noscript

Please Wait...

achoura2025

 

Yémen–«Israël»: La guerre d’usure s’intensifie sur fond d’impasse stratégique

Yémen–«Israël»: La guerre d’usure s’intensifie sur fond d’impasse stratégique
folder_openRapports access_timedepuis un jour
starAJOUTER AUX FAVORIS

Par Assia Husseini

Malgré les frappes «israéliennes» constantes contre les ports et les sites civils à Sanaa et Hodeida, le mouvement yéménite Ansarullah poursuit sans relâche ses opérations de soutien à Gaza contre «Israël».

La semaine dernière a marqué une nouvelle escalade, avec le naufrage de deux navires en mer Rouge, alors qu’ils se dirigeaient vers des ports «israéliens». En parallèle, les missiles balistiques continuent d’être lancés en direction des territoires palestiniens occupés, provoquant des perturbations du front intérieur «israélien», avec le déclenchement des sirènes dans plusieurs villes et la fuite précipitée des colons vers les abris, parfois même au beau milieu de la nuit. Et même si les responsables «israéliens» s’efforcent de minimiser l’impact des frappes yéménites, il est désormais clair qu’elles provoquent une vive inquiétude au sein des milieux politiques et sécuritaires.

«Israël» appelle à la formation d’une coalition Internationale

Selon Itay Blumental, correspondant militaire de la chaîne publique Kan 11, «Israël» a récemment adressé un message urgent aux États-Unis, appelant à des attaques conjointes et plus puissantes contre Ansarullah. Ce message insiste sur la nécessité d’une coalition militaire élargie, incluant d’autres pays, et ne se limitant pas aux seules frappes de l’aviation «israélienne». «Israël» demande notamment la reprise des frappes aériennes américaines contre le Yémen, à la lumière de l’intensification des tirs de missiles et de l’escalade maritime observée ces derniers jours.

Selon une source bien informée, ce message «israélien» a été transmis juste après l’attaque contre les deux navires. «Israël» a fait valoir que les frappes yéménites représentent désormais une menace internationale affectant directement le trafic maritime mondial.

Or, les États-Unis ne semblent pas prêts à reprendre leurs opérations militaires contre le Yémen. Le cessez-le-feu du 6 mai 2025, annoncé par le président Donald Trump dans le cadre de l’opération «Rough Rider» et négocié par le sultanat d’Oman, est toujours en vigueur. Cet accord engage Ansarullah à cesser ses attaques contre les navires commerciaux et militaires américains dans la mer Rouge et le détroit de Bab al-Mandeb, en échange d’un arrêt des frappes américaines et britanniques. Toutefois, l’accord exclut explicitement «Israël», et Ansarullah se réserve le droit de continuer à cibler les intérêts «israéliens» ou à soutenir militairement Gaza.

Le journaliste Nidal Hamadé confirme cette tendance: «Israël souhaite désormais un cessez-le-feu avec le Yémen. Les Israéliens se trouvent dans une situation critique face aux attaques yéménites. La guerre avec l’Iran a offert une opportunité précieuse aux missiles yéménites pour percer les défenses antimissiles israéliennes.»

Depuis le retrait des forces américaines de la région, le blocus maritime imposé par le Yémen est devenu nettement plus efficace. Ansarullah utilise principalement des vedettes-suicides, des bateaux lance-missiles et des drones pour intercepter ou attaquer les navires se dirigeant vers la Palestine occupée.

Selon Hamadé, cette guerre d’usure empêche «Israël» de reconstituer ses stocks antimissiles : «Nous sommes arrivés à un stade où toute augmentation des capacités de lancement du Yémen pourrait mettre gravement en danger la stratégie régionale de l’entité sioniste et en révéler les faiblesses», souligne-t-il.

«Israël» dépend désormais presque totalement des missiles d’interception américains en mer, des systèmes Patriot saoudiens et jordaniens, ainsi que des radars positionnés en Arabie saoudite, en Jordanie et en Égypte pour se prémunir des attaques yéménites. Si Ansarullah parvenait à lancer trois missiles balistiques par jour pendant quatre mois, «Israël» serait dans l’incapacité de renouveler ses stocks, tandis que les munitions de ses alliés s’épuiseraient dangereusement.

Un basculement stratégique

Le soutien militaire du Yémen transforme le conflit de Gaza en une guerre régionale asymétrique à multiples fronts. «Israël» doit désormais répartir ses ressources stratégiques entre le nord (Hezbollah), le sud (Gaza et Yémen), et l’est (Irak et potentiellement Iran). Son incapacité à neutraliser ou dissuader Ansarullah envoie un signal de vulnérabilité aux autres acteurs régionaux, ce qui pourrait encourager de nouvelles offensives.

Par ailleurs, le blocus maritime imposé par Ansarullah dans la mer Rouge et le golfe d’Aden ralentit ou détourne le commerce maritime lié à «Israël», augmentant les coûts d’importation et perturbant les chaînes d’approvisionnement. Pour faire face, «Israël» doit s’appuyer sur l’aide des États-Unis, de l’Arabie saoudite, de la Jordanie et de l’Égypte pour sa défense aérienne et ses capacités de renseignement maritime. Cette dépendance réduit sa liberté stratégique et complexifie la gestion opérationnelle du conflit.

De même, le déclenchement répété de sirènes dans le centre d’«Israël», y compris à «Tel Aviv», renforce le sentiment de vulnérabilité au sein de la population. L’idée que des missiles venus du sud de la péninsule arabique peuvent frapper des zones sensibles crée une forme de panique stratégique. Et même si les frappes sont irrégulières, chaque alerte oblige à suspendre temporairement le trafic aérien, les transports, ou certaines activités économiques, affectant le fonctionnement normal de l’entité.

Les opérations yéménites ne représentent pas une menace existentielle directe pour «Israël», mais elles créent un effet cumulatif d’usure, de saturation et d’élargissement stratégique. Cela contribue à affaiblir la position régionale d’«Israël», à perturber sa planification militaire à long terme, et à renforcer la dynamique d’un front de résistance multi-théâtre qui met l’entité «israélienne» sur la défensive dans une guerre prolongée.

 

Comments

//