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Le Liban puni pour sa dignité: quand la reconstruction devient un champ de bataille

Le Liban puni pour sa dignité: quand la reconstruction devient un champ de bataille
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Par Assia Husseini 
 

Malgré le cessez-le-feu déclaré en décembre 2024, «Israël» poursuit ses agressions contre le Liban. Presque chaque jour, des infrastructures sont bombardées et des civils sont pris pour cibles, sous le regard impassible de la communauté internationale et avec la bénédiction tacite de Washington.
Washington, témoin silencieux des frappes
L’émissaire américain pour le Liban et la Syrie Tom Barrak a déclaré à plusieurs reprises que les États-Unis ne pouvaient pas empêcher ces attaques «israéliennes», tout en refusant d’offrir la moindre garantie quant à leur arrêt. L’administration américaine considère ces frappes comme un moyen de pression exercé sur l’État libanais et, plus particulièrement, sur le peuple de la résistance, dans le but de favoriser le désarmement du Hezbollah.
La reconstruction, nouvelle cible de la guerre
Récemment, les attaques «israéliennes» ont visé des infrastructures civiles, notamment des chantiers et équipements de reconstruction. Des pelles mécaniques, des bulldozers et des ateliers de construction ont été bombardés sous prétexte qu’ils «servaient une infrastructure militaire». Des frappes ont également ciblé des engins lourds, des usines de ciment et des dépôts de carburant dans le sud du pays.
Ces actions s’inscrivent dans une stratégie «israélienne» visant à empêcher toute reconstruction des villages libanais, accentuant la pression sur une population dont une grande partie demeure sans abri depuis près d’un an.
Human Rights Watch dénonce une destruction systématique
Dans un rapport publié en février 2025, Human Rights Watch a mis en lumière la destruction systématique des infrastructures libanaises par «Israël», destruction qui empêche les habitants de retourner chez eux.
Selon l’organisation, les frappes «israéliennes» menées entre octobre 2023 et décembre 2024 dans le sud du Liban – notamment dans les zones frontalières – ont provoqué des dégâts massifs, empêchant des dizaines de milliers de Libanais de rentrer, même après la fin des hostilités.
Plus de 100 000 personnes demeurent déplacées à l’intérieur du pays, en raison de la destruction des habitations et des infrastructures essentielles: électricité, eau, télécommunications, routes, écoles et hôpitaux. Human Rights Watch souligne que «le retour ne dépend pas seulement de l’existence d’une maison, mais aussi de la disponibilité de conditions de vie dignes et sûres».
L’organisation affirme que l’usage d’armes explosives dans des zones habitées a eu des effets dévastateurs sur les civils, certaines destructions apparaissant systématiques et délibérées, ce qui pourrait constituer une violation du droit international humanitaire. Elle considère également que la poursuite de ces destructions après la fin des combats équivaut à une forme de punition collective et retarde le rétablissement de la stabilité dans le Sud.
Parallèlement, Human Rights Watch critique la lenteur de la réponse du gouvernement libanais et l’absence d’un plan clair de reconstruction. Les autorités invoquent un manque de ressources et affirment compter sur l’aide internationale, principalement celle des pays du Golfe. Or, l’Arabie saoudite conditionne son aide au désarmement du Hezbollah, transformant la reconstruction en instrument de pression politique.
L’État libanais paralysé et sous pression
Sur fond d’escalade «israélienne» et d’activité accrue des drones survolant de vastes régions du Liban — jusqu’au palais présidentiel et au Sérail gouvernemental —, le discours alarmiste des États-Unis et de leurs alliés s’intensifie. Washington avertit que le refus du Liban d’engager des négociations directes avec «Israël» pourrait entraîner une nouvelle escalade militaire, sous prétexte que le Hezbollah renforcerait ses capacités.
Les États-Unis insistent pour que le Liban participe à des pourparlers directs avec «Israël», une option catégoriquement rejetée par le président du Parlement, Nabih Berri. Dans une interview accordée à Asharq Al-Awsat, ce dernier a rappelé que «Tel-Aviv» avait rejeté une initiative américaine proposant une suspension temporaire des opérations militaires en vue d’un retrait et d’arrangements frontaliers. Il a souligné que le seul cadre en vigueur demeure le «mécanisme», instance regroupant les pays garants de l’accord de cessation des hostilités conclu en novembre dernier.
Les «Accords d’Abraham»: une pression régionale déguisée
Ainsi, il n’est pas question pour le Liban d’engager des négociations directes avec «Israël». Tous les efforts déployés par Washington et ses alliés, notamment Riyad, pour pousser Beyrouth à signer un accord de paix ou à rejoindre les «Accords d’Abraham», sont donc voués à l’échec.
L’Arabie saoudite, qui envisage de rejoindre ces accords, souhaite que le Liban et la Syrie en fassent partie, afin de légitimer sa démarche et de montrer qu’elle n’est pas seule à tendre la main à «Israël» — et ce, malgré deux années de guerre génocidaire contre Gaza et les agressions continues contre le Liban et la Syrie.
Aujourd’hui, la reconstruction demeure interdite pour les Libanais. Elle est devenue un instrument de pression politique sur le Hezbollah et sa base populaire.
Le Liban debout face à la tempête
Dans un discours récent, le secrétaire général du Hezbollah Cheikh Naim Kassem, a affirmé qu’«Israël» ne pourra pas obtenir par la politique ce qu’il a échoué à obtenir par la guerre, déclarant: «Le Liban ne peut pas donner à Israël, ni aux États-Unis, ce qu’ils veulent, tant qu’il existe un peuple fier et digne, prêt à faire des sacrifices et capable d’en offrir davantage.»
Et de conclure: «Le Liban doit rester souverain, libre, digne, indépendant et fort.»
Face à cette double pression – militaire «israélienne» et diplomatique américaine – le Liban se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Entre la résistance à l’agression extérieure, les calculs régionaux et la paralysie interne, la reconstruction devient bien plus qu’un enjeu matériel: elle incarne la bataille pour la souveraineté, la dignité et la survie d’un pays éprouvé. Ce n’est qu’en garantissant au Liban le droit de rebâtir, de choisir librement son avenir et de préserver son indépendance que la stabilité pourra enfin redevenir une réalité, et non un slogan diplomatique.

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