La presse israélienne: le Hezbollah a humilié Obama

Source: al Akhbar
Traduction: Fadwa Nassar
L’événement libanais a occupé hier les Une de la presse « israélienne » qui lui a consacré une large couverture, en l’analysant et le commentant. Il a semblé clair que la préoccupation générale des commentateurs israéliens fut leur crainte que ce qui se passe au Liban n’ait d’effets sur la frontière, alors que certains ont traité l’événement à partir de l’angle de l’appréciation de la pratique politique du Hezbollah et sa capacité à faire des surprises.
Le quotidien « Haaretz » a titré, en première page: « crise au Liban: Nasrullah démantèle le gouvernement de Hariri », alors que « Maariv » a choisi l’expression « Le Liban secoué », pour mettre en plein milieu de la page la photo du secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrullah, puis en-dessous, la photo de la rencontre entre le premier ministre sortant, Saad Hariri, et le président américain Barak Obama, à la Maison Blanche. Quant à « Yediot Aharonot », il a consacré sa première page entièrement à une expression tirée d’une interview du précédent directeur des renseignements militaires, Amos Edlin, où il dit: « le Hezbollah est capable d’occuper le Liban, s’il le veut ». De son côté, « Israël Aujourd’hui » a titré dans sa première page: « la crise au Liban ».
Dans le cadre des commentaires, l’analyste des affaires sécuritaires dans Yedioth, Ron Ben Yeshay, a écarté le fait que la crise libanaise aura des répercussions directes et immédiates sur Israël, appelant au même moment les appareils sécuritaires israéliens à concentrer leur surveillance de près « non seulement sur l’armement du Hezbollah, mais sur la manière dont les parties politiques au Liban vont agir et la nouvelle situation qui va naître ». Ressemblant à une sorte d’admiration implicite de la manière d’agir du Hezbollah, Ben Yeshay a écrit « qu’il est difficile de ne pas être positivement impressionné par les aptitudes stratégiques du Hezbollah. Dans cet état, elles apparaissent dans la scène intérieure libanaise. Les dirigeants de l’organisation ont réalisé que Saad Hariri hésitait à accepter le règlement saoudien-syrien, qui aurait pu annuler l’acte d’accusation. C’est pourquoi le Hezbollah a entrepris un pas maîtrisé, qui est d’annuler le gouvernement de Hariri ».
L’analyste des affaires militaires dans le même quotidien, Alex Fishman, a considéré que « la secousse portée à la stabilité du Liban et l’accroissement de la tension entre les forces politiques exigent l’éveil exceptionnel d’Israël, sur sa frontière nord », jugeant que « dès à présent, il faut se comporter avec le Liban comme un baril de poudre pouvant exploser et dont les éclats peuvent arriver de n’importe où ». Il a ajouté: « au Liban, l’évolution de la situation sera rapide, inattendue et indomptable, le Liban instable est un Liban imprévisible ».
De son côté, le correspondant des affaires régionales dans le quotidien Haaretz, Tsivi Bar’il, a écrit que « la démission des ministres de l’opposition au moment où Saad Hariri se réunissait avec le président américain Barak Obama n’est pas due au hasard ». Il a vu que le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrullah, « ne joue plus, depuis longtemps, dans la scène libanaise. Depuis que le Liban est devenu une scène arabe et internationale, il est devenu une table sur laquelle jouent l’Iran, l’Arabie saoudite, la Syrie, l’Egypte, les Etats-Unis, et Nasrullah est devenu un axe vital autour duquel tournent toutes ces forces. Nasrullah possède à présent la décision de transformer le Liban en une scène de violance ou se contenter d’un nouveau chef de gouvernement où il travaillera sous son ombre ».
Quant à Amet Cohen, journaliste à Maariv, il a considéré que « Nasrullah a prouvé qu’il est encore capable de faire des surprises », poursuivant que « le pas inattendu entrepris par le Hezbollah a laissé le Liban dans l’incertitude. Tant que le tribunal international n’a pas publié son acte d’accusation, il est difficile de croire que le Hezbollah détruira tous les outils, mais la menace finale d’une guerre civile a été lancée hier soir ». Il a ajouté: « la démission du gouvernement prouve que le Hezbollah préfère les moyens légaux pour réaliser ses objectifs, le premier étant d’annuler la publication de l’acte d’accusation, et il fera tout pour le réaliser ».
Sous le titre « Le Hezbollah a humilié Obama », le grand commentateur de « Israël aujourd’hui », Dan Margalith, a écrit:
« aucune opposition en Israël n’a commis de vilaine manœuvre contre un quelconque premier ministre. Alors que Saad Hariri s’entretenait avec Barak Obama, les ministres du Hezbollah ont démissionné de son gouvernement et ont été la cause d’une crise qui l’a obligé à prendre le premier avion et à retourner dans sa patrie». Margalith s’est posé la question sur les causes de ce pas entrepris par le Hezbollah: « est-ce qu’il craint vraiment la justice internationale ou bien utilise-t-il cette question pour ébranler la stabilité du gouvernement en vue de modifier la carte politique au Liban et humilier les Etats-Unis comme cela a eu lieu (avant) hier? Les Etats-Unis se sont appuyés sur Hariri, le Hezbollah a alors humilié Obama et Hariri en même temps ».
Dans le cadre de l’analyse des rapports de force à l’intérieur du Liban, Margalith a écrit: « dans le passé lointain, lorsqu’il n’y avait pas un seul Etat arabe prêt à reconnaître l’existence d’Israël, le ministre israélien des AE, Moshe Sharett, avait entrepris une approche du pays des cèdres disant: « je ne sais pas quel sera le premier pays arabe qui signera un accord de paix avec Israël, mais je sais qui sera le second, c’est le Liban ». Il a conclu, par ce commentaire: « il ne s’agit pas de ce Liban-ci, mais du Liban qui existait à l’époque, et qui n’existe plus ».