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La guerre de juillet 2006, fin d’une étape…début de la guerre douce

La guerre de juillet 2006, fin d’une étape…début de la guerre douce
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 Dina Chamseddine

La période allant du 12 juillet 2006 au 14 août 2006 est relativement courte, mais elle a été suffisante pour changer le cours de l’histoire et instaurer de nouvelles équations dans la région voire au niveau du monde entier. Ce laps de temps entre la victoire et la défaite, la frustration et l’espoir, la crainte et le courage, le doute et la certitude, l’angoisse et la tranquillité, la dignité et l’humiliation, la reddition et la volonté de la victoire fut donc décisif.

Toutefois, une question se pose : Est-ce que la guerre de juillet 2006 contre le Liban et laLa guerre de juillet 2006, fin d’une étape…début de la guerre douce
résistance a pris fin avec la cessation des hostilités ou bien dure-t-elle toujours sous d’autres formes dans le but de fléchir l’axe de la résistance et d’imposer l’hégémonie impériale américaine ?

Pour répondre à cette question, moqawama.org a interrogé l’expert en stratégie militaire, le général de brigade à la retraite, Dr Amine Hoteit. Selon lui, les résultats stratégiques découlant de la victoire de la Résistance en 2006 ont confirmé l’échec de la stratégie américaine fondée sur la force, dans le but de créer un nouveau Moyen Orient.

Le général Amine Hoteit a indiqué qu’ « on ne pouvait pas comprendre la guerre de juillet 2006 contre le Liban sans tenir compte des évènements internationaux depuis la chute de l’Union soviétique et l’alliance de Varsovie. « Les Etats Unis et après avoir réussi leur campagne contre l’Union soviétique, ont multiplié leurs efforts pour imposer leur hégémonie sur le monde à travers un nouveau régime mondial, fondé sur l’unilatéralisme. Et puisque le temps était crucial, l’Amérique a adopté la guerre traditionnelle (Hard War). Cette guerre qui compte sur les armées et les combats afin d’assujettir la partie adverse par la force militaire suite à l’occupation de son territoire.
Et puisque la région du Moyen Orient est la clé du monde et que celui qui la domine contrôle effectivement le monde entier pour ses richesses pétrolières et de son site géographique crucial pour l’économie mondiale, les Etats Unis ont accéléré la mise en œuvre de leur plan visant à opprimer la région et à y imposer leur volonté.

Les Etats Unis étaient confiants que la majorité des pays de la région était ou bien subordonnée, ou opérant pour leur compte, à l’exception de quelques pays qui pourraient entraver leurs plans. Après avoir entrainé l’Irak dans une guerre contre l’Iran, les Etats Unis ont estimé que les deux pays ont été affaiblis de manière qui les empêche de lutter. Tout comme l’Organisation de La Libération de la Palestine (OLP) qui a été écartée de la confrontation avec "Israël", le Liban fut en état d’épuisement, et la Syrie souffrait de blocus. De ce fait, l’Amérique a jugé qu’aucune force ne pourrait faire face à sa machine militaire. Il lui semblait que son déploiement dans la région suffirait à la contrôler. Pour paver la voie à l’exécution de leurs plans, les Etats Unis ont incité Saddam Hussein lors de son célèbre entretien avec l’ambassadrice April Glaspie à envahir le Koweït afin de justifier l’envoi de leurs forces à la région.

La gaffe de Saddam Hussein a fourni l’alibi nécessaire à l’occupation. A la suite de l’invasion du Koweït, les Etats Unis ont formé une coalition mondiale et émis une résolution au Conseil de Sécurité sous le chapitre VII de l’ONU, et leur armée s’est déployée dans le Golfe persique. L’administration US a estimé que le déploiement de leur armée éliminerait les obstacles devant la mise en place d’un nouveau Moyen Orient et d’un monde unilatéral. Les Etats Unis ont réussi leur première démarche : déploiement facile en Irak qui a été exploité pour introduire "Israël" dans l’esprit arabe par le congrès de Madrid, comme moyen pour séparer les Arabes. Même la Syrie n’a pu résister devant l’agression et a participé au congrès de Madrid et aux négociations. Seul l’Iran a tenu à son refus aux politiques américaines, mais en adoptant le pragmatisme, et en élaborant les plans selon ses potentiels. L’Iran a estimé que s’il n’arrive pas à affronter militairement les politiques américaines, il peut au moins les rejeter et appuyer ceux qui peuvent les refuser et les affronter. Cette stratégie a poussé l’Iran à consolider son alliance avec la Syrie pour que les deux pays deviennent les deux pôles d’un axe luttant contre les politiques américaines visant à imposer la reddition.

Cette stratégie a été traduite par le soutien accordé à la Résistance islamique qui s’est accru depuis 1982 à la suite du retrait de la résistance palestinienne.

A partir de l’année 1991, le monde entier était dépendant ou soumis aux Etats Unis, sans exclure les pays membres du Conseil de Sécurité. Seul l’axe de la Résistance a tenu à son refus de capituler. C’est pour cette raison que l’Iran a été désigné par l’axe du mal. Nous comprenons les motifs de cette appellation qui signifiait le mal pour les Etats-Unis mais le bien pour les peuples de la région.
C’est ce qu’a confirmé le président américain Ronald Reagan lorsqu’il a été informé de la formation d’un front de lutte et de résistance contre les accords de Camp David. Il a alors dit : « Il faut détruire ces forces », à savoir la Lybie, l’OLP, l’Irak, la Syrie et l’Algérie.

Des complots ont été ourdis contre ces pays et forces : l’Algérie a sombré dans la guerre civile, l’Irak a été détruit par la guerre, la Lybie a enduré un blocus et l’OLP a été dissoute.
La Syrie qui a résisté aux pressions, est sortie indemne grâce à ses nouvelles alliances au sein du nouveau tandem, celui de la Résistance. Un fait qui a attiré la machine militaire vers elle. Le début a été en 2006. Je me rappelle qu’en 2000 et durant ma mission aux frontières du Liban sud à l’issue du retrait israélien, j’ai entendu parler de l’imminence de la guerre de vengeance. Nous avons alors estimé que les Etats Unis et Israël choisiront d’abord le maillon qui selon eux était le plus faible, en d’autres termes, la Résistance, dont l’élimination ferait casser le fer de lance. De ce fait le danger serait éloigné des frontières de l’entité sioniste.
Au début de la guerre, Condoleeza Rice a déclaré qu’un nouveau Moyen Orient était en gestation. Elle signifiait un Moyen Orient assujetti à l’Amérique, dépourvu de résistance.

Toutefois, la lutte de l’axe de la résistance depuis 1989 et jusqu’à 2006, a entravé le projet américain et une victoire de l’Amérique et d’Israël dans la guerre aurait éliminé ces obstacles. Cependant les équations de la guerre ont échoué devant la détermination de la Résistance islamique. Le résultat de la guerre fut une catastrophe pour les Etats Unis et leur stratégie, démontrant que l’Amérique n’a pas pu contrôler le Moyen Orient. Toutes les guerres à partir du Koweït, de l’Afghanistan et de l’Irak, n’ont pu éliminer l’obstacle que représentent l’Iran et l’axe de la Résistance. Les Etats Unis ont eu la conviction que le recours à la force militaire ne pourrait les faire parvenir à leurs fins, car le monde commençait à prendre conscience de la réalité des faits.
La défaite du projet américain en 2006 a eu des conséquences stratégiques notamment leLa guerre de juillet 2006, fin d’une étape…début de la guerre douce
recours des Etats Unis à la guerre douce comme nouvelle stratégie et un état de confusion régnait sur la scène internationale. Une situation qui a encouragé les forces hésitantes ou « endormie » à bouger, en quête d’un rôle quelconque. Pour ces raisons, la victoire de la Résistance a été qualifiée de stratégique à dimension internationale. Une victoire qui a modifié le cours des événements et ouvert la voie à de nouveaux horizons ».

En réponse à une question sur la nature de « la guerre douce », le général à la retraite Amine Hoteit a expliqué que la stratégie de la guerre douce repose sur cinq facteurs :

1-le facteur intellectuel dans la mesure où l’adversaire serait la cible d’un matraquage médiatique intensif afin de le convaincre que son système d’idéologie n’est plus valable et qu’il doit s’en débarrasser pour suivre d’autres idées. Le camp adverse peut en modifiant la pensée, attirer des éléments de la société pour qu’ils deviennent des outils opérant pour son compte.

2-Répartir ces outils dans des cellules qui oeuvrent contre les intérêts de la société, afin de provoquer des problèmes internes prêts à se transformer en conflits. Après avoir préparé l’environnement propice aux troubles, l’adversaire œuvre pour réveiller des anciens conflits historiques pour qu’ils animent de nouveaux conflits sur la scène interne du pays.

3- Débute alors la phase de l’autodestruction. Une phase durant laquelle le rôle de la partie qui dirige la guerre douce serait d’exacerber le conflit et de faire échouer toute tentative visant à le régler. De ce fait, elle empêcherait toute rencontre ou dialogue entre les parties du conflit en les incitant au combat pour qu’ils s’autodétruisent.

4-Après l’autodestruction et l’épuisement du pays visé, la force qui a dirigé la guerre douce intervient pour établir un régime de son choix, façonner une entité politique et interdire au nouvel Etat d’avoir une armée ou une source de force. La société du pays adoptera ainsi le suivisme sur le plan intellectuel, économique et politique.

Selon Dr. Hoteit, trois conditions sont nécessaires pour que la guerre douce aboutisse à ses fins :
1-Une force médiatique énorme afin d’exercer le lavage des cerveaux
2-Des capacités financières pour assurer la continuité de cette guerre.
3-L’existence d’éléments essentiels qui sont utilisés pour miner la société.

Dr. Hoteit a ajouté que la guerre douce peut être contrée par plusieurs moyens :
1-Par l’immunité populaire, idéologique et religieuse et par les efforts visant à consolider cette immunité. Il a affirmé dans ce contexte que le peuple engagé à la religion ne peut être affecté par la guerre psychologique.
2-Par la justice sociale et l’égalité exigées pour déjouer la guerre douce, puisqu’elles empêchent l’explosion de la société. Il a donné l’exemple de l’Iran où la stratégie de la guerre douce a échoué à cause de l’engagement idéologique des masses et du niveau de justice et d’égalité.

Dr. Hoteit a précisé que les régimes qui n’établissent pas la justice sociale, ne sont pas en mesure de faire face à la guerre douce, notant que Sayed Hassan Nasrallah a mis l’accent dans son dernier discours sur la guerre douce déchaînée contre la société de la Résistance, mettant en garde contre une telle stratégie qui pourrait la détruire progressivement.

Concernant les manifestations de la guerre douce au plan régional, notamment en Syrie, le général à la retraite Amine Hoteit a rappelé qu’il avait écrit depuis un an et demi un article intitulé « la stratégie américaine et les incendies ambiantes » et puis un article en septembre 2010 intitulé « l’an des troubles ». « Après avoir prévu le recours des Etats Unis à la stratégie de la guerre douce, je me suis attendu à ce qu’ils provoquent des crises au Moyen Orient. L’une des méthodes de l’adversaire pour réussir la guerre douce étant de semer les troubles et la frayeur permanente. Par là nous pouvons expliquer tous les événements ici et ailleurs, comme les attentats, les assassinats, les troubles et le blocus. Ces faits qui découlent du recours des Etats Unis à la stratégie de la guerre douce, sont similaires au cancer qui détruit le corps si la cellule atteinte n’est pas surveillée avant que la maladie ne se propage dans le corps.

La guerre militaire traditionnelle est la méthode adoptée par les forts et les courageux, alors que la guerre douce se fonde sur la malice et la ruse et est adoptée par des immoraux qui craignent la défaite.
Cette stratégie peut être déjouée par la prise de conscience, la vigilance, l’enracinement idéologique et par la disposition à l’affronter. Par là nous estimons que les chances de la réussite de la nouvelle stratégie américaine dans la région sont réduites, d’où l’optimisme exprimé par Sayed Hassan Nasrallah qui a récemment rassuré ceux qui tiennent à la Résistance sur son sort, en dépit de la campagne internationale dont elle fait l’objet.

Source: moqawama.org

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