Liban: Amnesty demande une enquête pour «crimes de guerre» sur les destructions «israéliennes»

Par AlAhed avec agences
«Israël» a posé des explosifs et utilisé des bulldozers pour détruire des maisons, mosquées, cimetières, routes, parcs, terrains de football et d’autres infrastructures civiles dans le sud du Liban, pointe Amnesty International dans un nouveau rapport publié mardi 26 aout. L’organisation de défense des droits humains exige l’ouverture d’une enquête pour crimes de guerre.
Plus de 10.000 structures sur presque toute la longueur de la frontière sud du Liban avec la Palestine occupée, longue de 120 kilomètres, ont souffert du passage de l’armée «israélienne», ressort-il de cette enquête qui se concentre sur la période du 1er octobre 2024 (date de l’invasion terrestre du Liban par Israël) au 26 janvier 2025. Elle court donc au-delà de la trêve décrétée entre «Tel Aviv» et Beyrouth.
«La plupart des destructions infligées par l’armée «israélienne ont eu lieu après le 27 novembre 2024, date de l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu», précise Amnesty.
Or, le droit international interdit de démolir des biens civils sans nécessité militaire «impérieuse».
«L’armée israélienne a déclaré que certaines destructions visaient à empêcher de futures attaques (...), que ces structures civiles servaient à stocker des armes ou se trouvaient au-dessus de tunnels.» Cependant, ces critères ne fondent pas un impératif militaire et ne sont donc pas recevables au regard du droit international, répond l’ONG.
Les agglomérations de Yarin, Dhayra et Boustane, dans le district de Tyr, ont été les plus touchées: plus de 70% de leurs bâtiments ont été détruits au cours de la période examinée, poursuit Amnesty. L’organisation humanitaire base son rapport sur des documents visuels (des images satellite, mais aussi notamment des dizaines de vidéos et photographies dont la véracité a été vérifiée).
Amnesty a procédé à une analyse détaillée des dommages et destructions infligés par les forces «israéliennes» dans cinq villages: Kfar Kila, Maroun el Ras, Odeisseh, Aita Ash Shaab et Dhayra. À Kfar Kila, par exemple, l’ONG a dénombré quelque 1.300 structures et plus de 53 hectares de vergers fortement détériorés ou rasés. Les destructions, notamment celle d’un terrain de football, se sont poursuivies même après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 27 novembre 2024. «Alors qu’elle détruisait le terrain au moyen d’un engin excavateur, l’armée israélienne a également gravé une étoile de David, symbole associé au judaïsme, dans un parking, ce qui constitue une preuve supplémentaire du caractère inutile de cette destruction», souligne Amnesty.
À Aita Ash Shaab, quatre mosquées ont notamment été anéanties. «Une vidéo, publiée le 23 octobre 2024 sur le compte privé d’un soldat sur les réseaux sociaux, montre des soldats en train de sauter et chanter ‘puisse ton village brûler’ en hébreu, tandis que des engins excavateurs démolissent des bâtiments», s’insurge l’ONG. «Les maisons, les terres agricoles, les moyens de subsistance, les magasins, les restaurants, (...) les places publiques, les lieux où les gens se retrouvaient (...) Tout a disparu», s’est lamenté le maire de la localité, Hajj Muhammad Srour.
«Les preuves que nous avons analysées montrent clairement que les forces israéliennes ont délibérément laissé derrière elles une traînée de dévastation lorsqu’elles ont traversé la région», a commenté la directrice générale de la recherche, du plaidoyer, des politiques et des campagnes chez Amnesty International, Erika Guevara Rosas.
«Ces destructions, quand elles ont été commises intentionnellement ou de manière inconsidérée, doivent faire l’objet d’une enquête pour crimes de guerre.»
Amnesty exige des réparations
Amnesty International exige en outre des autorités «israéliennes» qu’elles accordent «des réparations rapides, complètes et adéquates à toutes les victimes de violations du droit international humanitaire et de crimes de guerre». Quant au gouvernement libanais, «il devrait considérer la possibilité de conférer à la Cour pénale internationale la compétence pour enquêter sur les crimes relevant du Statut de Rome (crimes de guerre, contre l’humanité, etc., NDLR) commis sur le territoire libanais et pour engager des poursuites».
Enfin, l’organisme enjoint «tous les États» à suspendre immédiatement tout transfert «d’armes et autres formes d’assistance militaire à Israël en raison du risque important que ces armes soient utilisées pour commettre ou faciliter des violations graves du droit international».
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