Des progrès, mais rien encore de définitif au sujet du prochain gouvernement...(Presse)

L'Orient le Jour/ Scarlett Haddad
Depuis le dernier discours du secrétaire général du Hezbollah, la Bourse gouvernementale est brusquement montée. Soudain, les informations ont commencé à faire état d'accord de principe entre les différentes parties au sujet du nombre de ministres (30) et du partage des parts, même si les échos parus dans la presse divergent. En gros, il semble désormais clair que le Bloc du changement et de la réforme obtiendra dix ministres plus un (le ministre de l'Intérieur, choisi par le général Aoun avec l'approbation du président Sleiman et du Premier ministre Nagib Mikati. Plusieurs noms ont été avancés pour occuper ce poste, notamment celui de l'ancien chef des SR de l'armée le général Georges Khoury, actuel ambassadeur du Liban au Vatican, mais des sources proches de Mikati précisent que ces informations ne sont pas précises et que l'étape des noms n'a pas encore été atteinte).
Le bloc chiite plus le PSNS, plus le fils de l'ancien Premier ministre Omar Karamé, Fayçal (en sa qualité de représentant de l'opposition sunnite), plus l'émir Talal Arslane, plus le député Nicolas Fattouche auraient neuf ministres et enfin les dix restants (plus le ministre de l'Intérieur) iraient au chef de l'État, au Premier ministre et à Walid Joumblatt. À un ministre près, le partage ne devrait pas réserver de surprises, d'autant que les parties concernées se sont mises d'accord sur le principe suivant défendu par M. Mikati: il n' y aura pas dans ce gouvernement de blocs opposés les uns aux autres et rien ne dit que le groupe dit centriste formé des parts de Sleiman, Mikati et Joumblatt constitue un bloc homogène en opposition au Bloc du changement et de la réforme. L'approche de ce gouvernement ne devrait donc pas ressembler à celle adoptée dans les gouvernements d'union nationale qui regroupent tous les courants politiques. Par conséquent, sur les grandes questions nationales, les ministres de Walid Joumblatt adopteraient des positions proches de celles de la nouvelle majorité, comme l'a déclaré à plusieurs reprises Joumblatt lui-même en affirmant qu'il se tient désormais aux côtés de la résistance. Par conséquent, tous les calculs habituels sur un tiers de blocage et une majorité absolue au sein du gouvernement en gestation ne tiennent plus la route, même si cela n'empêche pas chaque composante de la nouvelle majorité de réclamer un nombre de ministres proportionnel à son poids politique.
Certains pourraient aussitôt s'exclamer: il a fallu plus d'un mois pour aboutir à un tel résultat ! En réalité, chaque point a été longuement discuté et l'un des principaux sujets de discussion a été pendant des semaines la participation de ce qu'il est convenu d'appeler l'opposition sunnite. Le Premier ministre désigné affirmait être d'accord sur le principe, mais il ne voulait pas que cela se fasse aux dépens de son allié Ahmad Karamé, qui considérait sans doute, à juste titre, que la participation du fils de son cousin Fayçal Karamé au gouvernement signifiait qu'il serait aussi le prochain candidat aux élections sur la liste de Mikati. Le Premier ministre s'est finalement rendu aux arguments de la nouvelle majorité et la participation de Fayçal Karamé est désormais acquise. Tout cela pour donner une idée des débats qui se sont déroulés au cours de ces dernières semaines et qui ont retardé la formation du gouvernement.
Toutefois, dans les milieux proches de la nouvelle majorité, on estime que tous ces débats étaient en réalité de faux prétextes destinés à dissimuler le manque d'empressement de Mikati à former le gouvernement rapidement, dans le but de faire traîner les choses jusqu'à arriver à épuiser ses adversaires par lassitude. D'ailleurs, les proches de Mikati ne cessent d'affirmer que ce dernier est en train de marquer des points, en dépit du temps qui passe. Mais justement, le problème aujourd'hui est que la nouvelle majorité a le sentiment que le fait de traîner dans la formation du gouvernement est en train de jouer contre elle et de mettre en cause sa crédibilité. Si, à un moment donné, laisser passer les grosses vagues pouvait l'arranger, ce n'est plus le cas aujourd'hui où, tant la situation régionale qu'interne avec l'accumulation des dossiers chauds en suspens, il est devenu urgent de doter le Liban d'un gouvernement en activité. Ce serait la principale raison qui aurait poussé les parties concernées à avancer dans le processus de formation du gouvernement.
Selon des sources proches du CPL, il faudrait maintenant entrer dans la phase de la distribution des portefeuilles pour conclure avec le choix des noms, dont une grande partie est déjà connue. Mais ces mêmes sources restent prudentes, estimant qu'il est prématuré d'annoncer la formation du gouvernement pour le milieu ou la fin de la semaine actuelle tant il reste encore d'inconnues au sujet notamment de la volonté et de la capacité du Premier ministre désigné de former un gouvernement issu de la majorité en dépit des exigences de la communauté internationale. Mikati serait ainsi la cible de pressions constantes de la part de cette même communauté et en raison de l'étendue de ses contacts et de ses intérêts dans le monde, il n'est pas facile de les contourner. Toutefois, son frère Taha est revenu de sa dernière visite en Syrie avec un souhait clair de la part des autorités syriennes de voir naître un gouvernement au Liban, surtout avec les derniers événements en Syrie. Le problème est, selon les sources de la majorité, que les autorités syriennes ne souhaitent pas intervenir dans les tractations pour la formation de ce gouvernement, d'une part parce qu'elles ont d'autres soucis et d'autre part parce que les yeux de la communauté internationale sont braqués sur leur pays et qu'elles ne veulent pas prêter le flanc à de nouvelles critiques sur d'éventuelles interventions au Liban. « Nous nous sommes retirés du Liban, auraient déclaré les interlocuteurs de personnalités libanaises qui se sont rendues au cours du week-end en Syrie. Le problème est que les Libanais eux-mêmes ne parviennent pas à le croire ...»