La guerre se réinvente à Gaza: les objectifs d’«Israël» n’ont point de limites

Par Yehia Dbouk - AlAkhbar
«Israël» menace d'une opération terrestre globale à Gaza pour exercer une pression lors des négociations, dans un contexte de division interne et d'absence d'objectifs clairs, tandis que les Palestiniens demeurent attachés à un cessez-le-feu permanent.
Dans un contexte d'impasse concernant les négociations sur le cessez-le-feu à Gaza, on évoque un plan détaillé prêt à être mis en œuvre par l'armée «israélienne» immédiatement.
Ce plan inclut une explication approfondie de ses objectifs, de son théâtre d'opérations et de ses limites, ce qui représente des signes clairs d'une volonté d'intimidation d'abord, et non nécessairement d'une intention d'exécution effective, bien que les menaces n'excluent pas les possibilités d'exécution.
Selon certains commentateurs, ces menaces servent d'outil de pression diplomatique visant à pousser le mouvement Hamas à faire des concessions, imposant ainsi les conditions «israéliennes» sur la table des négociations.
Cependant, en même temps, certains attribuent un caractère sérieux à cette menace, considérant qu'elle s'aligne avec la volonté de puissantes forces «israéliennes» influentes dans la prise de décision, qui voient dans la guerre une opportunité de «purifier» la bande de Gaza des Palestiniens, une bonne fois pour toutes. Entre ces deux opinions, «Israël» agit sans définir de limites à ses objectifs.
Selon des rapports «israéliens» qui se sont intensifiés ces derniers jours, l'armée «israélienne» a élaboré un nouveau plan militaire qui sera activé dans les heures ou les jours suivant l'annonce de l'échec des négociations.
Ce plan comprend la mise en œuvre d'une opération terrestre à grande échelle vers le centre de la ville de Gaza, ainsi que le siège des bastions principaux du Hamas dans des zones comme le camp de Jabalia, Deir al-Balah et d'autres, tout en évacuant les civils du nord et du centre de la bande de Gaza vers le sud, dans le cadre d'un projet connu sous le nom de «Ville de tentes» dans la région de Rafah. Un haut responsable de la sécurité «israélienne» estime que ce plan constituerait un coup dur pour le Hamas, car cela signifierait que l'armée «israélienne» atteindrait le cœur de la ville de Gaza, qui maintient encore une activité presque normale malgré la guerre qui dure depuis près de deux ans.
La «Ville de tentes», précédemment appelée «Ville humanitaire», serait une zone située à Rafah, où les Palestiniens seraient transférés loin des zones de combat, c'est-à-dire du nord et du centre de la bande de Gaza.
Cependant, l'armée «israélienne» rejette cette idée, affirmant qu'elle l'impliquerait dans une gestion directe des civils palestiniens, nécessitant ainsi une présence militaire permanente sur le terrain, ce que l'armée cherche à éviter en raison de ses conséquences graves. Néanmoins, le «Premier ministre israélien», Benjamin Netanyahu, et son «ministre de la Sécurité», Israël Katz, insistent sur cette idée et demandent à ce qu'elle soit mise en œuvre, garantissant ainsi à «Israël» une influence à long terme dans la bande de Gaza, que ce soit avec ou sans accord de trêve permanent ou temporaire.
Toutefois, ces pressions interviennent à un moment où l'armée «israélienne» fait face à de grands défis internes qui pèsent sur ses missions, notamment le manque aigu d'effectifs. Dans ce contexte, il a été proposé d'étendre le service militaire obligatoire des soldats dans les unités spéciales et de combat, passant de 32 mois à 44 mois (4 ans). Bien que cela ait été annoncé et approuvé, la décision a été reportée après de vives critiques de la part des soldats, des partis d'opposition et du «public israélien».
Cela témoigne de problèmes structurels auxquels l'armée «israélienne» est confrontée, affectant ses recommandations professionnelles envers le niveau politique, ce qui, à son tour, entraîne une montée des tensions entre les deux parties concernant la priorité des négociations ou de l'escalade.
L'armée, comme le montrent les positions émises par ses dirigeants et les fuites alimentant les médias hébreux, préfère poursuivre des opérations limitées et étudiées tout en examinant constamment la possibilité de trouver des compromis, tandis que le gouvernement fait pression pour un « règlement stratégique », même si cela nécessite des mesures controversées, incertaines et coûteuses.
Il est à noter que la décision finale revient en fin de compte au gouvernement et à son chef, qui continue d'équilibrer les pressions internes et externes ainsi que les capacités, afin de définir des décisions qui semblent, pour la plupart, être des solutions temporaires et non décisives.
De retour à Doha, où se déroulent les négociations indirectes, il semble que l'accord attendu entre les deux parties n'entraînera pas la fin de la guerre, mais plutôt une réorganisation du conflit, du moins du côté «israélien».
«Israël» souhaite réduire les leviers de pression du Hamas et diminuer la capacité d'action du mouvement, tout en poursuivant sa guerre dans l'attente d'une capitulation des Palestiniens ou d'un déplacement total de la population de la bande de Gaza.
Pour sa part, le Hamas comprend bien que ses concessions ne serviront pas les intérêts du peuple palestinien, mais pourraient plutôt conduire à des pertes supplémentaires, voire à une menace existentielle pour la région et ses habitants. C'est pourquoi le mouvement insiste sur un arrêt complet des hostilités, ou au moins sur la conclusion d'un accord incluant des garanties pour un cessez-le-feu permanent, ce que la direction «israélienne» refuse catégoriquement.
Ainsi, le grand contraste entre les deux parties devient évident : pour «Israël», la victoire signifie la défaite militaire du Hamas, un changement dans la structure sécuritaire et politique de la bande de Gaza, voire son élimination de la carte politique et sa transformation en une zone sous contrôle israélien direct.
En revanche, pour les Palestiniens, la victoire se limite à la préservation de leur identité et de leur existence, à la survie et à la résistance, et à la levée du siège, même si cela implique de payer des prix très élevés.
Ce qui complique davantage les faits, c'est que la direction «israélienne» ne fixe pas de limites claires et directes à ses objectifs, mais agit selon le principe : «Quand nous arriverons au pont, nous le traverserons», c'est-à-dire qu'elle poursuit la guerre sans objectif stratégique clair, attendant de voir ce que les événements sur le terrain produiront en termes de gains.
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