Le parcours du leader martyr Ibrahim Aqil vers la libération… une brillante école militaire islamique

Par Latifa Husseini
Le jeune hajj Abd al-Qader – Ibrahim Aqil, entre montagnes, collines et axes stratégiques. Une longue vie consacrée à la résistance pour qu’elle grandisse et ne vieillisse jamais, en accumulant les expériences et en les mettant à profit. Dans le Sud, il a planté à la fin des années 90 les graines de la volonté de combattre chez les jeunes et celle-ci s’est intensifiée jusqu’à triompher le jour de la grande libération (2000).
Hajj Abd al-Qader s’est uni aux rochers du Sud, à ses arbres et aux villages limitrophes à la Palestine. Aux côtés de hajj Radouane – le commandant hajj Imad Moghniyeh, il a tissé des réseaux combattants avec des tactiques et des méthodes qu’il a lui-même inventées, pour faire face à l’armée ennemie, classique et régulière. Durant les dernières années de l’occupation du Sud et au-delà, hajj Abd al-Qader a intensifié les opérations jihadistes efficaces, car elles ont été douloureuses pour les soldats sionistes et leurs collaborateurs.
Il a fait passer les unités de la résistance, qu’il a lui-même formées, de la défense à l’initiative et à l’attaque, s’éloignant ainsi des combats classiques et des face à face, faisant passer les unités de moudjahidines vers une phase de frappes sévères qui ont conduit abouti plus tard au retrait «israélien» du Liban, sous forme de débandade, que le «Premier ministre» ennemi de l’époque, Ehud Barak, n’avait pas prévu.
Après 1996 et 1997, la résistance sur le terrain est devenue encore plus performante. Les opérations s’élevaient à des dizaines chaque mois : infiltrations de positions, explosions de bombes, bombardements des colonies, opérations suicides, captures et éliminations d’agents. Les méthodes se sont diversifiées, mais l’objectif restait le même : chasser l’ennemi du territoire libanais sans conditions.
Pour documenter la période où il a dirigé à cette époque historique et sensible la résistance, le site Al-Ahed a retrouvé dans les archives des médias de guerre de cette époque, une interview dans laquelle il est dit que hajj Abd al-Qader assumait la responsabilité des opérations dans les montagnes de Jabal Amel.
Le récit de l’histoire
Dans un entretien enregistré le 15/12/2020, soit quatre ans avant son départ, hajj Abd al-Qader détaille les cinq derniers jours de la libération. Il raconte l’histoire et l’expérience avec une fluidité que les peuples arabes ne connaissent pas. Il s’est donné pour mission, depuis qu’il a été chargé de commander les opérations dans les montagnes de Jabal Amel, de pousser les «Israéliens» à se retirer du Sud libanais sous le feu, sans compromis ni négociations.
Tactiques de combat et retraits
A l’intérieur de l’entité ennemie, les débats étaient intenses et houleux sur la manière d’exécuter l’intention de retrait annoncée par Ehud Barak. On cherchait une sortie satisfaisante pour les «Israéliens», qui placerait l’armée des collaborateurs en première ligne comme une force de déminage devant l’armée d’occupation, assurant ainsi la sécurité de ses soldats, afin de ne perdre aucun d’eux. Les collaborateurs devaient être utilisés comme des pièces de «dominos» (ou des sacs de sable) que «Tel Aviv» pouvait sacrifier, tout en maintenant ses propres éléments en vie.
La mentalité de hajj Abd al-Qader reposait sur le développement des méthodes de combat, l’orientation des frappes et la nécessité de détruire la réputation de l’occupant, notamment ses généraux dans le Sud occupé, et en particulier «le commandant de la région nord» Amiram Levin, ainsi que le «chef de l’unité de liaison dans le Sud» à cette époque, Benny Gantz.
Dans les cinq derniers jours avant le 25 mai, les retraits avaient déjà commencé. Le début de ce processus a eu lieu à Jezzine. Selon la doctrine de la direction de la résistance, la priorité était d’expulser l’ennemi de la région et des villages de Jezzine, de lui ôter la capacité d’y rester, de rompre son lien avec le front de la Békaa-Ouest et de l’empêcher de jouer sur la diversité confessionnelle de Jezzine. En même temps, il s’agissait de mettre en échec ses plans qui comptaient sur l’armée des collaborateurs pour prendre la relève dans cette zone.
Dans ce but, la résistance a porté coup sur coup des attaques visant à détruire l’armée ennemie. Elle a multiplié ses opérations à Jezzine, qu’elles proviennent du front de la Békaa-Ouest ou de Jabal Amel, jusqu’à aboutir à l’élimination du commandant du régiment de Jezzine dans l’armée des collaborateurs, empêchant ainsi toute possibilité de l’occuper de nouveau.
Le plan de hajj Abd al-Qader s’est complété. Les retraits se sont succédé à Qantara, considérée comme un indicateur-clé du début de l’effondrement réel de l’armée ennemie. Parallèlement, hajj Abdel Qader a accompagné, en coordination avec la direction de la résistance et le responsable de la région Sud de l’époque, le cheikh martyr Nabil Qaouk, la mobilisation des habitants qui sortaient progressivement de Taybeh. Les moudjahidines étaient aussi en état d’alerte pour faire exploser les bombes au moment opportun à Houla et à Mays al-Jabal.
Les événements se sont précipités, échappant au contrôle de l’occupant. Les retraits se sont accélérés, dans le désordre, malgré les appels des hauts responsables qui collaboraient avec l’ennemi dans lesquels ils demandaient de ne pas être abandonnés à leur sort. Ils réclamaient le traitement de leur cas, pour ne pas être obligés de reculer avec l’armée «israélienne».
La frappe d’Armati
Tout cela a été préparé à Armati, site de l’opération stratégique par excellence. Hajj Abd al-Qader et hajj Radouane ont partagé la mission. Le site d’Armati a été choisi parce qu’il était situé au cœur de la région de Rihan. Selon hajj Abd al-Qader, il était probable que le désarroi commençait à s’installer parmi les sionistes et il devait conduire finalement à la fuite des occupants. Cette opération a ouvert la voie à la prise de contrôle de la zone et à la réalisation de nombreuses opérations réussies, un mois avant la libération promise.
La résistance a frappé le site protégé depuis les positions de Bir Kallab et Al-Muthallath. Puis vint l’opération de l’infiltration à partir du site de Bayada. Dans cette opération, il a été décidé de tromper l’ennemi en l’orientant vers Tayr Harfa, utilisant pour la première fois un char d’assaut, tandis que les moudjahidins franchissaient les champs de mines et les fils barbelés. Finalement, ils ont fait exploser le site sur la tête des survivants, marquant ainsi la réussite de cette opération.
Les derniers jours
Dans les trois derniers jours de la libération, hajj Abd al-Qader et hajj Imad étaient ensemble en première ligne. À Bint Jbeil, ils étaient accompagnés du responsable de la zone à l’époque, le martyr Taleb Abdallah (Abou Taleb), pour assurer la sécurité de l’entrée des habitants dans les villages qu’ils avaient quittés depuis des années et qui étaient libérés progressivement.
Hajj Imad s’est rendu à Bir al-Salasel, tandis que le responsable des opérations de Jabal Amel se dirigeait vers le front, à Ain Ebel notamment. Ils restèrent une semaine entière dans la zone libérée, tout en veillant à l’organisation et à la mobilisation de la résistance dans ces moments exceptionnels, afin de surveiller la fuite de l’occupant de tous les lieux occupés. Ce dernier a d’ailleurs abandonné derrière lui des véhicules et des équipements. Les deux hommes sont finalement arrivés au lieu le plus proche de la Palestine, à Kafrkila.
Le retrait a eu lieu le 25 mai, mais selon la logique de hajj Abd al-Kader, la mission n’était pas terminée. Il y avait une exigence qui l’attendait avec ses camarades d’armes : assurer la sécurité du grand meeting organisé à Bint Jbeil, au cours duquel le secrétaire général du Hezbollah, sayed Hassan Nasrallah devait s’exprimer pour marquer la victoire.
Une école militaire islamique
Hajj Abd al-Qader s’est incrusté profondément dans l’existence-même et le rôle de la résistance. Son parcours s’étend sur quatre décennies et il a fait de lui le fondateur d’une école militaire islamique authentique, fondée sur la loyauté envers Dieu et s’inscrivant dans la ligne de Karbala.
Cette école est basée sur un entraînement d’élite, ciblé pour infliger à l’ennemi des pertes, par le combat, la guerre psychologique, les embuscades et les bombes, jusqu’au grand sacrifice, sur le chemin des martyrs.
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