Aucune preuve concernant l’assassinat de Hariri... affirme l’ancien responsable du contre-espionnage français

Spécial – Nidal Hamadé
Traduction: Fadwa Nassar
A Beyrouth, un mouvement de visiteurs français de premier rang, sécuritaires et politiques. Ce mouvement intense et simultané avec l’agitation concernant l’acte d’accusation prévu pour l’automne prochain, nous ne pouvons le séparer ni de cet acte prévu ni du déroulement des événements. Si Beyrouth guette les visites prochaines et importantes de responsables français dont les noms sont liés aux dossiers de la résolution 1559 et du tribunal international ainsi qu’aux affaires de Muhammad Zuhayr Siddiq et Abdul Halim Khaddam, que nous annoncerons en temps voulu, les visiteurs sécuritaires français qui ont débarqué dans notre pays sont de premier rang dans le domaine de l’expérience et de l’activité sécuritaires. Parmi eux, Yves Bonnet qui est sans doute l’un des trois hommes dont les paroles et analyses sont jugées sérieuses et sont suivies dans les milieux des instituts
d’études politiques en France ou dans les milieux médiatiques.
C’est dans les moments les plus complexes sur le plan sécuritaire dans l’histoire contemporaine de la république française qu’Yves Bonnet a pris en main l’appareil du contre-espionnage. C’est lui qui a arrêté George Ibrahim Abdallah et qui avait demandé au procureur général de la république française d’émettre un avis d’arrestation contre Wahid Gorgi, et envoyé ses hommes au domicile de ce dernier pour l’arrêter, mais les hommes du ministère des affaires étrangères étaient arrivés avant, et avaient transféré Gorgi au bâtiment de l’ambassade iranienne à Paris. Yves Bonnet est l’homme qui a négocié avec les Algériens pour l’échange de George Abdallah contre l’otage français précédent au Liban, Jean Pérol, et réalisé un accord non exécuté à cause de l’intervention de l’ancien président François Mitterand, bien que Bonnet affirme que c’est le hasard qui a entraîné le non-respect par la France de cet accord.
A cause de son importance sur le plan de la sécurité, il a été nommé gouverneur de la Guadeloupe qui abrite les centres français des expériences nucléaires. Mais parce que les traditions françaises dans les domaines militaires et sécuritaires ne permettent pas une retraite totale, Yves Bonnet reste, comme ses collègues, en activité et en déplacement permanent. Il se trouve actuellement au Liban où «al-intiqad» l’a rencontré dans ses locaux, accompagné par un groupe français. Nous avons eu cet entretien avec lui:
Q. Comment considérez-vous les discussions relatives à un acte d’accusation visant des membres du Hezbollah dans l’affaire de l’assassinat du premier ministre Hariri?
R. Je suis étonné que ce tribunal qui ne possède aucun indice criminel palpable puisse émettre des décisions et des jugements, et sur quelles bases est-il encore d’ailleurs à l’œuvre. Je ne souhaite pas intervenir dans les affaires internes libanaises, mais en tant qu’homme de sécurité, je considère qu’il est impossible de savoir qui a tué Hariri du fait que les enquêteurs de la commission d’enquête internationale étaient absents les quatre premiers jours après l’assassinat. Les enquêteurs internationaux sont arrivés sur la scène du crime plusieurs semaines après, ce qui leur ôte la possibilité d’acquérir des indices criminels formels sur la scène du crime. Du point de vue sécuritaire et criminel, ce tribunal ne possède aucun indice et il agit sur une base politique, sans plus.
Q . Est-ce que vous entendez par là que ce tribunal international n’est pas indépendant?
R. Il n’y a pas de justice internationale indépendante et il n’y a jamais eu de tribunal international indépendant. Je parle ici en tant qu’homme d’expérience dans le domaine sécuritaire, et je mets ma crédibilité en jeu. Tous les tribunaux internationaux formés dans notre histoire contemporaine étaient politisés et soumis aux pressions des Etats puissants et influents, y compris le tribunal Hariri. Ce tribunal n’est pas indépendant, il ne l’a jamais été et il est soumis à la décision politique aux Etats-Unis, tout comme il agit selon un agenda américain.
Q. Ils parlent de l’enregistrement de communications téléphoniques?
R. Ceci n’a pas de valeur, ni pénalement, ni juridiquement. Pendant quatre ans, ils ont accusé la Syrie, où étaient ces communications téléphoniques pendant toute cette période? Il s’agit d’exécuter une nouvelle politique américaine dans la région qui s’appuie sur les guerres civiles internes au lieu de guerres. «Israël» et les Etats-Unis considèrent que le Hezbollah est le premier obstacle à l’extension de leurs influences, c’est pourquoi la question des enregistrements téléphoniques a été actuellement suscitée. Je fais allusion ici à l’infiltration israélienne dans le réseau libanais des communications comme l’ont indiqué les récentes arrestations.
Q. En tant qu’ancien responsable de l’appareil français de renseignements le plus important, qui a tué Hariri à votre avis ?
R. Dans un assassinat politique, il faut toujours rechercher dans le cercle des proches de la victime, et je pense que Hariri a été assassiné par des gens qui lui sont proches. Nous devons toujours poser une question évidente dans tout assassinat, quelle partie profite de cet assassinat?
Q. Quelle partie profite de l’assassinat de Hariri?
R. Tout au long des années passées, nous avions dit à toutes les personnes du 14 mars rencontrées que la Syrie est la première à subir des préjudices par suite de l’assassinat de Hariri mais personne ne nous écoutait. Après tout ce temps, les événements sont venus confirmer notre point de vue et aujourd’hui je dis que ce qui s’applique à la Syrie s’applique au Hezbollah. Pourquoi le Hezbollah tuerait-il Hariri? Pour se mettre la société libanaise sur le dos? Ou donner au monde un motif pour le combattre? De plus, Rafic Hariri, aussi important et influent politiquement qu’il était, ne constituait pas une menace pour le Hezbollah sur la scène libanaise. Puis pourquoi personne n’évoque «Israël», le «voisin» au sud du Liban possède une longue expérience et une histoire ancrée dans les assassinats politiques, et de plus, les Israéliens possèdent certainement les capacités techniques et les renseignements pour mener cette opération .
Q. Des hommes politiques libanais, dont Samir Geagea, parlent en toute confiance dans cette direction?
R. Samir Geagea n’a aucune crédibilité ni libanaise ni internationale, c’est un criminel dont l’histoire sanglante est saturée
d’assassinats politiques. Comment se pose-t-il en tant que juge? Ceci d’une part, puis d’autre part, personne n’ignore la présence d’un groupe israélien au Liban dans le cadre du jeu politique libanais.
Q. Où se trouve la solution?
R. Il y a plusieurs points qui peuvent permettre de connaître la vérité, malgré l’absence de tout indice criminel, à cause de ce que nous avons dit. Parmi ces points, l’interrogatoire de Siddiq et des autres témoins dont il s’est avéré qu’ils mentaient. La recherche de la partie qui a un intérêt véritable dans l’assassinat de Rafic Hariri dans les circonstances vécues par la région en 2005.
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