L’incident des Télécoms provoque la démission de Baroud

L'incident au bâtiment relevant du ministère des Télécommunications à Adliyeh ainsi que le départ du ministre de l'Intérieur Ziyad Baroud suite à l'incident ont fait la Une des quotidiens parus aujourd'hui à Beyrouth.
Selon une source éminente dans la nouvelle majorité une position importante du président de la Chambre Nabih Berry est prévue aujourd'hui. Le bloc "Changement et Réforme" tiendra de son côté une réunion extraordinaire pour évoquer la question.
Dans les faits, l'affaire qui date selon le ministre des Télécoms Charbel Nahas de plusieurs mois a éclaté jeudi à midi lorsque des hommes armés du service des renseignements des forces de sécurité intérieure ont empêché Nahas accompagné de plusieurs fonctionnaires des Télécoms d'avoir accès à l'un des bâtiments de son ministère pour démanteler un réseau mobile opérant hors du contrôle de l'Etat sous le nom d'"Ogero Mobile".
Lors de sa conférence de presse, le ministre a accusé les FSI d'avoir orchestré un véritable putsch contre l'État et ses institutions. « Ce qui s'est passé aujourd'hui est un coup d'État, une occupation militaire », a-t-il dit, accusant les FSI de ne pas respecter la loi, encore moins la hiérarchie et les ordres du ministre de l'Intérieur dont elles relèvent. Il a ainsi expliqué que des éléments relevant du service des renseignements des FSI ont pris position au second étage du bâtiment le vendredi dernier,
« sans autorisation légale », soulignant que le ministre Baroud n'en avait pas été informé à l'époque mais qu'il avait ordonné hier aux éléments présents d'évacuer les locaux.
M. Nahas a affirmé avoir adressé une lettre à M. Baroud, lundi dernier, à cette fin et en a informé le président de la République, ainsi que le Premier ministre sortant, Saad Hariri, précisant que la lettre a été transférée par M. Baroud au directeur général des FSI, le général Achraf Rifi. Ce dernier « a quand même reconnu que le bâtiment relève effectivement du ministère des Télécoms, mais a tenu à y maintenir ses éléments ». Et de poursuivre : « Mardi soir, j'ai sollicité le service de protection des ambassades, qui est légalement chargé (...) de protéger
le bâtiment ».
« Lorsque je me suis dirigé aujourd'hui vers le bâtiment pour ramener les choses à leur cours normal, en compagnie de hauts fonctionnaires, nous avons été confrontés à 400 éléments armés, dont certains étaient en tenue civile et d'autres en tenue militaire », explique encore M. Nahas.
A la suite de l'incident et après que les forces installées dans le bâtiment cité ont refusé d'exécuter ses ordres, le ministre de l'Intérieur Ziyad Baroud a présenté sa démission, affirmant son refus « de jouer les faux témoin », ou de se contenter « de contresigner la correspondance du ministère ». « Il est désormais inacceptable que les Libanais soient pris en otages »,
a-t-il déploré, ajoutant qu'il n'acceptera pas non plus d'être un ministre « dont l'autorité sur certaines directions reste confinée à un texte légal dont l'application est en suspens ».
Réitérant son attachement à la Constitution et au respect de la loi, M. Baroud a déclaré : « Ce qui s'est passé aujourd'hui n'est autre qu'un nouveau spectacle portant sur des violations cumulées qui ont achevé d'éroder le prestige de l'État et des institutions, devenues de véritables épaves abandonnées et dénuées de toute capacité à se tenir à égale distance de tous, garantes du droit des gens, toutes tendances confondues ».
Soulignant que sa démission ne constitue pas « une fuite devant les responsabilités », le ministre a indiqué qu'il refuse absolument toute violation du texte fondamental, ou de « consacrer des précédents qui permettraient à n'importe quelle partie de passer outre les prérogatives d'un ministre ». Et de réaffirmer qu'il n'acceptera pas non plus de prendre partie dans un conflit qui risque d'entraîner le pays vers l'inconnu, appelant les protagonistes à sauver ce qui reste de l'autorité de l'État, des institutions, ainsi que la paix civile qui, a-t-il dit en substance, est désormais en danger.
La présidence de la République a également publié un communiqué dans lequel elle annonce que le chef de l'État a effectué des contacts en soirée avec le ministre de la Justice, Ibrahim Najjar. Les deux hommes ont examiné la possibilité pour le parquet de se saisir de l'affaire, notamment pour ce qui est du refus des FSI de se conformer à la décision du ministre de l'Intérieur ordonnant aux éléments des FSI de se retirer du bâtiment, souligne le texte.
Source: Presse