Discours du secrétaire général du Hezbollah, lors de l’inauguration de l’exposition «Souk Ardi»
Au nom de Dieu
Les fermes des gens du Sud aujourd’hui montrent que ceux-là sont les véritables souverainistes. Le marché «Ardi» pour les conserves, les produits agricoles et artisanaux est une idée créative, de développement, commerciale et productive.
Nous devons remercier l’Association de la Fondation Jihad al-Binaa pour le développement, qui a œuvré durant toutes ces longues années pour cette production et pour la réalisation de ce marché qui constitue un travail productif et positif au service des gens, en particulier des agriculteurs et des artisans.
J’ai aimé le slogan choisi pour cette célébration : «Ma terre appartient à ses gens». En effet, ma terre appartient à ses gens. Et les participants à ce marché sont les gens de la terre, ce sont eux qui la méritent, ceux qui y ont œuvré et donné pour elle.
Ceux qui sont revenus au Sud-Liban et qui ont fait face avec leurs corps et leurs moyens donnent une image de fierté et d’honneur qui est apparue aux yeux du monde entier, lorsque nous avons affronté «Israël», et lorsqu’il s’est retiré à cause de la présence de ces gens dans les villages frontaliers du Sud-Liban.
Les fermes des gens du Sud aujourd’hui se trouvent sur les lignes de front. Ils y récoltent les olives et les fruits de la terre donnant une image de souveraineté et d’indépendance dans tous les sens du terme. Ces êtres courageux, ces véritables souverainistes, sont ceux qui ont offert leurs enfants, leurs époux, leurs hommes et leurs femmes, par attachement pour la terre et pour pouvoir y revenir.
Le marché Ardi pour tous les Libanais
Ce marché est pour tous les Libanais, non pas pour un environnement particulier, ni pour un groupe, ni pour un public déterminé. Chaque parcelle de terre dans ce pays porte le nom de Liban. Il n’y a pas de terre spécifique pour un groupe en particulier ou un autre.
Ainsi, le Liban est un, uni, solidaire. Il a le même nom dans le Sud, dans la Békaa, dans la Montagne, dans le Nord, à Beyrouth et à dans la banlieue sud de la capitale. Ce nom c’est Liban, la terre est Liban, et cette terre est la nôtre à tous, nous la partageons. Chaque parcelle en est un morceau. Elle est pour tout le Liban et pour tous les Libanais. Le propriétaire de la terre possède l’avenir, et l’occupation est une réalité passagère. Celui qui résiste récupère sa terre, et celui qui se soumet perd son âme, sa terre et son avenir. C’est cela la véritable équation.
En politique, nous parlons d’un engagement dans le cadre de Taëf, qui est le contrat social conclu entre les Libanais. Quant à la terre, elle nous appartient à tous. En politique, dans l’administration et dans la loi, le plafond est l’accord de Taëf. Celui qui veut respecter Taëf ne peut en choisir une partie et en laisser d’autres.
Le premier titre de Taëf, c’est la souveraineté. Le premier titre, c’est le devoir de chasser l’ennemi israélien et de libérer la terre. Le premier titre, c’est que nous soyons ensemble, comme citoyens, que nous soyons affectés par ce qui touche l’un d’entre nous dans n’importe quelle région du Liban. C’est cela la véritable citoyenneté.
Nous avons créé, au Hezbollah, la Fondation Jihad al-Binaa pour servir les gens du fond du cœur
Nous inaugurons aujourd’hui le marché «Ardi», qui essentiellement le produit de l’agriculture. Nous avons constaté que Dieu nous a donné cette terre afin que nous l’exploitions. C’est une grâce de Dieu que d’avoir une terre, et d’être parmi ceux qui protègent cette terre. Vous devez être heureux de cela, car cette terre est un don de Dieu; nul ne peut vous la prendre et changer cette réalité.
Réfléchissez à cette position sublime. Ce que vous plantez n’est pas seulement un produit que vous pouvez manger, ni seulement une grâce que vous investissez et utilisez pour vous, vos enfants ou votre société, mais vous avez aussi une récompense auprès de Dieu, car vous avez œuvré, vous avez redonné vie à la terre, vous lui avez donné et elle vous a donné en contrepartie, vous l’avez préservée. Tout cela est récompensé par Dieu .
L’imam al-Sadeq a d’ailleurs dit : «Les cultivateurs sont des trésors; ils plantent des choses que Dieu Tout-Puissant a fait sortir. »
Que Dieu vous bénisse, vous, les agriculteurs, les artisans, les participants à la revitalisation de cette terre dans notre cher Liban, car cette revitalisation assure la continuité et l’avenir pour les générations futures. Nous avons, au Hezbollah, créé la Fondation Jihad al-Binaa pour servir les gens du fond du cœur, sur la base du don et du sacrifice. Et en 2020, le sayed des martyrs de la oumma, sayed Hassan Nasrallah a lancé «le jihad agricole et industriel». Il voulait alors qu’il y ait un essor agricole et industriel, afin que nous ayons une production locale, une consommation locale et un échange local, pour ne pas rester à la merci de l’étranger, ni sous le poids de l’endettement dont souffre le Liban.
La Fondation Jihad al-Binaa a accompli des travaux immenses et très importants sur le plan du le développement de l’agriculture, l’apiculture, la production du miel, l’augmentation du cheptel, l’expansion des marchés agricoles, l’aide à l’exportation de la production, le lancement de la mobilisation agricole, le parrainage des producteurs d’aliments, et le développement de la production artisanale.
Tout cela va dans le sens des services fournis aux agriculteurs. Nous devons être à leurs côtés, et renforcer cette position. Malheureusement, l’État est absent. Il n’a pas un intérêt suffisant pour ce secteur- le secteur agricole-, ni pour le secteur industriel.
Imaginez que le budget de l’agriculture pour 2026 équivaut à environ 25 millions de dollars, soit autour de 0,45 % du budget total. Et le ministère de l’Industrie n’a qu’environ 2 millions de dollars, soit 0,031 % du budget général ! Est-il concevable que le budget de ces deux secteurs soit si bas ? Il devrait être plus important dans le cadre de projets de développement. Nous ne vous disons pas : «Donnez aux agriculteurs», mais : «Offrez-leur les méthodes, les moyens, le soutien, les infrastructures et les aides qui leur permettraient d’améliorer leur production et d’en écouler une partie ou une autre». Comme le fait Jihad al-Binaa : elle donne et ne prend pas. Elle prépare le terrain adéquat et fournit des services collectifs communs qui soulagent les agriculteurs.
Ce qui est demandé à l’État, c’est d’établir un véritable programme pour tirer profit de notre terre. Or il est connu que la terre du Liban est riche et productive, et qu’elle donne les meilleures récoltes. Mais ce qui est requis, c’est le soutien à l’agriculteur et aussi la mise en place d’un marketing adéquat afin de réduire les intermédiaires entre l’agriculteur et l’acheteur, pour que le produit soit à un prix acceptable et qu’il puisse circuler parmi les gens.
Merci à Jihad al-Binaa, et merci à tous ceux qui contribuent à ce travail. Merci aussi aux cultivateurs et aux distributeurs venus de différents endroits du Liban pour exposer leurs produits. Je souhaite que ce travail s’agrandisse encore davantage, et qu’il en résulte de grands bienfaits pour tout le monde.
Je vais maintenant évoquer la situation actuelle en trois points :
Premièrement :
Les États-Unis s’activent au Liban en disant qu’ils veulent résoudre le problème, arrêter l’agression israélienne, et faire du Liban un pays souverain et indépendant. Voilà ce que prétendent les États-Unis. Mais l’expérience montre que les États-Unis ne sont pas un médiateur impartial ; ils sont le parrain principal de l’agression, celui qui aide à son expansion et à son enracinement au Liban et dans la région en même temps.
Remarquez avec moi : chaque fois qu’un émissaire américain vient au Liban, ou qu’un responsable américain fait une déclaration depuis les États-Unis ou de quelque part dans le monde, nous constatons que les agressions augmentent de manière importante. Souvent, les déclarations américaines servent à justifier l’action israélienne et à montrer cette entité comme un État qui donnerait le meilleur, tandis que le Liban est toujours présenté comme manquant à ses devoirs, responsable de ce qui se passe, n’ayant pas respecté ses obligations, alors que l’armée libanaise agirait lentement, etc.
Il s’agit d’une pression continue pour dépouiller le Liban de sa capacité, de sa liberté, de son indépendance et de sa souveraineté et pour donner à «Israël» tout ce qu’il veut.
Les États-Unis n’ont rien donné au Liban. Je pose la question suivante: Quelle est la position des États-Unis face à cinq mille violations de l’accord, et agressions contre le Liban ? Nous n’avons entendu aucune condamnation, aucune remarque, même pas une demande adressée à «Israël» pour qu’il arrête ses agressions ! Au contraire, les Américains justifient ces violations. Il y a eu des agressions contre l’armée libanaise, et contre la FINUL. La FINUL a publié des communiqués à ce sujet, ainsi que l’armée libanaise. Quelle est donc la position américaine?
Aujourd’hui, nous entendons certains accuser l’armée libanaise de laxisme et demander : «Pourquoi n’a-t-elle pas retiré les armes plus rapidement ? Pour qu’Israël ne soit pas censée être l’agressée ou n’agisse pas en réaction, ou en légitime défense, ou pour protéger sa sécurité, comme le disent les Américains !»
Maintenant, lorsque le Président de la République a déclaré qu’il avait demandé à l’armée libanaise de répondre à toute incursion israélienne, un responsable américain s’est empressé de considérer que l’armée libanaise se tient aux côtés de la résistance et agit avec elle !
Si l’armée libanaise défend sa terre, c’est devenu une accusation ? Le renforcement par l’armée de la souveraineté du Liban est-il devenu une accusation ?
Le fait d’empêcher «Israël» d’avancer à l’intérieur des terres libanaises est-il devenu une accusation ?
Je parle ici de l’armée, de sa responsabilité, et de celle de l’État. Elle doit être un sujet d’appréciation et d’éloge. Mais les Américains semblent penser le contraire et ils estiment que ce n’est pas ce que doit faire l’armée.
Je demande alors: Quelle est la position des Etats-Unis au Sud-Liban et dans tout le Liban, face aux meurtres de civils réalisés par l’ennemi israélien? Face à la destruction des installations et des exploitations agricoles ? Face à l’incendie des arbres ? Face à l’incursion dans certaines zones ?
Que disent-ils du crime grave commis dans la localité de Blida, en assassinant le martyr Ibrahim Salame, à l’intérieur d’une institution officielle, à l’intérieur du siège de la municipalité, alors qu’il dormait ? C’est une agression flagrante qui n’a aucun justification, s’il faut parler de justification ou de prétextes.
Que disent les Américains de l’assassinat des deux martyrs de la famille Souleiman dans la menuiserie de Bayada, alors qu’ils accomplissaient des tâches civiles ? Et de l’assassinat des deux ingénieurs ? Et de celui de la famille tuée dans la région de Bint Jbeil ? Ou encore de la destruction des bulldozers et tracteurs civils à Msayleh et Sinay ?
Tout cela constitue des actes contre les civils, contre la vie, contre le retour des gens dans leurs villages, contre l’humain et la pierre. Et cela va à l’encontre des règles les plus élémentaires du droit du Liban à protéger sa souveraineté.
Que ce soit clair pour tout le monde : les intimidations ne changeront pas nos positions au sujet de la résistance et de la fermeté. Nous ne faisons pas partie des partisans de la capitulation ou de la défaite. Et nous n’accepterons aucune d’elles. La force de notre lien avec notre terre est plus solide que leur force militaire, quelle qu’elle soit. Les sacrifices que nous avons offerts sont une responsabilité qui nous accompagne partout, un pont vers l’avenir pour les générations futures.
«Israël» peut tuer, mais il ne peut pas détruire en nous la vie et la dignité. Il peut occuper, mais il ne peut continuer son occupation. Il peut bombarder ici ou là, mais il ne peut pas effacer l’amour de la terre et le désir d’indépendance de nos cœurs et de nos vies.
Ici, nous adressons un message à nos partenaires dans la patrie : Lorsque vous soutenez vos familles dans une autre région que la vôtre, vous soutenez le Liban. Le Liban est un, sa terre est une, et tous doivent être ensemble. Nous ne vous demandons pas de nous soutenir -bien que ce soit votre devoir en principe-, mais nous vous demandons de ne pas nous poignarder dans le dos, et de ne pas servir les intérêts israéliens.
Aujourd’hui, face à cette large agression contre les civils, les installations, les propriétés, où sont vos condamnations ? Où sont vos positions ? Il faut commencer par là.
Nous disons que le gouvernement est responsable de la souveraineté avant tout ; il la réalise en expulsant l’entité israélienne, en libérant la terre, en reconstruisant ce qui a été détruit et en libérant les prisonniers. Lorsque cela se produira, vous verrez que les portes de la stabilité, de la renaissance et du règlement des problèmes au Liban seront ouvertes et faciles d’accès.
Si nous nous entendons entre nous, tout sera facile. Mais nous ne recevons les ordres de personne, et n’accepterons pas que le Liban soit façonné selon l’image voulue par certains. Cette agression et ces violations sont de la responsabilité de l’État, et il doit suivre ce dossier.
La position du Président de la République, le général Joseph Aoun, est une position responsable lorsqu’il donne l’ordre à l’armée de faire face à toute incursion «israélienne». C’est une position sur laquelle on peut construire. Et les positions des trois présidents, des ministres et des responsables de l’État sont des positions sur lesquelles on peut construire pour l’avenir.
Aujourd’hui, grâce à Dieu, la scène interne est unie : les piliers de l’État, la résistance et le peuple sont dans une même position contre cette agression «israélienne». Renforçons cela par davantage d’unité nationale, et élevons nos voix de plus en plus dans ce sens.
Je demande et j’exige du gouvernement libanais qu’il inscrive à l’ordre du jour de ses réunions l’étude d’un plan de soutien à l’armée, afin qu’elle puisse se dresser contre l’agression israélienne, et qu’il établisse un calendrier pour atteindre cet objectif au Sud-Liban.
C’est une responsabilité qui nous incombe à tous. Le chemin de la souveraineté est ce qui protège le Liban, et le Liban est aujourd’hui en réel danger à cause de la tyrannie américaine et de la voracité «israélienne» qui veut tout.
La bataille d’Ouli al-Baas (Bataille des Vaillants) a été une bataille de volonté qui a protégé le Liban. Et maintenant, durant onze mois, il y a une autre bataille de volonté qui se déroule et elle a contribué à protéger le Liban. C’est notre terre, et nous la récupérerons, si Dieu le veut, par l’union de nos mains.
Le dernier point porte sur notre patrie : Qu’est-ce que la patrie ? Comment définissons-nous le patriotisme ? Le principal titre du patriotisme, c’est la souveraineté, l’indépendance et la liberté. L’objectif de la résistance est de libérer la terre et de protéger la patrie. L’objectif d’«Israël» est l’agression et l’occupation.
Tout le monde au Liban est responsable dans la confrontation avec l’agresseur et l’occupant : militairement, médiatiquement, politiquement, culturellement, moralement, sur le plan éducatif, et dans tous les domaines, chacun selon son rôle et sa fonction. Nous ne prenons le rôle de personne, et nous ne disons pas que quelqu’un doit remplacer un d’autre.
L’utilisation du discours «israélien» et sa justification sous des prétextes patriotiques n’annulent pas le résultat, qui est de servir «Israël». Que ceux qui utilisent ces prétextes cessent de le faire: plus nous serons solidaires, plus vite nous pourrons réaliser notre souveraineté et sortir le Liban de cette situation.
Il existe un accord entre le Liban et «Israël», un accord indirect, signé le 27 novembre 2024. C’est une nouvelle étape et un nouveau point de départ. Qu’«Israël» applique cet accord, puisque le Liban l’a appliqué. Il faut créer toutes les conditions et pressions pour qu’«Israël» s’y conforme.
Tout nouvel accord est une absolution pour «Israël», un effacement de son agression, et le redémarrage du compteur pour de nouvelles agressions. Qu’«Israël» demande la sécurité de ses colonies : cela est réalisé dans l’accord. Mais qu’il demande de dépouiller le Liban de sa force, c’est une étape sur la voie du «Grand Israël», et nous ne l’accepterons pas, n’importe quel patriote au Liban ne l’acceptera pas non plus.
La force du Liban est son barrage et sa capacité de dissuasion, les faits l’ont prouvé. Préservons la force du Liban pour les générations futures et pour l’avenir de nos enfants.
Je vous remercie pour votre participation, je remercie la Fondation Jihad al-Binaa pour ses efforts et ses sacrifices, et je demande à mon cher frère, le docteur Hussein al-Hajj Hassan, président du bloc parlementaire de Baalbek-Hermel, de me représenter pour couper le ruban marquant l’ouverture de l’exposition,
et je le remercie d’avance, ainsi que vous tous. Que la paix, la miséricorde et les bénédictions de Dieu soient avec vous.
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