Gaza meurt de faim, sous le regard impassible du monde

Par Assia Husseini
Depuis mars 2025, un blocus humanitaire total a été imposé à la bande de Gaza. La population gazaouie est ainsi privée de tout accès à la nourriture, à l’eau potable, aux soins médicaux et aux abris. Jour après jour, la situation devient de plus en plus catastrophique, tandis que le monde observe en silence. À l’heure où ces lignes sont écrites, 122 personnes sont mortes de faim.
Selon les Nations Unies, qui s’appuient sur la méthodologie de la classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire (IPC), l’ensemble de la bande de Gaza est classé depuis mai 2025 en situation d’urgence humanitaire (phase 4 sur 5). Pire encore, 470 000 personnes, soit 22 % de la population, sont en situation catastrophique (phase 5), plus d’un million (54 %) en situation d’urgence (phase 4), et un demi-million (24 %) en situation de crise (phase 3).
Ce drame n’est pas un effet collatéral : la famine est utilisée comme une arme de guerre.
Un crime aux yeux du droit international
Selon le Protocole additionnel I aux Conventions de Genève de 1977, la famine imposée aux civils constitue un crime de guerre, un crime contre l’humanité, et un acte de génocide. L’article 54 interdit explicitement «d’affamer les civils comme méthode de guerre» et proscrit «les attaques, destructions, déplacements ou mises hors d’usage des biens indispensables à la survie de la population civile, tels que les vivres, les récoltes, le bétail, les installations d’eau potable et les ouvrages d’irrigation».
Pourtant, ces textes, bien qu’universellement reconnus, ne sont que de l’encre sur du papier pour les puissances qui soutiennent «Israël», qu’elles soient américaines, britanniques ou européennes. Tout ce qu’«Israël» a commis à Gaza est interdit par le droit international, mais reste impuni par la communauté internationale.
Malgré la gravité des violations documentées, «Israël» bénéficie d’une couverture diplomatique active. Le Conseil de sécurité de l’ONU reste paralysé par le véto systématique des États-Unis, tandis que les pays européens multiplient les déclarations creuses sans jamais envisager de sanctions. Pendant ce temps, les appels de la société civile, des ONG et des experts en droit international se heurtent à l’indifférence institutionnelle.
Pourquoi «Israël» utilise la famine comme arme ?
L’objectif d’«Israël» ne se limite pas à affamer: il s’agit d’une stratégie de guerre totale, multidimensionnelle. Parmi les buts recherchés :
Briser la volonté de résistance en ciblant toute la population, «Israël » espère que les Gazaouis cesseront de soutenir les factions armées et qu’ils se retourneront contre la résistance. Mais jusqu’ici, malgré l’ampleur des souffrances, la résistance tient bon.
Pousser à l’exode forcé en rendant Gaza invivable, le plan semble être de forcer les civils à fuir vers l’Égypte ou ailleurs, préparant le terrain à des projets de transformation de Gaza en zone touristique, comme évoqué par le président américain, Donald Trump, dans des discours récents.
Détruire la société palestinienne : affamer une population, c’est anéantir ses structures familiales, éducatives, sociales. Une société brisée est plus facile à dominer, à manipuler ou à faire disparaître.
Un crime qui s’inscrit dans l’histoire
L’histoire montre que la famine comme stratégie de guerre est une méthode systémique, souvent associée à des intentions génocidaires, de domination politique ou de nettoyage ethnique. Elle vise à anéantir une population sans recourir aux armes conventionnelles, en la laissant mourir dans l’oubli ou l’inaction du monde. Durant la deuxième guerre mondiale l’armée allemande a encerclé Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg) pendant près de 900 jours, coupant les voies d’approvisionnement. Ce qui a causé plus d’un million de civils morts, principalement de faim, de froid ou de maladies. Le régime sioniste ne fait que répéter les crimes du régime Nazi qu’il a tant condamné et rejeté.
L’utilisation de la famine comme arme par «Israël» n’est pas accidentelle. Elle répond à une stratégie de domination, de dissuasion et de déstructuration de Gaza, à la fois dans le présent et pour l’avenir. Elle vise à imposer une soumission totale sans négociation, ni coexistence possible.
C’est pourquoi cette politique n’est pas seulement criminelle au regard du droit, elle est existentielle pour le peuple palestinien : elle cherche à le faire disparaître en tant que corps politique et collectif.