échelle nationale, chaque guerre ou vague d’attentats laisse une empreinte traumatique sur une partie significative des colons.
L’équation politique: entre négociations et impasses
Sur le plan politique, les opérations militaires de la résistance ont un impact direct sur les négociations en cours autour d’un cessez-le-feu à Gaza. Et selon Nassar «l’intensification des frappes vise à exercer une pression accrue en vue d’aboutir à un accord, car la carte des prisonniers ne suffit plus à elle seule pour pousser les Israéliens à reculer dans leur agression. Ainsi, la résistance cherche à créer chaque jour un «événement difficile» qui met dans l’embarras l’armée d’occupation et dément le récit et le discours de la victoire». Le Hamas participe donc à ces pourparlers, fort de ses acquis sur le terrain, en coordination avec les autres factions de la résistance. L’accord tarde toujours à se concrétiser, en raison de l’insistance du mouvement à obtenir un retrait «israélien» complet de la bande de Gaza et des garanties sur la fin des hostilités.
Le président américain Donald Trump, qui semble impliqué dans les négociations, a récemment déclaré avoir de «bonnes nouvelles pour Gaza», se montrant optimiste quant à la conclusion d’un accord. La question reste désormais de savoir si Benjamin Netanyahou sera prêt à affronter ses alliés extrémistes, comme Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, et à faire les concessions nécessaires pour parvenir à une solution, ou s’il choisira de préserver la stabilité politique de sa coalition au détriment d’un accord.
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