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France: L’Assemblée nationale vote largement la «suspension» de la réforme impopulaire des retraites

France: L’Assemblée nationale vote largement la «suspension» de la réforme impopulaire des retraites
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Par AlAhed avec agences

L'Assemblée nationale a voté mercredi 12 novembre la «suspension» de la réforme des retraites. Les députés ont adopté en première lecture cette mesure dans le cadre de l'ultime journée de débats à l'Assemblée nationale sur le budget de la Sécurité sociale pour l'an prochain.

La mesure, insérée dans le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026, a été approuvée par 255 voix contre 146 avec le soutien majoritaire du PS, des écologistes, du RN, et l'abstention des députés Renaissance. LFI et les communistes ont voté contre, dénonçant un simple «décalage» de l'application de la réforme emblématique du second quinquennat d'Emmanuel Macron.

Se disant «très fier» de ce vote, le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, a salué «une victoire d'étape» avant une potentielle abrogation de la réforme, si la gauche arrive au pouvoir dans deux ans. «Désormais, le totem, qui était un totem absolu pour la macronie, a été ébranlé», et «ce débat-là ne disparaîtra plus de nos écrans. Il sera un des débats majeurs de l'élection présidentielle de 2027», a-t-il insisté, tout en regrettant «que les Insoumis, qui auraient dû se réjouir du fait que des centaines de milliers de femmes et d'hommes pourront partir plus tôt, aient fait le choix de voter contre».

«Aucun Français ne gagnera avec le décalage de la retraite à 64 ans», a quant à lui estimé Manuel Bompard, coordinateur national de LFI et député des Bouches-du-Rhône, sur le réseau social X.

Du côté des Républicains en revanche, le président du parti Bruno Retailleau, a qualifié de «capitulation» le vote, accusant le gouvernement de «lâcheté» et d'avoir cédé au «diktat» du Parti socialiste. «Je suis effaré par la lâcheté du gouvernement, qui vient de sacrifier l'avenir de nos jeunes générations sur l'autel de sa survie politique. Cette décision irresponsable, prise sous le diktat du PS avec la complicité du RN, va coûter des milliards à la France», a-t-il écrit sur X.

Chez les syndicats, la CFDT a salué une «excellente nouvelle» et s'est félicitée «du premier coup d'arrêt donné» à la réforme des retraites, après sa «suspension» votée largement par les députés mercredi soir, tandis que la CGT continue de réclamer son abrogation. «Le gouvernement ayant refusé tous les amendements visant à bloquer l'application de la réforme pour l'ensemble des générations, les 64 ans restent malheureusement dans la loi», a regretté la CGT.

Division de la gauche

Concession majeure du gouvernement de Sébastien Lecornu au Parti socialiste pour éviter la censure et ainsi assurer sa survie, la suspension de cette réforme controversée adoptée dans la douleur il y a deux ans constituait un point crucial des discussions budgétaires.

Le choix du Premier ministre, que le PS considère comme une «victoire», divisait à gauche, où La France insoumise (LFI) réclame une abrogation pure et simple du texte et a donc voté contre. «Voter pour le décalage de la réforme des retraites, c'est voter pour la retraite à 64 ans. Les Insoumis ne valideront jamais par leur vote les deux années de vie volées au peuple de France», a déclaré dans l'hémicycle avant le vote la cheffe de file des députés Insoumis, Mathilde Panot.

Pour des raisons opposées, la suspension de la réforme peinait aussi à trouver des soutiens à droite – le groupe Droite républicaine a voté contre – et dans le camp présidentiel, même si ce dernier a décidé de s'abstenir et donc ne pas empêcher un vote favorable. «Nous ne voulons pas nous mettre en travers du compromis» conclu entre Sébastien Lecornu et les socialistes, a expliqué dans l'hémicycle le président du groupe Ensemble pour la République (EPR), Gabriel Attal.

Le Rassemblement national (RN), opposant de longue date à la réforme et qui compte le plus grand nombre de députés au Palais-Bourbon, a pour sa part voté en faveur de l'article 45 bis du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) prévoyant la suspension de la réforme.

Débats interrompus

La suspension, qui ne devait concerner que les retraités de droit commun, a été élargie via un amendement du gouvernement aux carrières longues et aux «catégories actives et super-actives de la fonction publique», qui concernent «les métiers difficiles».

La mesure coûtera 300 millions d'euros l'an prochain et 1,9 milliard d'euros en 2027, a expliqué sur France 2 le ministre du Travail et des Solidarités, Jean-Pierre Farandou, et son financement interviendra via une augmentation de la fiscalité sur le patrimoine votée dans le volet «recettes» du PLFSS.

«Il y a 1,4 point de CSG supplémentaire qui rapporte 2,7 milliards, donc je pense que ce financement complémentaire sera de nature à être utilisé», a expliqué le ministre. «Cela permettra de financer la suspension de cette réforme jusqu'au 1er janvier 2028.»

Devant les députés, Jean-Pierre Farandou a défendu la nécessité de suspendre la réforme controversée. «Le temps de la suspension est un temps qui doit être utile au dialogue social, au débat démocratique», a-t-il plaidé devant les députés, estimant que le sujet serait au cœur de la campagne présidentielle de 2027.

Les débats se sont interrompus mercredi soir à l'Assemblée. «Prolonger nos débats (...) ne pourrait se faire qu'au détriment de la navette parlementaire et des conditions d'examen par le Sénat», a argué le ministre des Relations avec le Parlement Laurent Panifous peu après minuit, alors que près de 200 amendements restaient à examiner.

Un «49.3 déguisé», pour la présidente du groupe LFI Mathilde Panot. Le groupe Rassemblement national, présidé par Marine Le Pen, y voit elle «une étape vers l'adoption du budget de la Sécurité sociale par ordonnance». Le projet de loi, dans sa version largement remaniée par l'Assemblée, ira désormais au Sénat, probablement samedi en commission, et dans l'hémicycle le 19 novembre.

La CGT a appelé à une journée de grève et de manifestations le 2 décembre. «Le 2 décembre, on sera dans la séquence décisive pour la discussion sur ce budget, il faut absolument que les travailleuses et les travailleurs soient de la partie pour que le débat budgétaire soit sous la pression de la mobilisation», a dit sur BFMTV la secrétaire générale du syndicat, Sophie Binet.

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