Le 7 mai 2008: Le complot américain déjoué

Le 5 Mai 2008, le gouvernement de Fouad Siniora adopte deux résolutions sécuritaires sans précédent, qui visent en premier lieu les armes de la résistance libanaise. Ces deux résolutions stipulent le démantèlement du réseau des télécommunications du Hezbollah, et le remplacement du directeur du service de sécurité à l’aéroport international de Beyrouth, Wafic Shoukeir.

Le 7 Mai 2008, des affrontements armés éclatent à Beyrouth et s’étendent vers la montagne libanaise. Pendant près d’une semaine, des membres du Hezbollah s’affrontent avec des forces armées recrutées par le Courant du Futur et entrainées dans certains pays arabes, dont la Jordanie. Des snipers, utilisant des fusils à précision américains, se sont déployés sur les toits des immeubles pour provoquer plus de pertes humaines et mettre de l’huile sur le feu.

En effet, à la suite des deux décisions gouvernementales, le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah avait fixé un ultimatum au Premier ministre pour retirer les deux résolutions. Face à l’ignorance de cette demande, Sayed Nasrallah a appelé ses partisans à défendre par les armes, les armes de la résistance.

« Le réseau des télécommunications du Hezbollah était l’un des facteurs principaux de la victoire du Hezbollah sur Israël lors de la guerre de juillet 2006. Telles étaient les conclusions du rapport israélien Winograd, chargé d’enquêter sur les raisons de la défaite israélienne dans cette guerre. Les Israéliens cherchaient par tous les moyens à se débarrasser de cet atout de force du Hezbollah», a indiqué l’analyste politique libanais Ghaleb Qandyl, dans une interview à notre site.

A ce sujet, Qandyl a rappelé les propos du député Walid Joumblatt qui était allié du Courant du Futur à l’époque. Celui-ci avait reconnu que « Washington était derrière l’annonce de ces deux résolutions, dans le but d’affaiblir successivement la résistance, pour parvenir ensuite à juger les commandants de la résistance ».

Qandyl a également cité les multiples tentatives précédentes du député du PSP Marwan Hemadé de s’attaquer à toute occasion au réseau des télécommunications du Hezbollah, sous prétexte de vouloir organiser ce secteur.

Pour l’analyste politique, « la décision gouvernementale qui ordonnait à l’armée libanaise de poursuivre toute personne impliquée dans la mise en place de ce réseau de télécommunications visait avant tout à semer la division entre l’armée et le Hezbollah. Poursuivre les commandants du Hezbollah et ses membres exécutifs aurait provoqué une guerre civile dans le pays », a-t-il estimé.

Et de conclure que « l’ordre donné par Sayed Nasrallah de faire face à ce projet américain avait protégé le pays de cette guerre civile, parce qu’il n’y avait pas d’autre choix. Le groupe pro-américain au Liban avait pour objectif de réaliser les objectifs israéliens, après l’échec de l’entité sioniste de le faire pendant la guerre ».

S’agissant de la deuxième résolution gouvernementale sur le remplacement du directeur de la sécurité de l’aéroport Wafic Shoukeir, les révélations des câbles diplomatiques du Département d’Etat américain par le site Wikileaks semblent suffisantes pour démontrer le rôle américain dans la planification de ce projet. Selon un câble diplomatique daté du 16 août 2006, et portant le code (BEIRUT268006), c’est l’ambassadeur américain à l’époque Jeffrey Feltman qui fut derrière les débats sur les nominations des officiers à l’aéroport international de Beyrouth. Dans un câble diplomatique daté du 16 aout 2006, (BEIRUT268006), Feltman a discuté avec le directeur général des forces de sécurité intérieure Ashraf Rifi de nouvelles nominations à l’aéroport, dans le but de « mettre fin au trafic d’armes ».

Feltman a rapporté de Rifi sa méfiance dans la loyauté des officiers des services de sécurité (l’armée et les douanes) chargés de contrôler les vols commerciaux. Rifi avait alors évoqué la nécessité de remplacer « dix officiers chiites », qu’ils considèrent pro-Hezbollah, toujours selon le câble diplomatique révélé.

Mais en fin de compte, le complot américain fut mis à nu, et ses instigateurs furent les premiers perdants !