Discours du secrétaire général du Hezbollah à l’occasion du premier anniversaire du martyr hajj Mohammad Afif et de ses compagnons
Au nom de Dieu
Nous nous réunissons aujourd’hui à l’occasion du premier anniversaire de la mort en martyre du frère, le grand cadre et responsable médiatique, hajj Mohammad Afif. Nous parlerons de certaines de ses positions et de sa biographie, puis nous passerons à la situation politique pour aborder quelques questions d’actualité.
Hajj Mohammad Afif est un nom brillant dans le monde des médias, une plume forte et une éloquence verbale, un réservoir immense de culture, de conscience, de justesse de vision et de rectitude dans la voie qu’il a choisie. Cet homme exceptionnel était celui qui assumait la responsabilité des relations médiatiques depuis plus de dix ans, sous la supervision du maître des martyrs de la nation, sayyed Hassan Nasrallah. Son parcours médiatique est un parcours connu, depuis ses débuts au Sud, puis à Beyrouth, puis à la direction de l’information à la chaîne Al-Manar, puis dans la responsabilité médiatique, notamment à la tête du département des relations avec les médias, qui a pris, grâce à lui et à sa capacité à accompagner la réalité médiatique, en tissant des relations avec tous les médias, qu’ils soient amis, adversaires ou hostiles, un grand élan. Il a pu ainsi donner une empreinte particulière au travail médiatique au sein du Hezbollah.
Après le martyre de sayyed Hassan Nasrallah, il m’a appelé et m’a dit: «Nous devons emprunter une voie différente de celle qui était suivie dans les relations médiatiques avant la guerre»
Je lui ai demandé : «Que proposez-vous ?»
Il a répondu : «Je suggère d’organiser plusieurs conférences de presse, et je suis prêt, en tant que responsable des relations médiatiques, à tenir ces conférences, car il faut fournir des éclaircissements sur des questions dans lesquelles la parole du secrétaire général ne suffit pas, d’autant plus qu’il peut y avoir un intervalle temporel d’une semaine ou davantage entre deux discours. Il faut donc combler les vides qui surviennent durant cette période.»
L’idée m’a séduit et comme la décision de tenir des conférences de presse revient au secrétaire général, j’ai donné mon accord. J’ai même convenu avec lui qu’il m’enverrait les titres des sujets qu’il aborderait, tandis que pour les détails, il était compétent et n’avait besoin d’aucune recommandation. Ainsi ces conférences de presse remarquables de hajj Mohammad Afif ont eu lieu et elles ont comblé des lacunes importantes. Nous coordonnions d’ailleurs en permanence à ce sujet, pour assurer une bonne présentation, et pour transmettre les messages que nous voulions faire parvenir à notre public et à l’ennemi.
Bien sûr, hajj Mohammad avait une culture vaste et diversifiée, notamment dans le domaine des médias. D’ailleurs, il a marqué tous les journalistes dans notre milieu en les poussant à se distinguer par une large ouverture culturelle et politique, par le suivi des événements, la concertation, et la tenue régulière de séances qui contribuent à faire mûrir certaines idées qui sont habituellement transmises par le responsable médiatique aux dirigeants, notamment le secrétaire général et d’autres, pour qu’elles soient utilisées également pour s’exprimer sur tel ou tel autre sujet.
Ici, il faut insister sur un point important : hajj Mohammad Afif était un journaliste engagé sur le plan islamique, sur le plan politique, dans la ligne de la résistance. Il fait partie de ceux qui croient et agissent selon le noble verset : «Ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, vérifiez-la, de peur que vous ne portiez atteinte à des gens par ignorance et que vous n’ayez à regretter ce que vous avez fait.»
Il fait partie de ceux qui croient que le média qui ment ne peut pas tracer un chemin, ni bâtir un édifice. Quant au média soucieux de la vérité, il donne à la société, aux responsables politiques et à la scène publique une voie précise pour leurs choix. Si le public fait confiance à un média ou aux enseignements qu'il transmet, cela signifie que nous sommes devant un processus d’éducation et de conscientisation du public sur des réalités existantes, ce qui devrait lui permettre d’adopter la position adéquate.
Je rappelle ici ce qu’a dit le Prince des croyants, Ali à Malik al-Ashtar lorsqu’il l’a nommé gouverneur d’Égypte :
«Ne te hâte pas de croire un rapporteur, car le rapporteur est trompeur, même s’il s’apparente aux conseillers sincères.»
Autrement dit : lorsque quelqu’un vous rapporte une information, vous devez faire attention : qui est-il ? Un pervers ? Un croyant ? Un engagé? Un homme sincère ou non ? Ce rapporteur qui vient vers vous pour transmettre une information devrait pousser à la méfiance ! Il se peut qu’il ne soit pas parmi les conseillers sincères; vous devez donc examiner la question avec soin.
Hajj Mohammad Afif appartenait à cette école : l’école du média véridique, l’école du média qui veille au droit des gens à connaître la vérité.
Dans ce cadre, il faut immuniser notre scène par une surveillance de ce qui est diffusé au niveau médiatique. Vous savez qu’aujourd’hui des centaines de chaînes, des centaines de médias, voire des milliers, et des centaines de sites électroniques diffusent des informations mensongères provenant de chambres noires, dans le but de tromper et de donner une image contraire à la réalité. Alors que parfois, l’image est éclatante et claire : quelle image plus claire que le droit de la résistance à se défendre contre l’agression israélienne sur le Liban ? Quelle image plus claire que ces massacres commis par l’agression israélienne, que ce soit au Liban ou en Palestine ? Quelle image plus claire lorsque l’agresseur tue des civils, des journalistes, et toute personne se trouvant dans le camp d’en face ? En principe, la fonction des médias est de mettre ces images en lumière.
Hajj Mohammad Afif œuvrait, grâce à ses différents contacts, à mettre en avant ces images, à les répéter, à leur donner leur juste place pour que les gens les voient, pas seulement chez nous, mais aussi dans le monde entier. Vous savez que jusqu’au dernier moment, les Américains, les Israéliens et leurs complices disaient : « Il n’y a pas de génocide en Palestine, à Gaza », alors que le monde entier voyait en direct sur les écrans comment celui-ci avait lieu, comment la famine était imposée, et comment les habitants de Gaza, hommes, femmes et enfants étaient tués au quotidien, cruellement et violemment.
Les journalistes honnêtes, engagés, expérimentés, peuvent faire passer cette idée et les faits. Hajj Mohammad Afif a d’ailleurs été assassiné parce qu’il avait réussi à faire passer l’idée et la narration de la résistance voulue par le Hezbollah, qui est l’expression de la réalité de la résistance islamique et de son public.
Nous devons toujours vérifier l’information avant de la diffuser, avant de l’adopter, avant de la juger et de faire des analyses sur cette base.
C’est une responsabilité qui nous incombe à tous. Il ne suffit pas de se tourner vers le journaliste et de critiquer son rôle ; les gens doivent eux aussi ne tenir compte que des informations en provenance d’une source fiable, même chose pour les analyses.
Hajj Mohammad Afif a été un modèle d’analyse fiable et d’information correcte. Tous ceux qui l’ont contacté parmi les journalistes amis ou les différents médias savaient qu’il était précis, franc et qu’il transmettait des informations fiables, même lorsqu’il rectifiait une fausse information qui circulait.
Hajj Mohammad Afif a eu un rôle important dans l’explication précise des concepts de la résistance. Lorsqu’il a tenu sa conférence de presse à l’occasion de la Journée du Martyr, il a dit :
«Notre conception de la victoire et de la défaite est celle de tout mouvement de résistance dans l’histoire : il s’agit d’empêcher l’ennemi d’atteindre ses objectifs politiques et militaires.»
Notez aussi comment, dans l’analyse médiatique, lorsqu’un journaliste noble, honnête, croyant et sincère expose une idée, il le fait de façon claire et concise, avec un horizon clair. Cela fait partie de l’éducation médiatique et politique. Cela fait partie de la transmission de l’information accompagnée de l’analyse qui va avec.
Hajj Mohammed nous manque. Il était une figure importante, l’ami aimant, attaché à sayed Hassan. Il a laissé une empreinte majeure dans le travail médiatique. Si Dieu le veut, les frères, qui ont pris la relève poursuivront cette voie.
Ici, il faut adresser un hommage particulier au père du martyr Mohammad, l’uléma combattant, cheikh Afif Naboulsi, connu pour son statut et son rôle. Il a œuvré pour cette éducation vertueuse. Il faut aussi rendre hommage à la mère digne, qui œuvre dans la voie de Dieu, ainsi qu’à toute la famille et à tous les proches.
Il faut également avoir une pensée pour les quatre martyrs qui sont morts avec lui et l’ont accompagné comme son ombre, jusqu’au bout :
— le martyr Moussa Ahmad Haidar, secrétaire général administratif,
— le martyr Hussein Ali Ramadan, rédacteur au bureau de rédaction,
— le martyr Hilal Mohammad Termos, également rédacteur au bureau de rédaction avec hajj Mohammad,
— et le martyr Mahmoud Ibrahim Charqawi, qui l’a longtemps accompagné.
Ces quatre martyrs sont morts avec le martyr Mohammad Afif ; ils formaient autour de lui une force importante qui le soutenait, et ils ne l’ont jamais quitté dans ses déplacements, dans son travail ou dans ses activités. C’était, pour eux tous, une grande fierté d’être dans cette position.
Il faut également rappeler les journalistes dignes qui ont été tués en martyrs au Liban, ils appartenaient à toutes les institutions médiatiques, et ils ont travaillé avec clarté et courage pour exposer la réalité et dévoiler ce que faisait l’ennemi israélien. Ainsi, ces martyrs ont aussi notre respect et nos félicitations.
Je voudrais saluer aussi tous les médias libanais, arabes et internationaux, pour leur position aux côtés des peuples libanais et palestinien, et aux côtés de cette résistance noble et fière.
Le rôle de l’information a été très important. L’assassinat par «Israël» des journalistes est dû au fait qu’ils ont laissé un impact réel dans la mise en lumière de la vérité sur cette bataille. Ceux-ci ont présenté les faits et les vérités, et ils ont affronté l’information des tyrans et des criminels.
Ne sous-estimez pas le résultat qu’a obtenu l’information de la résistance et l’information alliée, qui la soutient ; si ce n’était pas le cas, les «Israéliens» ne les auraient pas visés. Et l’image maintenant au niveau international, et pas seulement au Liban, est une image lumineuse de la résistance. Elle montre aussi la barbarie des Etats-Unis et d’«Israël». C’est là un immense acquis.
Aux âmes des martyrs : l’âme du martyr Mohammad, et de ses quatre compagnons, celles des martyrs de l’information, à leurs âmes à tous, nous offrons la prière de la sourate bénie al-Fatiha.
Par fidélité, et avant d’entamer le volet politique, je voudrais faire un rappel : en cette date, le 20 novembre 1935, un grand dirigeant national et un homme de Dieu, Ezzedine al-Qassam, qui a lancé ce mouvement important en Palestine occupée, et qui a été connu pour sa bonne organisation des cellules secrètes de résistance contre le mandat britannique et les bandes sionistes à cette époque, avant que ne se forme le noyau de l’entité «israélienne» est mort en martyre. Je voudrais lui rendre hommage.
Egalement, à peu près à la même date, le 17 novembre 1984, un uléma éminent, sayed Abdelatif Jawad al-Amin est mort en martyr. Cet éminent sayed a été tué à la porte de sa maison, tout comme le martyr cheikh Ragheb Harb, au Sud, parce qu’il était parmi les travailleurs et les soutiens de la résistance. Il a une parole : «N’ayez pas peur de la peur, car ces Juifs sont la peur dans les vêtements d’hommes.» C’est-à-dire qu’il les méprisait et il ne leur accordait pas une grande importance. Que Dieu soit miséricordieux avec tous s’Il le veut, nous poursuivrons le chemin sur la voie de la résistance.
Aux familles de tous les martyrs que nous avons mentionnés et de ceux que nous n’avons pas mentionnés, à tous les enfants, les proches et les aimés : vous devez être fiers de tous ces martyrs.
À leurs âmes à tous, nous dédions la prière al-Fatiha.
Je parlerai de trois points en politique :
Le premier point :
Le 22 novembre 1943, le Liban a obtenu son indépendance. Depuis cette époque, nous célébrons la fête de l’indépendance en ce moment de l’année. Comment les Libanais ont-ils arraché leur indépendance ? Le Parlement s’est réuni et il a adopté des amendements constitutionnels le 8 novembre 1943 alors que le mandat français existait encore. Les amendements adoptés ont aboli les articles qui donnaient des prérogatives au mandat français. D’ailleurs, la direction française a arrêté les dirigeants du Liban : Béchara el-Khoury, Riad el-Solh, et nombre de ministres, et elle les a tous emprisonnés dans la forteresse de Rachaya.
Le peuple s’est alors soulevé, la rue a bougé et il y a eu de grandes manifestations qui ont forcé le mandat français à libérer les détenus le 22 novembre 1943, et à annoncer l’indépendance du pays.
Le Liban n’a obtenu son indépendance que grâce à ces souffrances, grâce à la revendication, à la prise de position et à la prison, et avant cela grâce aux nombreux martyrs morts dans ce but.
La France a cédé aux pressions populaires de façon directe, et le Liban a obtenu son indépendance.
Que signifie l’indépendance ? C’est la libération de la terre, et le refus de la dépendance à une tutelle étrangère.
Nous croyons en l’indépendance du Liban sur l’ensemble de ses terres, les 10 452 km2, et nous n’acceptons pas qu’il en manque ne serait-ce qu’un pouce. Nous voulons que ce pays soit digne, noble, libéré, loin de la dépendance et de la tutelle, d’où qu’elle vienne.
Lors de l’indépendance, les musulmans et les chrétiens étaient ensemble, unis et soudés et c’est pourquoi ils ont pu libérer leur pays.
Une remarque : lorsque l’occupation israélienne a commencé en 1978 par le contrôle d’une grande partie de la terre, puis après par l’invasion de 1982, un des facteurs qui ont permis à l’occupation de se prolonger jusqu’à une certaine période, c’est que certains Libanais ont agi comme s’ils étaient des agents sous ses ordres. Ils ont ainsi prolongé l’occupation parce qu’ils étaient en première ligne face aux résistants, et «Israël» était derrière eux. Ainsi, ces agents ont permis à l’occupation de se prolonger. L’occupation du Liban a duré 22 ans, c’est-à-dire qu’«Israël» a occupé le Liban pendant 22 ans de manière directe et étendue.
Après la libération de l’an 2000, grâce à Dieu, tout le monde a considéré «Israël» comme un ennemi. Celui qui a collaboré avec cet ennemi serait dont rejeté par tous les Libanais, parce que tous ont vu ce qui est arrivé à Antoine Lahd: il a été humilié lorsque «Israël» a quitté le Liban en 2000, les images en témoignent.
La résistance est en réalité un acte destiné à expulser l’occupant, et la résistance est dirigée contre l’ennemi «israélien». Toute orientation de la part de n’importe quelle partie libanaise ou personnalité libanaise pour justifier l’ennemi «israélien» après la libération signifie qu’elle lui donner une opportunité intérieure supplémentaire pour poursuivre ou reprendre son occupation.
Je vous le dis aujourd’hui : agissons comme nous l’avons fait en 2000. En 2000, l’«Israélien» est parti, nous étions tous une seule main — grâce à Dieu — et nous avons dit : tournons la page du passé et que Dieu pardonne à ceux qui ont mal agi. Aujourd’hui, si nous sommes une seule main, qu’«Israël» sorte de nos terres, qu’il cesse ses agressions, qu’il libère les prisonniers, et nous pouvons nous entendre entre nous. Il ne faut pas que certains travaillent pour servir le projet «israélien».
Ce qui se passe aujourd’hui au Liban, ce n’est pas le non-respect de l’accord de cessez-le-feu ; ce qui se passe est une agression évidente, qui vise à prendre le contrôle du Liban et à le dépouiller de sa force, de toutes les formes de force qu’il possède, militairement, économiquement, politiquement ; les «Israéliens» veulent contrôler le Liban.
Regardez ce qui s’est passé avec la FINUL hier : c’est la FINUL qui a publié un communiqué disant qu’un mur construit par les «Israéliens» a dépassé la ligne bleue, rendant plus de 4000 m2 de terres libanaises non accessibles au peuple libanais. Et c’est la FINUL qui a annoncé que les «Israéliens» avaient tiré sur ses soldats, ceux-ci auraient pu être atteints à quelques mètres près, tant les tirs étaient proches.
Cela signifie que cette agression vise tout le monde. Elle n’exclut personne : ni la FINUL, ni l’armée libanaise. En réalité, les «Israéliens» n’acceptent pas qu’il y ait une stabilité ni dans le Sud du Liban ni dans tout le Liban. Ils veulent contrôler le pays sous divers prétextes, et ils agressent tout le monde.
Cette agression contre la FINUL, contre l’armée libanaise et contre les civils, montre clairement que nous sommes face à une agression dangereuse, qui a ses ramifications. Il faut donc l’affronter par toutes les moyens possibles, diplomatiques et politiques, et nous devons réfléchir à tous les moyens susceptibles de mettre fin à cette agression.
Le gouvernement est responsable de réfléchi sur ce sujet, et l’État libanais dans toutes ses composantes est responsable d’établir des plans pour faire face afin que nous puissions affronter cette agression.
Lorsque les émissaires internationaux nous rencontrent - et ils rencontrent aussi d’autres-, ils disent : «Vous avez raison. Israël est arrogant, mais les Etats-Unis le soutiennent, vous n’avez pas d’autre choix que de vous incliner». Qu’est-ce que cela signifie ? C’est-à-dire : que nous devons nous rendre. Pourquoi ? Est-ce qu’«Israël» a un droit ? Ils répondent : « Non, ils n’ont aucun droit, le droit est avec vous, et ils agressent, mais que pouvez-vous faire, il n’y a pas d’autre option… »
Non, nous avons une autre option. C’est l’agression le problème, pas la résistance. L’agression est le problème, non les composantes de l’État libanais. L’agression est le problème, non l’armée libanaise et sa performance.
Donc, nous devons agir dans cette perspective et voir comment être efficaces.
Celui qui dit que la résistance est un problème parce qu’elle ne se rend pas, accepte en réalité de livrer le pays à «Israël». Nous n’acceptons pas, et nous sommes partenaires dans ce pays. Nous avons notre mot à dire. Une grande partie du peuple libanais et des forces politiques libanaises sont avec nous. Même l’État libanais l’est : personne n’accepte de livrer le Liban à «Israël» et que celui-ci en fasse ce qu’il veut.
Je m’adresse au gouvernement : nous faisons partie de ce gouvernement, et nous voulons qu’il réussisse à construire le Liban et à libérer le Liban. Le gouvernement se trompe quand il prend la voie des concessions dans l’espoir de mettre fin à l’agression. Je peux supposer qu’il a de bonnes intentions, dans le sens «Donnons-leur pour voir ce qu’ils vont faire.»
Mais combien de fois le gouvernement a-t-il déjà tenté cette chance ? Combien de fois a-t-il consenti des concessions et présenté des offres préalables, unilatérales, et tout cela n’a rien donné ?
Il y a d’abord, l’application unilatérale de l’accord pendant un an jusqu’à aujourd’hui, alors qu’«Israël» n’a rien appliqué de son côté. L’armée libanaise continue son travail au Sud du Litani, et «Israël» n’a rien fait de ce qu’il devait faire. N’est-ce pas là une concession ?
Le plan sur le monopole des armes par l’Etat que vous avez décidé au gouvernement, et que vous avez modifié après avoir constaté qu’il constituait un grand danger pour le pays, une grande erreur et une faute, et après que la résistance et le peuple libanais aient annoncé qu’ils n’acceptaient pas cette orientation... Les «Israéliens» n’ont même pas répondu à ce que vous avez fait.
«Le déploiement de l’armée qui se poursuit au sud du Litani, malgré l’agression continue, est une concession. L’annonce de la disposition du Liban à négocier est une concession. L’adoption des principes du document honteux de Barak est une concession.
Toutes ces concessions ont été faites, alors qu’«Israël» n’a exécuté aucune mesure, et les Américains n’ont donné aucune garantie. Au contraire, ils demandent toujours davantage. Ils disent toujours : il faut encore cela, il est demandé au Liban de donner plus.
Je conseille que nous arrêtions ce processus. Nous devons dire «non». Essayez de le faire sur la base des droits du Liban, et nous serons tous ensemble. Même si certains désireux d’être dominés et tentés par le suivisme à l’étranger continuerons à donner des conseils de capitulation, nous réussirons ensemble si nous sommes tous unis. Ensemble nous fabriquerons notre indépendance, ensemble nous libèrerons à nouveau notre terre, ensemble nous renouerons avec les démarches de l’indépendance, et nous pourrons, musulmans et chrétiens, citoyens venant des différentes régions du Liban, être un cœur unique, une seule main face à l’ennemi israélien, soutenu par les Etats-Unis. Nous voulons nos droits, nous voulons notre terre, nous voulons nos prisonniers, nous voulons notre stabilité, nous voulons notre économie et notre politique. Nous voulons nos droits, et il est de notre droit de les réclamer et de les obtenir en tant qu’acteurs dans cet État. C’est d’ailleurs le droit de tout le peuple libanais.
Voilà pour le premier point.
Le deuxième point : la tutelle américaine sur le Liban est un danger très grand. Cette tutelle ne travaille pas pour la stabilité du Liban. Certains ont dit : «Si les Etats-Unis ne sont pas le médiateur, qui d’autre pourrait l’être ?» Les Etats-Unis, un médiateur ?! Les Etats-Unis sont l’agresseur, les Etats-Unis protègent l’agression «israélienne», les Etats-Unis orientent «Israël» quant aux limites de l’agression pour qu’elle aille de pair avec le mouvement politique et la pression politique.
Écoutez : les «Israéliens» disent qu’ils ont lancé leur agression après avoir coordonné leur action avec les Américains. Ils ont aussi bombardé après une telle coordination... Ils ont commis les crimes après une coordination avec les Américains. Pourquoi insistent-ils toujours sur ce point ? Pour ne pas assumer seuls la responsabilité de ces actes, et pour dire qu’ils agissent sous le plafond américain. C’est comme s’ils attendent que les Américains fructifient ces agressions ; c’est pourquoi ils les placent dans le cadre du rôle américain.
Revenons un peu en arrière : qui a paralysé le Liban depuis 2019 jusqu’à aujourd’hui ? Ce sont les Américains qui l’ont fait. Les manifestations : oui, elles contenaient une vraie douleur populaire, oui, elles contenaient des problèmes complexes, mais elles contenaient aussi une ingérence étrangère américaine qui voulait provoquer une discorde interne et modifier les équilibres internes.
Certains de ceux qui descendaient manifester à la place des Martyrs ou à la place Riad el-Solh organisaient des ateliers sous le titre de formation à l’opposition et à la manière d’organiser et d’exploiter les mouvements populaires. Certains Européens ou Américains venaient, sous prétexte qu’ils étaient des spécialistes, pour donner ces formations. Ils leur disaient en pleine séances : il faut verser du sang, si ce mouvement populaire d’opposition ne suffit pas. A la question posée de savoir : pourquoi faut-il que du sang soit versé ? Ils répondaient : parce que le sang crée un mouvement. Or, toute goutte de sang versée conduit à une fitna interne, car cette fitna interne mélange à nouveau les cartes et met tout le monde dans une situation critique, ce qui permet aux Américains d’intervenir et de faire ce qu’ils veulent. C’est ce qu’ils disaient à leurs gens, en axant sur le fait que les discordes internes permettent d’atteindre leurs objectifs s’ils ne peuvent pas le faire autrement.
La livre libanaise s’est effondrée à cause des Etats-Unis, les banques ont fait faillite à cause des Etats-Unis, l’économie a été paralysée à cause des Etats-Unis, et ce sont les Américains qui ont empêché que nous parvienne l’électricité d’Égypte et de Jordanie, ils ont empêché la prospection de pétrole à travers les appels d’offres et les procédés utilisés.
Si on veut connaître les causes des plus grandes calamités qui existent au Liban, il faut chercher les Etats-Unis. Ce sont eux la calamité, et ce sont eux qui ont fait tout cela.
Aujourd’hui, si on cite les piliers de la corruption financière de la période précédente, et même encore aujourd’hui, les piliers de la corruption financière et politique, on trouvera qu’ils sont des pions entre les mains des Etats-Unis. Ils les parrainent, et ils sont connus, ils ne sont pas cachés.
C’est pourquoi je vous dis : faites attention ! Les Etats-Unis détruisent la vie des Libanais, ils sont une grande calamité pour eux.
Il y a quelques jours, une délégation du Trésor américain est venue au Liban. Quel était le but de cette visite ? Imposer des restrictions financières sur le Hezbollah. Mais en le faisant, ils imposent des restrictions sur tous les Libanais. Et ils ont un problème avec al-Qard al-Hassan. Qu’ils sachent : al-Qard al-Hassan est une institution sociale, elle est pour tout le monde, c’est un poumon social dans cette situation difficile, destinée à faciliter la vie de l’ensemble des gens, des pauvres et des nécessiteux. Personne n’a autorité pour empêcher le bien, l’aide et la solidarité. Que personne n’entre dans une agression renouvelée, que personne ne soit un outil dans ce processus.
Je conseille au gouvernement, au gouverneur de la Banque du Liban, à tous les concernés : stoppez les mesures qui n’imposent pas seulement des restrictions au Hezbollah, ni seulement à son environnement populaire, mais à tous les Libanais. Pour quoi faire ? Ces dépôts qui arrivent par différents moyens : ce sont des dons pour qui ? Des dons sociaux, des dons pour la reconstruction et la réparation, des dons pour les pauvres qui ne trouvent pas de travail, de toutes les confessions. L’exposition de conserves artisanales : toutes les confessions y étaient présentes. Les aides : toutes les confessions en bénéficient. Al-Qard al-Hassan : tout le monde en bénéficie ; certes il y a une prépondérance d’un certain environnement, c’est vrai, mais tout le monde en bénéficie, ce n’est interdit à personne. Les hôpitaux : tout le monde en bénéficie. Pourquoi font-ils cela ? Parce qu’ils ne veulent pas que le Liban soit indépendant ni stable.
Et nous avons un deuxième problème au Liban : il y a des gens qui sont des pions entre les mains des Etats-Unis. De toute façon, le président de la République a annoncé qu’il y a des gens qui répandent leur venin contre d’autres Libanais. Ils agissent les uns contre les autres.
Mais il s’est avéré que ce n’est pas seulement le président de la République qui le dit : des dirigeants politiques de différentes confessions – je ne vais pas tous les énumérer – vous les avez entendus dans les médias, tous parlent de cela, dans le même esprit. Certains Libanais cherchent à nuire aux autres en semant de fausses informations et en médisant contre d’autres Libanais. Tout cela signifie qu’il y a incitation, des paroles mensongères, une tentative de provoquer la discorde, une incitation à faire tomber le Liban sous la tutelle américaine, intérieurement et extérieurement.
A ceux qui agissent ainsi, je demande d’arrêter de le faire, ne serait-ce que pour penser à l’avenir de leurs enfants.
S’ils veulent un avenir politique au Liban, ils ne pourront pas l’obtenir par la collaboration, ni par la dépendance, mais ils peuvent l’obtenir grâce à leur peuple, s’ils se soucient de lui, et le prennent en charge et s’ils avancent sur la bonne voie.
Arrêtez donc de mobiliser les gens d’une manière confessionnelle et sectaire. Arrêtez de mobiliser les gens d’une manière qui soutient l’occupation et donne à la tutelle étrangère un rôle au Liban.
C’est un pays dans lequel nous sommes ensemble, et là où vous détruisez, la destruction atteint tout le monde, y compris vous et vos enfants. Ne pensez pas que vous nous détruisez à nous seulement. Non, vous vous détruisez vous-mêmes, votre environnement et vos enfants en premier.
Ceux qui distillent le poison ne gagneront pas, parce qu’ils sont exposés; l’ennemi jubile en entendant leurs noms et leurs propos. Il est heureux de les utiliser.
Mais sachez que si vous continuez ainsi, vous aurez le même sort que Lahd. Lahd a été lâché à la fin. Seuls demeure le droit, et les gens de la terre sont ceux qui récupèrent celle-ci.
Je passe au troisième point : cessez de paralyser le Parlement, car cette paralysie n’a aucune justification.
Vous dites que vous le paralysez parce que vous voulez modifier la loi électorale. Très bien : faites fonctionner le Parlement et cherchez à obtenir ce que vous voulez par la politique. Personne ne peut vous empêcher de poursuivre ce que vous voulez. Mais avec la paralysie, vous ne pourrez parvenir à aucun résultat.
Les attaques contre le président Nabih Berry, sont injustes. Elles n’ont aucune justification, si ce n’est de faciliter la prise de contrôle en appelant la tutelle étrangère. Car aujourd’hui, le président Berry est un pilier de la stabilité du Liban, de la prévention de la discorde, et de la construction de l’État indépendant et libéré. Qui ne sait pas cela ?
Il y a une loi électorale ? Respectez-la ! Vous dites : nous voulons que les expatriés votent à l’intérieur du Liban ? Nous vous disons : cela signifie que vous donnerez des opportunités supplémentaires à une partie des Libanais à l’étranger, alors que les autres Libanais ne peuvent pas voter librement. Vous voulez qu’ils votent depuis l’étranger dans l’intérêt de l’intérieur ? Nous ne pouvons pas organiser un mouvement politique, et nous ne pouvons pas faire en sorte que ces gens viennent aux bureaux de vote, car ils ont peur pour leurs intérêts, et certains de ces pays étrangers sont hostiles envers nous et restreignent ceux qui travaillent chez eux s’ils ont des sympathies envers nous. Où est la justice ? Où est l’égalité pour que chacun ait la possibilité de se déplacer correctement lors des élections ? Il n’y a pas de justice. Vous ne la voulez pas parce que vous pensez pouvoir gagner davantage de sièges parlementaires. Mais cela est contraire aux principes de la gestion partagée, de l’égalité et de la coopération entre les Libanais.
Quoi qu’il en soit, il faut faire avancer les choses.
Au final, les gens de la terre sont ceux qui restent. Les gens de l’honneur, de la dignité, de la résistance et de l’indépendance sont ceux qui gagnent. Les gens de la terre se sacrifient, mais ils récoltent le prix de la liberté, les fruits du sang de leurs fils et de leur patience.
Il est vrai qu’il y a aujourd’hui beaucoup de pressions sont exercées, mais elles ne réussiront pas face à la fermeté et à la détermination. Nous supportons ces pressions et nous pensons qu’il s’agit d’une étape. Au final, le faux peut marquer des points, mais il ne gagne pas toutes les manches. Nous n’acceptons pas de devenir les esclaves de quiconque, et nous croyons que cette époque est celle de la fermeté et de la construction de l’avenir. Nous regardons toujours le verre plein : nous sommes des gens positifs, des gens qui vivons dans l’espérance. Le niveau de force de nos familles et de notre société est sans précédent, et les ennemis sont déconcertés par cette force ; ils veulent décourager les gens, mais les gens sont les plus forts. La mère de quatre martyrs, de cinq martyrs, de trois martyrs, lorsqu’elle dit «je suis prête à donner encore davantage», c’est une femme exceptionnelle et personne ne peut vaincre cette volonté.
L’homme qui parle de ses enfants, ses petits-enfants, ses proches, et qui a offert de sa famille plus de dix, douze, treize ou quinze martyrs, et qui dit : «Je suis prêt», et il demeure sur sa terre…
L’enfant qui prête allégeance pour poursuivre la lutte sur les traces de son père martyr…
Comment appelez-vous tout cela ? C’est une véritable force existante. Cette force ne peut pas être vaincue. La résistance et ses alliés parmi les partis, les forces, l’armée, et tous ceux qui veulent libérer le pays et son indépendance, sont capables, si Dieu le veut de parvenir à la libération de la terre. Ceux-là ne seront pas vaincus.
Que la paix de Dieu soit avec vous.
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