Projet d’union entre Bahreïn et l’Arabie : des manifestations à Manama et Téhéran

Des milliers de Bahreïnis ont manifesté vendredi à Manama contre le projet d'union entre Bahreïn et l'Arabie saoudite, à l'appel des ONG politiques de l'opposition.

Les manifestants ont défilé dans la rue de Badie el-Karib, qui relie plusieurs villages autour de Manama, sans provoquer aucun affrontement avec les forces de sécurité.

Baptisée « Prêts à se sacrifier pour Bahreïn », la manifestation a réuni « plus de 300 Bahreïnis », selon Al-Wefaq, principal groupe de l'opposition.

« Des jeunes participants, dont certains étaient drapés des couleurs nationales rouge et blanche, ont scandé des slogans hostiles au projet d'union », ont indiqué des témoins, dont entre autre : « Non à l'union », « Bahreïn n'est pas à vendre », et « Le pays n'est pas mis aux enchères ».

A la fin de la manifestation, l'opposition a affirmé dans un communiqué que « Bahreïn connaît une profonde crise politique et constitutionnelle à cause de la politique irrationnelle des autorités qui fuient chaque fois leurs responsabilités ».

« Le peuple bahreïni a le droit à l'autodétermination », a-t-elle réitéré.

Et d’ajouter : « Toute décision qui touche à la souveraineté de Bahreïn (...) sans consulter le peuple par voie d'un référendum (...) représentatif sera nulle et non avenue ».

L’opposition a également appelé à la libération « immédiate et non conditionnelle » des détenus politiques et ceux d’opinion, notamment l’activiste de droit Nabil Rajab et le gréviste Abdel Hadi Khawaja.

Pour sa part, cheikh Issa Qassem a dénoncé ce projet d'union saoudo-bahreïnie, insistant sur le droit du peuple à le rejeter.

« Comme certaines monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont exprimé leur opposition à ce projet d’union, le peuple a le droit de faire de même et de lutter pacifiquement contre lui », a-t-il déclaré durant le prêche du vendredi.

Et de conclure : « Les peuples ne sont pas des troupeaux de moutons et d'agneaux, ils ont le droit de s’exprimer ».

Sedighi : Ce projet est un complot américano-sioniste

Parallèlement, plusieurs milliers d'Iraniens ont manifesté à Téhéran pour protester contre le projet d'union saoudo-bahreïnie, qualifié de « complot américano-sioniste » par l'imam de la prière dans la capitale, selon les images montrées par la télévision d'Etat.

Portant des drapeaux bahreïnis, les manifestants se sont rassemblés après la prière hebdomadaire du vendredi devant l'université de Téhéran en criant « Mort aux traîtres Al-Saoud », « Mort à l'Amérique » et « Mort à Israël ».

Dans un autre temps, les autorités iraniennes avaient appelé à des manifestations populaires dans le pays pour dénoncer « le plan américain d'annexion de Bahreïn par l'Arabie saoudite » et pour « exprimer leur colère contre les régimes laquais d'Al-Khalifa et d'Al-Saoud », les dynasties régnantes des deux pays.

Téhéran a estimé que le projet en question « violait les droits de la population bahreïnie » et ne pouvait qu'« aggraver la crise dans ce pays ».

« Il s'agit d'un complot pour annexer Bahreïn à l'Arabie saoudite », a dit l'ayatollah Kazem Sedighi dans son sermon.

« Les dirigeants saoudiens et bahreïnis l'appellent une union mais ils veulent que Bahreïn perde son identité plutôt que de répondre aux revendications de sa population », a-t-il souligné.

Tout en confirmant que « les Iraniens et les peuples musulmans du monde ne tolèreront pas cette conspiration américano-sioniste », l'ayatollah a estimé que « son seul résultat serait d'apporter le déshonneur à l'Arabie saoudite ».

Source : Divers