Liban: Comment voulez-vous convaincre les gens que vous êtes un État qui se soucie des citoyens ?

Par AlAkhbar, traduit par AlAhed
Lorsqu'on compare les pays en voie de développement à ceux avancés, on examine de manière intuitive le degré de responsabilité des autorités à fournir les conditions de vie meilleures aux citoyens.
En cas de catastrophes naturelles ou de grandes guerres nationales, tous les efforts des autorités se concentrent sur la gestion des conséquences des catastrophes ou des agressions.
Au Liban, où l'on parle souvent de l'importance de s'inspirer des comportements des pays avancés, il semble que cette règle ne s'applique pas face aux besoins fondamentaux des citoyens. La rivalité politique est un facteur essentiel dans la manière selon laquelle les autorités interagissent avec leurs concitoyens. Il suffit de mentionner l'agression «israélienne» continue depuis 76 ans pour constater que les autorités successives ont traité les conséquences de cette agression comme relevant d'une catégorie de Libanais, et non comme une responsabilité collective.
Elles ne considèrent pas cela comme une obligation pour les différentes autorités.
Nous revenons aujourd'hui au même refrain. Alors que certains insistent sur le fait que le dossier des armes de la Résistance est une priorité qui ne peut être surpassée par aucune autre, ceux qui s'attaquent à cette question ne nous expliquent pas ce que cela apportera aux habitants des régions touchées par l'agression.
Ils ne présentent ni récit ni preuves de la capacité de l'État à prévenir l'agression et à fournir une protection, et ils ne montrent aucun intérêt pour les conditions de vie de ces personnes, que ce soit en temps normal, pendant la guerre, ou dans la phase de reconstruction après l'agression. C'est ce que nous observons aujourd'hui.
Tout ce que les autorités au Liban ont fait depuis le déclenchement de l'agression «israélienne» se limite à des déclarations générales et à l'allocation de sommes dérisoires qui ne fournissent pas de solution réelle à la question de la reconstruction. De plus, l'État ne consacre aucune forme de projets de développement durable à ces régions. Après l'élection d'un président et la formation d'un nouveau gouvernement, les nouvelles autorités n'ont entrepris aucune initiative significative concernant le processus de reconstruction. Au contraire, ils ont consacré la majeure partie de leur temps et de leurs efforts à l'intérieur et à l'extérieur pour gagner la faveur des États-Unis et de l'Arabie saoudite, qui exercent aujourd'hui une tutelle totale sur le Liban.
Les institutions militaires et civiles ont déployé tous leurs efforts pour «rassurer» l'extérieur, et par conséquent «Israël», que le Liban n'a pas l'intention de contrarier qui que ce soit, y compris cette entité.
Que fait l'autorité ? Elle nous dit qu'il n'est pas possible d'obtenir des aides pour la reconstruction si le Liban ne s'engage pas à respecter les souhaits des pays de tutelle en matière de relations arabes et internationales, ainsi qu'en matière de répression de la Résistance et de désarmement.
Elle affirme également que l'État n'est pas en mesure de mobiliser des fonds pour la reconstruction, à l'exception de quelques travaux d'infrastructure et de déblayage des décombres de manière aléatoire.
En revanche, l'autorité agit de manière très différente. Elle empêche tout débat scientifique au sein du gouvernement sur ce que l'État pourrait fournir en matière de financement local pour la reconstruction, alors que tout le monde sait - du ministère des Finances à la Banque du Liban et aux autres entités concernées - qu'il y a dans les comptes du Trésor, à la Banque du Liban, environ cinq milliards de dollars qui ne peuvent pas être touchés.
Le dossier de la reconstruction n'intéresse pas la majorité des responsables. Les habitants des régions touchées vont-ils rester silencieux sans exercer de pression sur l'État et les politiciens ?
Elle empêche également l'arrivée d'aides proposées par l'Iran, l'Irak et d'autres instances indépendantes dans plusieurs capitales du monde, et prend même des mesures pour bloquer ce type d'assistance.
Les autorités s'étonnent de voir qu'un parti libanais est capable de dépenser près d'un milliard de dollars au cours des six derniers mois pour la réhabilitation suite aux dégâts causés par l'agression, tout en cherchant à mettre des obstacles au travail du Hezbollah et de ses institutions pour élargir leur champ d'action dans ce domaine.
Les autorités évitent également de former une instance nationale dédiée à la reconstruction, et ne prennent aucune initiative locale ni avec les Libanais aisés, tant au Liban qu'à l'étranger, pour fournir un financement, même partiel, à un fonds que cette instance superviserait.
Les gens vont-ils rester dans le silence et la résignation?
Pour l'instant, les autorités ne ressentent aucune pression pour faire ce qu'elles doivent faire. Elles ne s'y intéressent tout simplement pas. Il suffit de poser la question aux hauts responsables, qu'il s'agisse de présidents, de ministres ou d'autres, sur le niveau d'intérêt quotidien pour le dossier de la reconstruction, ou même sur les conditions de vie des habitants de ces régions. Aucune demande n'est faite à l'armée ou aux forces de sécurité pour fournir une aide dans le déblayage des décombres, tandis que l'armée et les forces de sécurité sont tenues de faire tout ce qui rassure les États-Unis et, derrière eux, «Israël».
Et si le Hezbollah, en particulier, n'est pas enclin à entrer dans un conflit interne avec l'État et ses autorités pour lancer le processus, les choses pourraient dépasser le parti si les gens prenaient des initiatives possibles, par le biais des municipalités et des instances civiles élues, ou à travers des regroupements politiques et communautaires pour exercer une pression politique, populaire et médiatique sur les responsables afin de leur faire comprendre que le silence sur des droits fondamentaux en matière de logement, d'éducation et de santé est devenu insupportable.
Comment alors, si la discussion sur l'hébergement, la sécurité et le développement pour maintenir les gens dans leurs villages et leurs maisons est interdite ?
Ce défi ne concerne pas seulement certaines forces, mais doit toucher tous ceux qui portent une responsabilité, notamment le Hezbollah et le mouvement Amal, ainsi que les autres forces et entités cherchant à s'implanter auprès de cette catégorie de la population.
Avez-vous dit que vous vouliez désarmer la Résistance ?
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