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Une marée humaine et des délégations de plusieurs pays pour le dernier adieu à Fadlallah (Presse)

Une marée humaine et des délégations de plusieurs pays pour le dernier adieu à Fadlallah (Presse)
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Article de Scarlett Haddad/ L'Orient le Jour  

Une marée humaine et des délégations de plusieurs pays pour le dernier adieu à Fadlallah (Presse)La banlieue sud ploie sous le poids de la tristesse. La gigantesque marée humaine ondule au gré des pas plus ou moins synchronisés des dizaines de milliers de fidèles. Le parcours du convoi funèbre résume à lui seul une vie consacrée à la réflexion, à la prière et au service d’autrui. Départ du domicile à Haret Hreik, celui-là même que l’aviation israélienne a entièrement détruit en 2006 et dont les combattants du Hezbollah l’ont sauvé in extremis, scellant ainsi la grande réconciliation avec lui. Premier arrêt devant la mosquée de l’imam Reda, où il a fait ses premières apparitions après le départ de Nabaa, second arrêt devant la mosquée de Bir el Abed et les boulangeries Cindrella où une voiture piégée avait explosé en 1985 dans le but de le tuer, troisième arrêt à Moucharrafieh , quatrième à Ghobeyri et enfin, retour à Haret Hreik, cette fois à la mosquée Al Hassanayn où il prononçait ses prêches au cours des dernières années. La boucle est ainsi bouclée et sayed Mohammed Hussein Fadlallah achève son parcours à l’intérieur de cette mosquée, comme il l’a lui-même souhaité samedi avant de plonger dans un sommeil artificiel, en prélude au sommeil éternel. 
Indifférente au soleil tapant de ce mois de juillet, la foule avance au son de prêches du sayed diffusés par des hauts parleurs. A intervalles réguliers, le convoi est coupé par des banderoles noires portées par des fidèles. Les portraits de Fadllallah sont légion, ainsi que les drapeaux noirs, indices de deuil. La fabuleuse organisation du Hezbollah, qui avait appelé à une participation massive à ces obsèques, est perturbée par la sincérité de la peine des fidèles, qui, eux n’attendent pas les pauses, ni les signes pour déplorer avec des pleurs et des cris la disparition de celui qu’ils considéraient comme un père.
Dans une grande synchronisation, la dépouille de sayed Fadlallah dans un cercueil recouvert d’un drap de velours avec des inscriptions coraniques, atteint la mosquée Al Hassanayn en même temps que le chef du PSP, à la tête d’une importante délégation de son parti et accompagné des ministres Waël Abou Faour, Ghazi Aridi et Akram Cheyaheb ainsi que de son fils Taymour. Les autres participants à la cérémonie sont déjà à l’intérieur de la mosquée : des représentants de la plupart des partis libanais, des délégations venues de Syrie, d’Iran, d’Irak, d’Oman, de Bahrein, du Koweit, du Yémen et des Emirats, ainsi que les proches et les officiels. C’est que l’autorité de Fadlallah avait dépassé les frontières libanaises pour s’étendre à l’ensemble du monde chiite. C’est d’ailleurs ce qui lui avait valu la colère de la République islamique d’Iran, qu’il avait pourtant été le premier à appuyer. Mais lorsqu’il a contesté son autorité et celle du Wali al Fakih, se considérant lui-même comme une autorité à part entière, il a été combattu et menacé. Alors que certains excités au Liban planifiaient de le tuer, c’est toutefois la même République islamique qui les en a empêchés. Fadlallah a alors connu sa traversée du désert, sans jamais faiblir, ni modifier ses prises de positions, sans suspendre aussi ses activités. Il continuait inlassablement à prêcher pour un islam moderne et ouvert, en dépit des pressions. Lui qui avait été le premier à encourager l’esprit de résistance contre Israël, dès 1978 et en 1982, il avait été pourtant exclu des festivités de la victoire en 2000, son rôle n’ayant même pas été mentionné. Mais cela ne l’avait nullement découragé et il avait répondu en multipliant la construction d’écoles et d’orphelinats, ddans le cadre de l’association « Al Mabarrat », au Sud et partout au Liban. En 2001, en visionnaire, il avait été le premier uléma à condamner les attentats du11 septembre aux Etats-Unis, convaincu qu’ils seraient utilisés contre les musulmans. Dès lors, ses prêches étaient articulés autour de trois lignes directrices : unité des musulmans, dialogue avec les chrétiens et résistance contre l’occupant, tout en donnant la priorité à l’Homme. Dans le cadre de son combat pour l’unification de l’islam sunnite et chiite, Fadlallah avait été jusqu’à affirmer que l’histoire des coups reçus par Fatmé Al Zahra, fille du Prophète et épouse de l’imam Ali, de la part du Calife Omar ne serait pas vérifiée…Fadlallah militait aussi inlassablement contre l’obscurantisme, notamment musulman. Il avait émis des fatwas contre l’excision des femmes et les crimes d’honneur et il avait invité les femmes battues à répondre de la même manière. Au Dr Kamel Mohanna qui l’avait connu à Nabaa, qui lui demandait pourquoi les sociétés musulmanes semblent si arriérées, Fadlallah avait répondu : parce que les autorités privilégient les rites et les apparences sur les principes fondamentaux. De même qu’il lui avait déclaré qu’au Liban, si on n’est pas appuyé par une partie étrangère, on reste faible, en dépit d’une apparente force.
Entourant ses dix enfants (le onzième est mort de maladie), responsables, religieux et simples fidèles l’ont accompagné dans son dernier voyage, établissant une gigantesque chaîne, reliant toutes les étapes du parcours jusqu’à la demeure finale. Un ultime hommage à ce dignitaire religieux qui était à sa manière un rebelle et un poète.

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