Les chrétiens au Liban réalisent-ils le danger de la division ? L’arsenal de la Résistance vous protège…

Par Dr. Esmail al-Najjar
Les chrétiens au Liban réalisent-ils le danger de la division ?
Comprennent-ils que la présence de groupes comme ceux de Joulani aux frontières du Liban pourrait dessiner leur fin dans le pays du Cèdre ? Et ceux qui ne croient pas que l'armement de la Résistance est la garantie de leur survie et de leur maintien sur leur terre, comment envisagent-ils l'avenir ?
Dans le contexte des grandes mutations géopolitiques que connaît la région, il semble que la conscience chrétienne libanaise face aux dangers existentiels qui l'entourent reste divisée entre un héritage historique et un discours politique actuel, ainsi qu'entre des craintes réelles et des intérêts à court terme. Alors que les menaces aux frontières orientales et nord du Liban augmentent d'une part, et que les pressions internationales et régionales en faveur de la fédéralisation ou de la division se renforcent d'autre part, la position d'une grande partie des chrétiens libanais reste hésitante vis-à-vis de l'armement de la Résistance et de son rôle dans la garantie de leur survie et de leur souveraineté.
Pendant ce temps, le danger que représente Joulani et ses groupes extrémistes aux frontières attend un signal extérieur pour agir en direction du Liban.
Depuis le déclenchement de la crise syrienne en 2011, les groupes takfiristes se sont imposés comme une force active sur le terrain, notamment dans les régions proches de la frontière libanaise, comme Qalamoun et les hauteurs de Arsal. Parmi ces groupes, «Hay’at Tahrir al-Sham», dirigé par Abu Mohammad al-Joulani, qui était auparavant connu sous le nom de «Jabhat al-Nosra», la branche syrienne d'«Al-Qaïda», a envahi la ville de Arsal et les hauteurs pendant des années, kidnappant des militaires libanais et mettant fin à leurs vies de manière atroce.
La présence de ce groupe aux frontières du Liban – notamment dans les zones adjacentes à Hermel, dans la Békaa du Nord et à Akkar – ne représente pas seulement un danger sécuritaire, mais également une menace existentielle pour les entités religieuses et communautaires au Liban, en particulier pour les Chrétiens. L'expérience irakienne après 2003 et celle des Chrétiens à Idleb et dans la plaine de Ninive illustrent bien ce que nous avons évoqué.
Les groupes takfiristes ont prouvé qu'ils ne respectent pas le pluralisme et que leur présence mène souvent à l'expulsion des minorités, à la destruction des églises et à l'effacement de l'existence culturelle et historique profondément ancrée des minorités depuis des milliers d'années.
C'est pourquoi nous posons la question à nos frères chrétiens au Liban : réalisent-ils aujourd'hui que la présence de «Jabhat al-Nosra» – sous un nouveau nom – aux frontières orientales de notre pays, et la possibilité de son expansion en raison de transactions internationales ou d'un vide sécuritaire, représente un danger imminent qui ne peut être contré par des discours de souveraineté ou en comptant sur des protections extérieures ? La division du pays est-elle une crainte ou un projet réaliste ?
L'idée de diviser le Liban ou de le fédéraliser n'est plus un simple fantasme politique. Elle est désormais évoquée dans les couloirs de la décision occidentale, surtout après l'échec de l'État central à bâtir un véritable pays incluant tout le monde sur un pied d'égalité, l'aggravation de la crise économique, le démantèlement des institutions et l'intensification du discours confessionnel.
Dans ce contexte, certains promeuvent des formules de «zones sûres» ou de «cantons» comme solution temporaire permettant à chaque communauté de gérer ses affaires, ce qui est interprété par beaucoup comme une première étape vers une vraie division.
Pour les Chrétiens, cette idée pourrait sembler séduisante, car elle donne une impression de particularisme et de protection autochtone. Cependant, l'expérience a prouvé que les petites entités, non défendues géographiquement ou démographiquement, sont plus vulnérables à l'extorsion et aux interventions extérieures, surtout si elles manquent d'éléments de force, le principal étant la sécurité.
Ainsi, l'armement de la Résistance se trouve entre un rejet politique et une garantie existentielle, où de nombreux politiciens chrétiens s'opposent au maintien de l'armement de la Résistance entre les mains des chiites, en se basant sur des considérations de souveraineté et en harmonie avec la vision occidentale et des pays du Golfe.
Cependant, une partie croissante de Chrétiens – en particulier dans les périphéries et les milieux populaires – commence à réaliser que cette arme, qui a libéré le Sud, protégé les frontières orientales lors des combats à Qalamoun et dans les hauteurs de Arsal, et empêché l'expansion de «Daech» et de «Jabhat al-Nosra» à l'intérieur du Liban, est une arme qui a maintenu l'équilibre et empêché la répétition des scénarios de Mossoul, de Sinjar et de la plaine de Ninive.
Bien que cet armement ne soit pas politiquement consensuel, il représente une réalité stratégique qu'on ne peut ignorer, surtout lorsque l'État recule, que les institutions s'effondrent et que les protections internationales sont soudainement levées – comme cela a été le cas pour les Chrétiens en Syrie et en Irak. C'est de cette réalité qu'a commencé à émerger un changement dans l'état d'esprit chrétien, se transformant en signes réalistes reconnaissant la valeur de l'existence de cette arme.
Cette arme ?
*L'alliance politique entre le Courant patriotique libre et le Hezbollah a constitué, depuis 2006, l'une des manifestations de ce changement. Cependant, des voix chrétiennes indépendantes commencent à s'élever, appelant à rompre ce lien entre les deux, s'appuyant sur les paris occidentaux, au lieu de se tourner vers un véritable partenariat national basé sur la protection de l’existence de tous et la coexistence.
Cela ne signifie pas nécessairement une soumission aveugle à l'armement de la Résistance, mais cela indique une évolution dans la perception chrétienne, passant d'un rejet idéologique à une tentative de compréhension réaliste. Ainsi, la conscience chrétienne se trouve aujourd'hui face à un moment décisif, et le Liban se trouve à un carrefour dangereux. Les défis ne sont plus théoriques. La division est en discussion, les groupes extrémistes guettent, et l'Occident négocie et marchande sur les cartes d'influence.
Les armes de la Résistance vous protègent!
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