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Tom Barrak de retour à Beyrouth: Un optimisme inattendu mais non rassurant

Tom Barrak de retour à Beyrouth: Un optimisme inattendu mais non rassurant
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Par Assia Husseini

Deux semaines après sa première visite au Liban, au cours de laquelle il avait présenté une liste de demandes adressées à l’État libanais, l’émissaire américain Tom Barrak est revenu à Beyrouth pour recevoir la réponse officielle des autorités. Sa visite a été précédée d’une vaste campagne médiatique, tant libanaise qu’arabe, relayant des menaces et des mises en garde sur une possible escalade militaire dangereuse si le Hezbollah refusait de se conformer aux exigences américaines. Selon ces récits, cette mission constituerait «la dernière chance» accordée par l’administration Trump au Liban.

Bien que le contenu de la lettre américaine reste confidentiel, des sources politiques affirment que les revendications américaines ne sont qu’une reformulation des objectifs qu’«Israël» n’a pas réussi à atteindre par la voie militaire : essentiellement, le désarmement complet du Hezbollah en échange d’un retrait «israélien» de cinq points encore occupés dans le sud du Liban.

Un optimisme inattendu mais non rassurant

De nombreuses interrogations émergent aujourd’hui autour de l’optimisme affiché par Barrak, de ses assurances et de ses déclarations étonnamment modérées à l’égard du Hezbollah. Après sa rencontre avec le président de la République, le général Joseph Aoun, l’émissaire s’est longuement exprimé devant les journalistes au palais présidentiel. Adoptant un ton diplomatique, posé et respectueux, Barrak a surpris ceux qui avaient mené une campagne d’intimidation contre le Hezbollah, en détonnant totalement avec le ton agressif et arrogant de l’ancienne émissaire Morgan Ortagus.

Après réception de la réponse libanaise, Barrak s’est déclaré «reconnaissant et satisfait», qualifiant le document de «riche en idées» et soulignant qu’il se composait de 15 points. Il a également assuré que les États-Unis n’imposaient rien au Liban, estimant que le Hezbollah est un parti politique avec une branche militaire, et que cette question relève de la souveraineté nationale libanaise.

Si ce discours a surpris par sa forme, il ne modifie en rien la ligne politique de Washington : les exigences restent les mêmes, tout comme les risques d’escalade militaire. D’ailleurs, la venue de Barrak à Beyrouth a été précédée de bombardements «israéliens» de grande ampleur visant la Békaa et le Sud du Liban. L’émissaire lui-même a reconnu ne détenir aucune garantie quant à la possibilité d’une nouvelle guerre «israélienne» contre le Liban.

Une position ferme du Hezbollah : pas question de désarmement

Dans ses récents discours prononcés à l’occasion de l’Achoura, le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, a été plus clair : il n’est pas question de désarmer la résistance, tant que les territoires libanais sont toujours occupés par «Israël» et que les agressions se poursuivent quotidiennement, alors que le Hezbollah, de son côté, respecte l’accord de cessez-le-feu.

Lors de son dernier discours, Qassem a réaffirmé que le parti ne pliera ni face aux menaces américaines, ni face à la pression «israélienne», et qu’il n’acceptera ni la normalisation avec l’ennemi, ni la légitimation de l’occupation. «Israël doit d’abord appliquer les termes de l’accord de trêve. Ce n’est qu’ensuite que nous pourrons discuter des questions de sécurité nationale et de stratégie défensive afin d’assurer la force de notre nation», a-t-il déclaré.

Le Hezbollah affirme n’avoir aucune confiance dans les médiations américaines. L’expérience récente avec Amos Hochstein l’illustre : en septembre 2024, il avait évoqué une volonté «israélienne» de cessez-le-feu, avant que ne survienne l’assassinat de sayyed Hassan Nasrallah, suivi d’une offensive militaire massive contre le Liban, ayant duré plus de deux mois. Une dynamique similaire a été observée lors du sixième cycle de négociations sur le nucléaire iranien, brusquement interrompu par une attaque «israélienne» contre l’Iran.

Une réponse libanaise équilibrée mais insatisfaisante pour Washington

La réponse officielle du Liban, composée de 15 points répartis sur sept pages, reflète la volonté de concilier pressions internationales et intérêt national. Une position qualifiée d’«équilibrée» par le président de la Chambre, Nabih Berri, qui a précisé que cette réponse prenait en compte les observations du Hezbollah tout en adoptant un ton modéré et rationnel.

Toutefois, cette approche semble insuffisante aux yeux de l’administration américaine, qui n’y voit pas une réponse «à la hauteur de ses attentes», notamment en raison de l’absence d’un mécanisme clair et d’un calendrier précis pour le désarmement du Hezbollah.

Netanyahou à Washington pour discuter de Gaza, du Liban et de l’Iran

Parallèlement à la visite de Tom Barrak au Liban, le «Premier ministre israélien» Benjamin Netanyahou entame une visite officielle aux États-Unis. Il y discutera avec l’administration américaine de plusieurs dossiers sensibles, notamment un accord imminent à Gaza prévoyant une trêve de 60 jours accompagnée d’un échange de prisonniers. Netanyahou abordera également la situation au Liban et les perspectives d’un cessez-le-feu avec l’Iran.

Toutes les options restent ouvertes concernant l’avenir de la région. Rien n’exclut une reprise des hostilités contre le Liban si le président américain donne son feu vert. Cette crainte est renforcée par un communiqué de l’ambassade américaine à Beyrouth mettant en garde ses ressortissants contre le voyage au Liban en raison de la dégradation sécuritaire.

Dans le même temps, une campagne médiatique orchestrée par les adversaires internes de la résistance et relayée par certains médias arabes favorables à la normalisation affirme que le Hezbollah aurait évacué plusieurs de ses positions et mis ses troupes en état d’alerte. Des informations qui ne proviennent d’aucune source proche du Hezbollah et qui s’inscrivent clairement dans une stratégie d’intimidation à l’encontre du peuple libanais.

 

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